Live Report : Mayhem + Verset Zero – Bataclan

Il y a des anniversaires qu’il ne faut pas rater, et les quarante ans de Mayhem, The True Mayhem, en est un. Les premières traces du groupe datent en effet de 1984, et leur Black Metal est devenu légendaire, pas qu’en Norvège, mais à travers le monde. Ils nous promettent donc un show spécial pour leur quarantième anniversaire en compagnie de Verset Zero, au Bataclan, et la soirée nous est proposée par Veryshow.

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Je découvre donc ce soir Verset Zero, un mélange entre une performance avant-gardiste et un DJ set, où les machines sont installées sur un banc orné d’un drap, de chandeliers et de bouquets de fleurs blanches. L’humain derrière le projet apparaît, encapuchonné et voilé, avec un seul masque doré, et commence à activer ses sonorités lentes, lancinantes, mais surtout dérangeantes, à faire boucles de son, à utiliser une basse, puis à hurler dans un micro situé à sa droite. Personnellement, je me sens un peu perdu : on passe d’un Drone pesant à un Aggrotech bien plus énervé, puis à des sonorités ambiantes tout en explorant la frontière entre Industrial, Black Metal et Doom. Au fur et à mesure du show, l’homme retirera quelques couches de sa tête, pour terminer à visage découvert, maquillé grossièrement de noir, lui garantissant un semi-anonymat. Le lendemain, je ne sais toujours pas si j’ai aimé ou non la performance, qui lui a cependant valu des acclamations.

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Il est triste de constater que la fosse est encore bien clairsemée lorsque l’heure du concert principal arrive (la rumeur fait état de 400 billets vendus à l’avance), mais les vidéos d’archives se lancent à l’heure dite, soulevant déjà des bruits d’impatience au sein des premiers rangs. Et soudain, Mayhem investit la scène. D’abord Hellhammer (batterie) qui se range derrière son imposante cage, puis Ghul (guitare), Necrobutcher (basse) et Teloch (guitare), maquillé. Tous rejoignent leur place, et le chaos démarre, suivi par l’arrivée d’un Attila Csihar (chant) en grande forme, autant par sa gestuelle dérangeante que par ses hurlements morbides. Comme vous vous en doutez, j’ai déjà vu Mayhem quelques fois (quatre, pour être précis) par le passé, mais je peux vous assurer que dès les premières notes, l’intégralité de l’assemblée a été transcendée par la noirceur et la violence que le groupe déploie, avec une setlist qui ne nous laisse aucun moment pour respirer. Les lumières sont – comme à leur habitude – apocalyptiques, mais les musiciens sont mobiles, et certains n’hésitent pas à se placer sur le devant de la scène, comme le bassiste (seul membre fondateur à tenir le flambeau) qui harangue autant qu’il peut. 

Attila finira par retirer sa grande cape après quelques morceaux, perdant cet aspect mystérieux pour un autre plus brutal, et tout aussi effrayant grâce à son maquillage. Alors qu’avant, il se contenter de se rapprocher de ses camarades, leur posant une main sur l’épaule ou le crâne tel un tuteur démoniaque, il s’autorisera quelques accessoires, comme son habituel noeud coulant qu’il brandit devant nous, une croix faite d’ossements, ou son crâne à qui il chante ses paroles malsaines. Mais comme l’intitulé du concert le laissait comprendre, la soirée s’effectue en trois actes pour les norvégiens : le premier est donc dédiée à l’exploration de la discographie du groupe, rappelant un set assez classique entrecoupé de quelques samples introductifs assez visuels, mais le deuxième est dédié à leur album phare, De Mysteriis Dom Sathanas. On y voit les membre revenir encapuchonnés pour nous interpréter cinq morceaux de cet opus blasphématoire sorti il y a trente ans dans les circonstances obscures et torturées que l’on connaît tous. Vous allez dire (à raison) que je me répète, mais la qualité sonore est tout bonnement incroyable, et on savoure chaque note glaciale, chaque harmonique dissonante, et chaque hurlement sort tout droit de l’outre monde, et en particulier l’hommage à Per Yngve “Dead” Ohlin, figure emblématique du groupe, avant Funeral Fog, où un sample nous offre les parties vocales qu’il chantait du temps de son vivant. La troisième et dernière partie, beaucoup plus courte, nous fait revenir à l’EP (et démo) Deathcrush, où les compositions originales sont jouées, nous offrant une dernière déferlante où les musiciens ont abandonné leur cape, jouant directement devant nous avec une sauvagerie impressionnante et toujours les quelques accessoires du vocaliste. Les musiciens finiront par lever leurs instruments nous saluer, sous des applaudissements plus que mérités pour ces presque deux heures de show.

Setlist :
Set 1 : Malum – Bad Blood – MILAB – Psywar – Illuminate Eliminate – Chimera – My Death – Crystalized Pain in Deconstruction – View From Nihil – Ancient Skin – Symbols of Bloodswords
Set 2 : Freezing Moon – Life Eternal – Buried by Time and Dust – De Mysteriis Dom Sathanas – Funeral Fog (with Dead‘s vocals from tape)
Set 3: Silvester Anfang – Deathcrush – Necrolust – Chainsaw Gutsfuck – Pure Fucking Armageddon – (Weird) Manheim (sur bande) – Pure Fucking Armageddon (sur bande)

 

J’ai rarement vu Mayhem en aussi bonne forme, et surtout pour un show aussi long ! Si malheureusement l’affluence n’était probablement pas celle attendue, The True Mayhem nous a régalés pour fêter dignement ses quarante ans d’une carrière tumultueuse, mais ancrée au panthéon du Black Metal. Je suis toujours dubitatif de la performance mystérieuse de Verset Zero, mais l’univers du musicien mérite que l’on s’y attarde. Merci à Veryshow pour l’organisation du concert, ainsi qu’à Oktober Promotion.

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