Review 2251 : Evergrey – Theories of Emptiness

Evergrey nous confie ses réflexions.

Créé en 1995 en Suède, le groupe mené par Tom Englund (guitare/chant, Redemption, Silent Skies) et accompagné par Henrik Danhage (guitare, Death Destruction), Rikard Zander (claviers, live pour Tiamat, ex-Death Destruction), Jonas Ekdahl (batterie, Death Destruction) et Johan Niemann (basse, Beyond the Katakomb, ex-Mind’s Eye, ex-Therion) dévoile cette année Theories of Emptiness, son quatorzième album, chez Napalm Records.

Le groupe a également annoncé l’arrivée du batteur Simen Sandnes (TemicShining NO) en live.

Le groupe attaque avec les riffs groovy de Falling From the Sun, premier morceau où le chant clair aérien rencontre une approche saccadée et énergique. Les touches de technicité régulières donnent du relief à la composition et créent un contraste avec les refrains plus doux, ainsi qu’avec la lourdeur de Misfortune, le morceau suivant, qui se montre sans attendre plus sombre et mélancolique. Les choeurs renforcent l’aspect fédérateur du refrain, puis c’est avec To Become Someone Else que les musiciens vont nous autoriser une courte pause suivie du retour de la saturation écrasante qui va alimenter la dualité du titre, tout en nous faisant remuer la tête. Le break au piano aérien permet de temporiser la violence avant de la laisser prendre une forme plus lancinante sur Say, composition mélodieuse et assez motivante qui ne manquera pas d’unifier les foules devant lesquelles le groupe la jouera. La patte propre d’Evergrey fait mouche avant de devenir plus lente sur Ghost of My Hero et son atmosphère beaucoup plus solennelle, mais aussi parfois majestueuse et partagée entre tristesse saisissante et lueur d’espoir. We Are the North prend la suite avec des synthétiseurs beaucoup plus inquiétants, créant une ambiance ténébreuse où quelques cris apparaîtront également pour accompagner les paroles fatidiques, puis la tension redescend avec One Heart qui renoue avec une rythmique accrocheuse et des riffs accessibles, voire presque dansants. Les sonorités intrigantes reviennent en force avec The Night Within et ses nappes de claviers planantes mais naturelles, puis Cold Dreams accueille Salina Englund, fille du chanteur, pour quelques choeurs ainsi que Jonas Renkse (Bloodbath, Katatonia, ex-October Tide), donnant une touche plus violente à la composition avec sa voix saturée. Retour dans la quiétude avec la douce et chantante Our Way Through Silence, une balade qui nous embarque sans mal dans son flot de mélodies troublées uniquement par les riffs saturés, puis l’album se referme avec A Theory of Emptiness, outro où le piano est mis à l’honneur, secondé par une voix samplée optimiste.

La réputation d’Evergrey croît à chaque album, et je suis certain que Theories of Emptiness va amplifier le phénomène. L’album sait parfaitement se montrer violent et sombre, ou au contraire très accrocheur, très doux et mélodieux. Les suédois ont définitivement trouvé leur place.

90/100

English version?

Quelques questions à Rikard Zander, claviériste du groupe suédois de Progressive/Power Metal Evergrey, à l’occasion de la sortie de leur nouvel album Theories of Emptiness.

Bonjour Rikard et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Sans utiliser les étiquettes musicales habituelles telles que « Progressive Metal », « Power Metal » ou autres, comment présenterais-tu le groupe Evergrey ?
Rikard Zander (claviers) : Je pense qu’il y a des éléments progressifs dans notre musique mais nous essayons plus ou moins de faire de bonnes chansons et de la musique intéressante dans une sorte de Metal, je suppose.

Même si tu ne faisais pas partie du groupe lors de sa création, que signifie le nom Evergrey pour toi, et quel est le lien avec la musique que vous créez maintenant ?
Rikard : C’est un nom qui a toujours existé depuis que je suis dans le groupe et je pense qu’il rappelle un peu le côté sombre de notre musique. Je n’y pense pas beaucoup, je dois l’avouer.

Le nouvel album du groupe, Theories of Emptiness, sortira dans quelques semaines. Comment te sens-tu ? Avez-vous déjà des retours ?
Rikard : Je me sens vraiment bien et les réactions ont été excellentes jusqu’à présent. Il est toujours difficile de savoir ce que l’on a accompli juste après avoir terminé un album, parce que l’on a travaillé si dur et que l’on ne peut pas vraiment le voir de manière objective.

Comment résumerais-tu l’identité de Theories of Emptiness en seulement trois mots ?
Rikard : Lourd, doux, Evergrey.

Comment s’est déroulé le processus de création de Theories of Emptiness ? Avez-vous remarqué des changements par rapport aux albums précédents ?
Rikard : Nous avons travaillé de la même manière qu’avant. La principale différence est que Johan, notre bassiste, a proposé beaucoup d’idées sur cet album, ce qu’il ne faisait pas autant auparavant.

Y a-t-il un concept derrière Theories of Emptiness ? Comment travaillez-vous sur la continuité avec l’album précédent A Heartless Portrait (The Orphean Testament) évoquée dans le communiqué de presse ?
Rikard : Il n’y a pas de concept pour autant que je sache mais c’est vraiment une question pour Tom puisqu’il écrit 100% des paroles et qu’il en sait beaucoup plus sur ce sujet.

Qu’en est-il de l’œuvre d’art, quelles étaient les directives que vous avez données à Mattias Norén et comment s’accorde-t-elle avec la musique que vous avez créée ? Qu’en est-il de la photo promotionnelle prise par Patric Ullaeus où vous êtes tous les cinq recouverts d’argile ?
Rikard : Oui, nous étions couverts d’une sorte d’argile et nous avons également tourné la vidéo pour Say. C’était assez difficile de l’enlever par la suite. Je pense que Tom a donné quelques directives à Mattias à propos de la pochette mais je ne sais pas vraiment comment elle est devenue ce qu’elle est devenue.

Le son du groupe est ancré dans le Progressive et le Power Metal, mais comment parvenez-vous à créer votre propre touche ? Où trouvez-vous l’inspiration pour créer de la musique ?
Rikard : Nous essayons simplement de faire de notre mieux et lorsque nous décidons de faire un album, la créativité semble venir d’elle-même.

Comment avez-vous décidé des singles à révéler pour introduire l’album et pourquoi les avez-vous choisis précisément ? As-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album ?
Rikard : Nous nous sommes assis et avons écouté tout l’album ensemble, puis nous avons voté sur les singles à sortir. C’était assez évident pour nous tous de choisir celui que nous allions utiliser, même si ma chanson préférée sur l’album est Misfortune et que ce n’est pas un single.

Vous avez accueilli Jonas Renkse (Bloodbath, Katatonia, ex-October Tide) aux côtés de Salina Englund sur la chanson Cold Dreams. Si cela semble assez évident pour Salina puisqu’elle est la fille de Tom, comment avez-vous contacté Jonas et lui avez-vous demandé de participer à votre travail ?
Rikard : Jonas et Tom se sont rencontrés sur le projet Ayreon et sont devenus amis, c’est donc une sorte de coïncidence que Tom lui ait demandé plus tard s’il voulait être invité sur le nouvel album.

Le groupe fait à nouveau équipe avec le label Napalm Records, comment se passe la collaboration avec eux ?
Rikard : Ça se passe très bien et nous avons encore un album sous contrat avec Napalm, nous verrons alors ce qui se passera.

Penses-tu t’être amélioré en tant que claviériste avec ce nouvel album ?
Rikard : J’ai beaucoup utilisé mon orgue Hammond sur cet album donc c’est une réelle amélioration à mon avis.

Comment travaillez-vous sur les concerts en tant que groupe ? J’ai eu la chance d’assister à quelques concerts d’Evergrey, entre Paris et le Hellfest (2017 et 2023), as-tu des souvenirs particuliers de concerts français que tu aimerais partager avec nous ?
Rikard : Nous avons beaucoup joué en France et l’expérience a toujours été géniale. Quand j’ai rejoint le groupe en 2002, la France était peut-être le pays qui nous soutenait le plus et je chérirai toujours cela.

Jonas Ekdahl vient d’annoncer qu’il ne se produirait plus en concert avec Evergrey, mais qu’il serait toujours impliqué en termes d’écriture et de production. Comment réagissez-vous à cette décision en tant que groupe ? Qui est « l’incroyable batteur prêt à le remplacer en 2024 » et comment l’avez-vous choisi ?
Rikard : Je comprends tout à fait sa décision, nous sommes toujours les meilleurs amis du monde et nous continuerons à collaborer à l’avenir. C’est triste bien sûr de ne plus l’avoir à nos côtés sur la route mais je suis sûr que c’est pour le mieux. Notre nouveau batteur est Simon Sandnes et bien sûr, il est génial puisque nous avions besoin de quelqu’un pour prendre la relève de Jonas. Nous avons appris qu’il était intéressé et quand nous l’avons fait essayer, nous n’avons pas eu besoin d’essayer quelqu’un d’autre.

Y a-t-il d’autres musiciens ou artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson ou peut-être plus.
Rikard : Nous aimons collaborer avec d’autres musiciens, donc nous aurons probablement des invités sur d’autres albums, mais nous devons attendre de voir qui ce sera.

Que savez-vous de la scène Metal française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et apprécies ?
Rikard : Je suis un gars de la vieille école et l’un de mes groupes de Metal préférés de tous les temps est Trust. J’ai aussi un ami qui était le chanteur d’Attentat Rock (Marc Quee).

Evergrey va tourner en Amérique Latine en juin, puis dans quelques festivals d’été, puis en Scandinavie avec Cyhra cet automne, comment vous préparez-vous pour ces tournées ?
Rikard : Nous allons bien sûr beaucoup nous entraîner puisque nous avons un nouveau batteur, mais nous commençons à nous préparer !

Si tu devais organiser un concert pour la sortie de Theories of Emptiness, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je te laisse créer une affiche avec Evergrey et trois autres groupes !
Rikard : Trust, Michael Schenker Group, Judas Priest.

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique d’Evergrey ?
Rikard : Un smörgåsbord suédois.

C’était ma dernière question, alors merci à nouveau de m’avoir accordé de ton temps et pour votre musique, je te laisse les mots de la fin !
Rikard : Merci beaucoup. J’espère que vous aimerez le nouvel album et que je vous verrai sur la route !

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