Review 2322 : Forgotten Winter – Lucífugo

Forgotten Winter n’est jamais loin.

Créé en 2004, le duo de multi-instrumentistes portugais composé de Trovador (Omitir, ex-Bruma Obscura) et Eremita (Efémero, ex-Defunct) revient à la vie avec la sortie de Lucífugo, son quatrième album, qui sort en 2024 chez Loudriver Records.

Lucifuga Vila débute avec des sonorités éthérées apaisantes, mais la noirceur viendra rapidement les corrompre grâce à des parties vocales malsaines, créant un contraste intense dans l’approche Old School. Les leads perçants et les claviers semblent très lumineux par rapport à la batterie légèrement en retrait (surtout la double pédale), mais tous les instruments participent à cette atmosphère sereine que l’on retrouve également sur Nenufar où le duo accueille à nouveau Andreia Figueiredo – qui les avait déjà rejoints sur l’album précédent – pour quelques parties vocales plus douces, accompagnant leurs grognements. La base de la musique reste ancrée dans ses racines Symphoniques, que les musiciens développent également sur Noite, la plus courte des six compositions, où ce sont à nouveau les différents claviers qui sont mis à l’honneur pour transporter notre esprit jusqu’à la mélancolie déchirante de Sentinela Na Masmorra, où les ténèbres nous enveloppent à nouveau. Si le morceau commence de manière assez virulente, il sera amené à ralentir et à s’appesantir pour alimenter l’ambiance oppressante qui deviendra macabre sur Baile Dos Cadaveres, où des tonalités presque festives viennent rythmer la folle danse et ses choeurs, qui ralentit inévitablement. Arrivée à une allure véritablement lancinante, la rythmique s’enflamme à nouveau en nous menant à Ascralt, où la dualité vit encore intensément entre sa base mélodieuse et les murmures obscurs, mais cette alliance semble si naturelle qu’on en oublie ses oppositions et qu’on contemple son harmonie jusqu’à extinction des feux.

Toute l’identité de Forgotten Winter est basée sur un contraste harmonieux entre ses éléments les plus doux et sa noirceur viscérale. Lucífugo peut autant vous apaiser que vous oppresser, et cet album est l’un des plus mystérieux que j’ai écouté récemment.

85/100

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