Changement de direction pour Deadspace.
A peine un an après sa dernière création, le groupe australien mené par Chris Gebauer (chant, Exitium Sui, Humanitas Error Est, Lebenssucht…), Herb Bennetts (batterie, Woewarden, Aviscerus) et Thomas Major (guitare, Woewarden, Flesh Worship) recrutent Aiden Vestgaard (guitare, Doomcave) et Dez Sogutluoglu (basse, Kâbus, Doomcave) pour donner vie à The Dark Enlightenment, son huitième album.
Reptilian Birthright nous accueille avec une voix samplée robotique et une atmosphère glaciale, mais les riffs oppressants et les grognements ne tardent pas à arriver, d’abord très lentement puis avec une dimension hypnotique. On se sent happés par ce gouffre de noirceur qui rejoint naturellement Culminating Chaos où la rythmique accélère et se laisse dominer par une approche Old School agressive et entêtante, mais le son se brise avec une cloche sombre, et s’englue pendant un long moment. Il finira par se dépêtrer pour redevenir plus tranchant avant de laisser place à In the Vault of Murmur qui s’ancre dans une dissonance épaisse en compagnie de Drew Griffiths (Obed Marsh, Cauldron of Shit, ex-Corpsebitch…), puis une sauvagerie viscérale avant de mêler les deux pour créer un chaos maîtrisé avant un moment plus apaisant mais tout aussi inquiétant. La violence refait surface avec des leads lancinants, puis elle prend une autre forme sur Fanged Noumena, nous inondant de son blast ravageur et de ses riffs impénétrables qui sévissent en continu pendant que le vocaliste déverse sa rage avec un phrasé très pesant. Dysgeusia prend la suite avec une approche immédiatement hostile et criarde, presque même dérangeante sur la durée, mais le groupe parviendra à temporiser cette pression avec un passage où la section rythmique est mise à l’honneur. Les harmoniques sombres sont rapidement de retour, suivies par le chant, mais tous les instruments finiront par se rejoindre pour une dernière vague de noirceur avant que The Catacosmic Conundrum ne vienne frapper à son tour avec son ambiance inquiétante, puis sa fureur à pleine vitesse. La rythmique sera amenée à ralentir pour laisser les vociférations puissantes se déverser sur nous, puis le chaos s’empare de la composition avant de faire place à Into Shadow, dernier et plus long morceau, qui nous plonge à nouveau dans les ténèbres pour atteindre ce paysage dévasté où les hurlements reprennent vie entre des vagues de riffs bruts qui retranscrivent jusqu’au dernier moment l’atmosphère torturée du groupe.
Si Deadspace s’est par le passé illustré avec une touche mélancolique et déchirante, The Dark Enlightenment nous propose une toute autre approche, beaucoup plus agressive, oppressante et étouffante au sein de laquelle les musiciens ne nous laissent que peu de répit et nous mettent face à la noirceure pure.
95/100