Review 2365 : Wolfheart – Draconian Darkness

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Wolfheart rugit à nouveau.

Depuis 2013, le projet mené par Tuomas Saukkonen (guitare/chant, Before the Dawn, Dawn of Solace…) et depuis complété par Lauri Silvonen (basse/chant, Bloodred Hourglass, Casket), Joonas Kauppinen (batterie, Disease of the Nation, ex-Before the Dawn, ex-Misery Inc.) et Vagelis Karzis (guitare/chant, Full House Brew Crew, live pour Rotting Christ) développe son Winter Metal, qui s’exprime aujourd’hui avec Draconian Darkness, son septième album, avec le soutien de Reigning Phoenix Music.

Saku Moilanen (Before the Dawn, Red Moon Architect, Slaughterror, ex-Aeonian Sorrow) du Deep Noise Studios a participé aux claviers et orchestrations de l’album.

L’album s’ouvre avec la majestueuse Ancient Cold, une première composition d’abord sombre puis imposante et enfin agressive qui nous replonge sans mal dans l’univers singulier du groupe grâce à des explosions de violence. On remarque une certaine lourdeur pour accompagner les hurlements, puis une touche plus mélodieuse lorsque la voix claire apparaît, puis c’est avec une approche plus Old School du Death Metal que Evenfall vient nous frapper, laissant un groove furieux contraster les passages les plus épurés et apaisants. Les voix se mêlent pour créer une harmonie complémentaire avant de laisser Burning Sky nous offrir un moment de répit, mais la composition nous réserve également des passages beaucoup plus théâtraux et entêtants avant de prendre fin au profit de Death Leads The Way et de ses riffs accrocheurs qui nous font remuer le crâne en un rien de temps. Les claviers complètent à merveille la rythmique solide et ses choeurs, mais ils laissent parfois quelques leads plus vifs apparaître avant que Scion of The Flame ne vienne nous écraser à son tour tout en offrant un espace d’expression à la voix claire de Vagelis et Lauri, ainsi qu’à des hurlements plus bruts signés Tuomas. La douceur refait surface sur Grave, mais elle devient rapidement inquiétante pour enfin se déchaîner et s’abandonner à la fureur à pleine vitesse, alors que Throne of Bones prend le temps de créer un voile de mélancolie avant de propose une approche plus saccadée et parfois même technique. L’atmosphère reste intacte sur le break central, et elle redeviendra plus pesante lorsque la saturation refait surface, nous menant à la virulente Trial By Fire où ce sont les sonorités les plus froides qui sont mises en avant pour garder notre esprit captif de leur enchantement. L’album touche déjà à sa fin avec The Gale, où la rythmique massive sera arrêtée par la voix claire avant d’exploser à nouveau dans une vague d’intensité inattendue qui ne s’arrêtera que pour nous conduire au silence.

La meute Wolfheart a travaillé dur pour faire de Draconian Darkness un véritable trésor de noirceur aussi imposante qu’harmonieuse. Le groupe évolue toujours et repousse ses limites pour arriver en à peine dix ans au niveau des plus grands.

95/100

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Quelques questions à Tuomas Saukkonen, créateur et chanteur/guitariste du groupe finlandais de Winter Metal Wolfheart.

Bonjour Tuomas et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Le groupe se qualifie lui-même de Winter Metal, comment décrirais-tu ce sous-genre ?
Tuomas Saukkonen (guitare/chant) : Le Winter Metal est un sous-genre du Death Metal Mélodique dans lequel des influences du Black Metal et du Doom Metal sont infusées ensemble pour créer une musique Metal lourde, sombre, froide mais toujours très belle. Tout comme l’hiver nordique !

Que signifie le nom Wolfheart pour toi, et quel est le lien avec la musique que tu crées ?
Tuomas : Au début, je voulais créer un nom pour le groupe qui reflète le sentiment et l’attitude d’un guerrier solitaire et qui a aussi une forte connexion avec la nature nordique. Je pense que le nom correspond bien au groupe et à notre musique, mais honnêtement, je n’ai pas beaucoup réfléchi à la signification du nom au cours des dix dernières années. Pour moi, c’est plus un logo et une marque qu’un mot.

Le nouvel album du groupe, Draconian Darkness, sortira dans quelques semaines. Comment te sens-tu ? Avez-vous déjà des retours ?
Tuomas : Je suis extrêmement fier de cet album et très excité à l’idée de jouer les nouvelles chansons en live. 99% des retours ont été faits sur les deux singles qui sont déjà sortis et ils ont été extrêmement bons. En tant qu’auteur-compositeur, le nouvel album est naturellement ce que j’ai de plus cher, mais je suis aussi partial pour donner une critique si tôt, et le temps nous dira ce que le public en pense, et dans quelques années, je pourrai regarder en arrière et être plus objectif. 

Comment résumerais-tu l’identité de Draconian Darkness en seulement trois mots ?
Tuomas : Grand, sombre, beau.

Comment s’est déroulé le processus de création de Draconian Darkness ? As-tu remarqué des changements par rapport aux albums précédents ?
Tuomas : Pas vraiment. Je travaille principalement seul pendant le processus d’écriture et je présente aux autres membres des démos déjà prêtes avec des arrangements de base pour la guitare, la basse et la batterie, puis chacun ajoute sa propre touche. Pour le chant, nous nous basons toujours sur les idées de Vagelis et Lauri. Le seul changement a été de travailler avec la guitare rythmique et les arrangements orchestraux au tout début de la pré-production pour s’assurer que nous avons un bon équilibre entre les deux et que les guitares donnent de l’espace pour les claviers au bon endroit et inversement. 

Qu’en est-il de l’artwork, quelles sont les directives que vous avez données à Nikos Stavridakis de VisionBlack et comment s’intègre-t-il à la musique que vous avez créée ?
Tuomas : Je lui ai donné quelques versions brutes des nouvelles chansons et quelques directions à prendre, mais la vision principale est venue de lui. Nous avons travaillé ensemble sur Dawn Of Solace, Before The Dawn et Wolfheart, il y a donc un haut niveau de confiance et de respect artistique. Alors que la pochette de King of the North était un totem pour un roi de la nature nordique = un ours, ce nouvel artwork est comme une couronne funéraire de l’humanité / du monde.

Comment parviens-tu à donner à votre musique cette touche unique ? Où trouvez-vous l’inspiration pour créer de la musique ?
Tuomas : Pour moi, c’est un processus continu qui a commencé il y a plus de 25 ans, lorsque je me suis mis à écrire des chansons. Je n’ai jamais ressenti d’inspiration venant de sources extérieures. J’ai juste besoin d’une certaine quantité de silence autour de moi pour pouvoir créer et le fait d’être en plein air et dans la nature fonctionne très bien pour cela.  La touche unique vient peut-être du fait que j’écris toujours et uniquement pour moi.

Comment as-tu décidé des singles à révéler pour présenter l’album et pourquoi les avez-vous choisis précisément ? Avez-vous une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album.
Tuomas : Cette fois-ci, il a été très difficile de choisir les chansons des singles et, en fait, n’importe quelle chanson de l’album aurait pu être un single ou avoir une vidéo. Le label, le management et les membres du groupe avaient tous des préférences différentes et au final, la sélection des single songs s’est faite par un vote à l’ancienne. Ma chanson préférée change tous les jours. Je suis également en charge de nos productions vidéo et je fais tous les montages, donc la chanson sur laquelle je fais une vidéo ce jour-là ou cette semaine-là est toujours celle que je préfère le moins puisque je suis obligé de l’entendre des dizaines de fois 🙂

J’ai remarqué que cet album se concentre davantage sur la complémentarité entre le chant clair de Vagelis et vos growls massifs. Comment avez-vous travaillé sur ce point ensemble ? Qu’en est-il des chœurs de Lauri ?
Tuomas : Il y a en fait plus de voix de Lauri sur cet album que jamais auparavant, mais cette fois les deux ont essayé des sons un peu différents avec leurs voix et beaucoup de gens n’ont pas été capables de faire la différence entre les deux parties. Je pense que c’est une grande force pour notre groupe que Lauri et Vagelis soient des chanteurs si polyvalents et qu’ils puissent tous les deux faire du backing growling lors de nos concerts.

Vous avez demandé à Saku Moilanen de participer à l’album aux claviers et aux orchestrations, comment s’est passée cette collaboration ? Penses-tu que son travail améliore la puissance de l’album ?
Tuomas : Saku a déjà fait des orchestrations pour nos deux derniers albums et nous avons beaucoup travaillé en studio ensemble. Il a enregistré, mixé et masterisé nos deux précédents albums ainsi que les deux derniers albums de Dawn Of Solace. Il est aussi pour la première fois le producteur principal de l’album de Wolfheart, donc son travail a un impact positif sur notre son. Musicalement, il est comme un cinquième membre du groupe.

Le groupe vient de signer chez Reigning Phoenix Music, comment se passe la collaboration avec eux ?
Tuomas : Nous n’en sommes qu’au tout début de notre coopération, mais elle fonctionne très bien et je pense que c’est une grande opportunité pour nous de trouver un partenaire aussi solide.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien et auteur-compositeur avec ce nouvel album ?
Tuomas : Je l’espère. Chaque fois que je vais en studio, je m’entraîne davantage et j’acquiers plus d’expérience, et le plus important, c’est qu’à chaque fois, mon objectif principal est de me surpasser en tant qu’auteur-compositeur et musicien. Je pense qu’une fois que l’on a perdu l’envie de s’améliorer, c’est fini et il faut se concentrer sur autre chose.

Comment travaillez-vous sur les concerts en tant que groupe ? J’ai eu la chance d’assister à quelques concerts de Wolfheart, que ce soit à Paris (six fois) ou au Hellfest, as-tu des souvenirs particuliers de concerts en France que tu aimerais partager avec nous ?
Tuomas : Bien sûr, le Hellfest a été une expérience incroyable, mais nous avons joué quelques fois dans un bateau super adorable à Paris. Petit Bain si je me souviens bien et nous n’en avons que de bons souvenirs. La dernière fois que nous avons joué à Paris, il y a eu un problème de planning et nous avons joué le même soir qu’Insomnium et les salles étaient juste à côté l’une de l’autre. Mais dans l’ensemble, Paris nous a toujours super bien traités et nous a accueillis très chaleureusement, alors j’ai hâte d’y retourner en novembre. 

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Tuomas : Hmm… J’aimerais jouer de la batterie, avoir Vogg de Decapitated à la guitare et Niklas d’Orbit Culture au chant. Ce serait génial. 

Que sais-tu de la scène Metal française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et que tu apprécies ?
Tuomas : Je dois honteusement admettre que je suis la scène Metal de manière très aléatoire de nos jours. Je connais Alcest et Gojira bien sûr, mais je ne connais pas les nouveaux groupes français.

Wolfheart a annoncé une tournée finlandaise en septembre pour promouvoir le nouvel album, ainsi qu’une participation à la tournée de Dark Tranquillity en novembre 2024, comment vous préparez-vous pour ces tournées ?
Tuomas : La tournée finlandaise est un bon échauffement pour la tournée européenne car en Finlande, il est logique de concentrer les concerts uniquement sur les week-ends, donc nous jouons en gros 2 concerts par semaine au lieu de 6 concerts par semaine comme pour la tournée de novembre. Nous avons également quelques festivals à la fin du mois d’août, ce qui nous permet d’atterrir en douceur après l’été. 

Si tu devais organiser un concert pour la sortie de Draconian Darkness, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je te laisse créer une affiche avec Wolfheart et trois autres groupes !
Tuomas : Hmm… C’est une question délicate. Je créerais un concours pour les groupes émergents et les 3 premiers qui obtiendraient le plus de votes seraient nos premières parties !

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique de Wolfheart ?
Tuomas : haha 🙂 Eh bien… Comme nous venons du nord, ce serait un sauté de renne avec de la purée de pommes de terre et de la confiture d’airelles. Le goût de la Laponie.

C’était ma dernière question, alors merci à nouveau de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
Tuomas : J’espère vous voir tous en novembre !

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