Après une semaine de vacances, je reprend la route de Petit Bain, une de mes salles de prédilection de la capitale, pour assister au concert de l’un des monuments du Funeral Doom actuel : Bell Witch. Le duo a choisi Paris pour être la deuxième étape française de son périple pour promouvoir The Clandestine Gate, son nouvel album. Accompagnés de Thantifaxath, le show placé sous le commandement de Garmonbozia Inc., notre roi-lézard bien aimé, ne peut qu’être prometteur !
La soirée débute donc avec Thantifaxath, trio canadien dont on ne sait rien à part la présence de deux EPs et deux albums, et qui apparaît encapuchonné. Les riffs saccadés et surprenants apportent la touche avant-gardiste à leur Black Metal malsain aux influences moroses, et le show apparaît aussi décousu que cohérent, laissant les musiciens maîtriser effets, larsens et cris viscéraux. Les lumières suivent également ce pattern explosif et inattendu que les trois musiciens cultivent, mais mon expérience sera entachée par un jet d’eau de la part du bassiste, m’obligeant à essuyer mon appareil pendant de longues minutes. Côté public, la fosse grossit tranquillement tout en contemplant le spectacle et en remuant le crâne, signe que le théâtre du chaos fait bien les choses, ajoutant ça et là des parties plus complexes comme l’intro en tapping, ou au contraire des éléments plus Old School. Le brouhaha final contrôlé est bien évidemment applaudi comme il se doit.
Setlist : (Unknown) – Solar Witch – Burning Kingdom of Now – (Unknown) – The Bright White Nothing at the End of the Tunnel – Mind of the Sun
La scène est littéralement dépouillée, laissant place à l’imposante installation de Bell Witch, composée d’une batterie et de ses machines appartenant à Jesse Shreibman, ainsi que d’un impressionnant pédalboard pour la basse de Dylan Desmond et de son pied de micro. Ayant déjà vu le duo à l’oeuvre avec leur compère sur leur performance de Stygian Bough, et très habitué de leur musique, je pensais savoir à quoi m’attendre, mais lorsque les grandes lumières ont fait place à deux rayons, un pour chaque musicien, et au film projeté en arrière-plan, le concert a pris une toute autre dimension. Les claviers sont lancés au pied par le batteur, alors que les harmoniques de basse jouées sur l’imposante sept cordes bourrée d’effets nous envoûte, et Bell Witch nous fait passer dans un autre monde avec une douceur et un naturel presque inhumains. Chaque note est jouée avec précision, chaque frappe est maîtrisée, et les quelques parties vocales (parfois à peine audibles cependant) qui les accompagnent le sont tout autant, rendant la performance encore plus dantesque. Pendant une heure et dix minutes, les deux musiciens rivalisent de technicité et de justesse, alternant baguettes et parties de tapping pour donner vie à The Clandestine Gate comme la véritable épopée captivante qu’elle est, suivie de ses acclamations amplement méritées.
Setlist : The Clandestine Gate
Un concert de Funeral Doom est toujours une expérience unique, mais je dois avouer que Bell Witch a tout simplement changé les règles du jeu. Plus d’une heure de performance et de concentration intense à chaque instant, même minime, c’est tout simplement incroyable. Merci à eux pour nous avoir offert ce passage hors du temps, merci également à Thantifaxath pour leur chaos onirique et convoluté, et merci à Garmonbozia Inc. pour l’accréditation photo !