La Philharmonie de Paris. Un lieu mythique, et à priori totalement opposé au Metal. Et pourtant, il s’y tient actuellement une exposition qui lui est totalement dédiée, et que j’ai pu visiter plus tôt ce mois-ci. Ce soir, c’est un grand soir pour le Metal, car les titans du Black/Death polonais, Behemoth, viennent donner un concert d’anthologie à l’occasion de leurs trente-trois ans de carrière. A leurs côtés, une valeure sûre, voire même montante du Black Metal français : Regarde Les Hommes Tomber. La date était im-man-qua-ble.
Crédits photos : Joachim Bertrand / Philharmonie de Paris
La soirée commence donc avec le rituel de Regarde Les Hommes Tomber qui va rapidement nous enfermer dans son voile de noirceur troublé par les bougies disséminées un peu partout. Le début du show est assez statique, on remarque que T.C. (chant) est déjà totalement possédé, tant l’homme joue avec son pied de micro tout en hurlant ou en fixant l’assemblée, mais peu à peu, les musiciens vont également se laisser happer par la tornade ténébreuse qu’ils alimentent et se mettre à avancer, à changer de place et même à haranguer leur public. Les nombreux flashs et autres nuages de fumée rendent l’ambiance encore plus apocalyptique qu’elle ne l’est déjà, laissant le groupe faire vivre ses riffs torturés de manière théâtrale, ce qui sert évidemment la performance et réveillera les plus excités de la fosse, qui se rentrent gaiement dedans. D’habitude assez silencieux, le vocaliste lâchera un “Paris !” massif qui aura pour effet de faire hurler la salle entière peu avant que les braseros ne s’allument, signant l’arrivée du dernier titre au cours duquel il s’adressera à nouveau à la foule, complètement prise dans la performance jusqu’à la dernière seconde de ce show magistral.
Setlist: L’Ascension – A New Order – The Renegade Son – A Sheep Among the Wolves – Stellar Cross – The Incandescent March – Au bord du gouffre
Un drap blanc est tendu devant la scène, et le visage de Nergal (chant/guitare) y est projeté lorsque les lumières s’éteignent. Dérangeant mais toujours imposant, le son provoque déjà des hurlements dans la foule alors que Behemoth entre en scène pour débuter une setlist que l’on oubliera pas de si tôt. Si avec Once Upon a Pale Horse, le premier titre, le groupe reste sur son dernier album, de véritables raretés seront jouées ce soir, retraçant la quasi-intégralité de la discographie des quatre polonais, qui font déjà rage sur scène. Bien que souvent cantonné derrière son micro, le frontman n’hésite jamais à s’avancer et à haranguer une fosse déjà acquise pendant que Seth (guitare) aligne les leads sous la rythmique impeccable d’Orion (basse) et Inferno (batterie). Mention également au jeu de lumières qui met extrêmement bien en valeur les morceaux dévastateurs du combo, qui n’hésite pas à bouger et à s’approprier la scène, que ce soit le devant, en hauteur et sur les plateformes des côtés, et la fosse le leur rend bien en donnant naissance à quelques moshs ou circle pits et en recrachant des slammeurs.
J’ai beau avoir vu le groupe à de nombreuses reprises (cette date est ma neuvième en dix ans) et comptabiliser des milliers d’heures d’heures d’écoute de leurs titres, je dois reconnaître que je ne trouve aucun défaut à ce concert. La setlist est faite pour ne nous laisser pour temps mort que les interventions du frontman, qui déclarera même “We are living over three decades of blasphemy, but none of that would have been possible without your never-ending support!” avant d’être applaudi comme il se doit. Le groupe écrit l’histoire avec quelques artifices, que ce soit les flammes, les différentes tenues de Nergal et ses habituels coiffes, capes ou encensoir, ou encore les visuels illuminés et enfumés qui se trouvent sur scène (avec une dimension particulièrement imposante au vu de la salle), mais surtout avec ses compositions ravageuses. Je ne suis peut-être pas objectif, mais entendre From the Pagan Vastlands, Cursed Angel of Doom, Decade of Therion, ou encore l’enchaînement sauvage de Christians to the Lions, At the Left Hand ov God et surtout la légendaire Chant for Eschaton 2000, ça remue le fan absolu que je suis du groupe. Et alors que l’on croyait la performance terminée à en juger par les nuées d’applaudissements, les lumières s’éteignent à nouveau, accompagnées de millions de cotillons, les membres du groupe reviennent interpréter O Father O Satan O Sun! en guise d’au revoir, avec ce final lancinant où les quatres sont masqués. L’ovation est totale.
Setlist : Post?God Nirvana (sur bande) – Once Upon a Pale Horse – Ora Pro Nobis Lucifer – Demigod – Conquer All – Ov Fire and the Void – From the Pagan Vastlands – Cursed Angel of Doom – Lasy Pomorza – Chwa?a mordercom Wojciecha (997-1997 dziesi?? wieków ha?by) – Messe Noire – No Sympathy for Fools – Bartzabel – Decade of Therion – Versvs Christvs – Christians to the Lions – At the Left Hand ov God – Chant for Eschaton 2000
Rappel : O Father O Satan O Sun!
J’ai la chance d’assister à de nombreux shows, mais peu me marquent comme celui-ci m’a marqué. En tant que premier groupe de Metal à fouler les planches de la Philharmonie de Paris, Regarde Les Hommes Tomber a donné vie à un rituel mystique incroyable avant que Behemoth ne referme la soirée avec une performance épique. Aussi puissant qu’il soit, le concert à également une portée symbolique, puisqu’il marque ce que nous pouvons tous considérer comme une nouvelle étape pour la musique Metal, et surtout sa branche Extrême. On retrouve les potes, on s’en fait de nouveaux, et tout ça sous la bannière de la musique.
Je tiens à remercier chaleureusement Hamid Si Amer pour m’avoir permis d’assister à cet évènement déjà mythique, mais également Joachim Bertrand de la Philharmonie de Paris pour m’autoriser à utiliser ses clichés de la soirée.