L’exploration des genres musicaux continue avec le triomphe d’Alcest dans le mythique Olympia de Paris ce soir, où ils sont accompagnés par Svalbard et Doodseskader.
Si la tête d’affiche du soir est largement reconnue comme une valeur sûre du Blackgaze, je suis également très heureux de revoir Svalbard, les anglais qui font chavirer mes écoutilles, et de découvrir en live Doodseskader, dont les retours sont excellents ! Merci à The Link Productions pour l’organisation du soir !
Les portes accusent d’un peu de retard par rapport aux horaires annoncés, mais de toute façon nous ne sommes que très peu à pénétrer immédiatement dans la salle.
On démarre donc avec Doodseskader, projet expérimental de Tim De Gieter (basse/chant) et Sigfried Burroughs (batterie/chant), deux musiciens belges au cv déjà bien rempli, qui vont ouvrir cette soirée avec une approche… étrange. Le groupe est donc un duo, et la scène semble bien vide, mais Tim ne manquera pas de déambuler en matraquant son instrument, créant une ambiance oppressante entre Post Metal et Sludge, à laquelle de nombreux samples sont ajoutés. Entre deux titres, il lâche “Je ne parle pas beaucoup mais je dois remercier Alcest qui a pris un groupe bizarre comme nous”, alors qu’ils se préparent pour le titre suivant, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les morceaux ne se ressemblent pas : on passe d’une lenteur écrasante à une énergie artificielle et à des influences modernes, passant même par la Trap sur le dernier morceau. L’alternance vocale reste très intéressante, et le groupe est largement applaudi pour sa performance.
Setlist: Pastel Prison – The Sheer Horror Of The Human Condition – It’s Not An Addiction If You Don’t Feel Like Quitting – Innocence (An Offering) – FLF – People Have Poisoned My Mind To A Point Where I Can No Longer Function
Changement d’ambiance avec les britanniques de Svalbard qui – comme à leur habitude – semblent extrêmement sereins sur scène, mais à la seconde où leur set débute, ils se déchaînent comme jamais. Je suis relativement habitué des performances du groupe, mais leur énergie est toujours aussi impressionnante : Liam Phelan (guitare/chant) tourne sur lui-même, mettant des coups à un ennemi invisible avec son instrument, Matt Francis (basse) headbangue en quasi-permanence, et Serena Cherry (guitare/chant) rugit avant de s’écarter de son micro pour rejoindre la frénésie, pendant que Mark Lilley (batterie) frappe sans relâche, pendant que la foule profite du spectacle. Les lumières chaotiques accompagnent parfaitement la schizophrénie musicale du quartet, et l’alternance vocale participe également à ce changement d’atmosphère régulier, passant de la sauvagerie à la douceur la plus apaisante pour notre plus grand bonheur. On remarque également que le français de la chanteuse s’est amélioré : elle n’hésite pas à commencer ses phrases dans notre langue, comme ce “C’est génial d’être ici avec Alcest ! I don’t know any more French but you’re the loudest crowd! J’adore Paris!” qui lui vaudra de longs applaudissements. Mais son large sourire ne dure pas, puisque leur temps de jeu est relativement court, et la rage revient au galop, accompagnant chacun des quelques morceaux que le groupe nous jouera ce soir, avant qu’ils ne soient contraints de rendre la scène sous les acclamations.
Setlist: Eternal Spirits – Disparity – Open Wound – For the Sake of the Breed – Defiance – To Wilt Beneath the Weight – Faking It
La scène est aménagée pour le groupe que tout le monde attend, notre fierté nationale, et qui a réussi à remplir le si fameux Olympia : Alcest. Alcest, c’est ce groupe qui vogue entre Black Metal, Shoegaze, Post-Rock et tant d’autres étiquettes, et qui ce soir a fédéré tant de monde (je vois des t-shirts si variés). Le groupe entre, les fans crient, et le show commence. C’est simple, c’est épuré, c’est si doux… mais pourtant tout est millimétré : Neige (guitare/chant) et Zero (guitare/chant) sont devant, tantôt éclairés, tantôt cachés, alors que Winterhalter (batterie) et Indria (basse) se tiennent en retrait. Mais malgré la froideur réconfortante, toute la salle est conquise, se laissant porter par les riffs vaporeux, les choeurs, les flashs, les hurlements, les moments de flottement… J’ai presque l’impression d’assister à un concert intimiste : Neige est chez lui, dans sa safe place, et une fois les morceaux terminés, il est ému et étonné de nous voir à la fois si nombreux, et adhérer autant à la musique que le quatuor nous joue. Il nous le confirmera avec un “ça fait longtemps qu’on est sur la route, et on est très contents d’être de retour à Paris”, qui soulève encore une fois une ferveur indissimulable, et qui sera suivie d’un autre morceau tout aussi vaporeux, planant et surtout intense, que ce soit dans l’instrumentale ou les quelques hurlements présents ce soir là. Même si Les Chants de l’aurore, leur dernière production, est massivement représentée (cinq morceaux sur douze), les français n’hésitent pas à replonger la salle dans leurs premiers amours, comme avec Souvenirs d’un autre monde qui est beaucoup plus violente, mais tout aussi hypnotique. Tout le monde y trouve son compte, et le show – que dis-je, la consécration – d’Alcest a fait l’unanimité.
Setlist: Komorebi – L’Envol – Améthyste – Protection – Sapphire – Écailles de lune – Part 2 – Flamme jumelle – Le miroir – Souvenirs d’un autre monde – Oiseaux de proie
Rappel : Autre temps – L’Adieu
Il y a des moments où je vais en concert, et où je passe un bon moment. Il y a des moments où le concert est vraiment excellent. Et il y a des moments où je vois un groupe qui arrive à son apogée, comme Alcest ce soir. 25 ans de carrière, un Olympia plein, et surtout des milliers de fans émus, tout comme le fondateur du groupe. Merci Alcest, merci Neige, mais également merci à Svalbard et Doodseskader pour leur univers unique, et merci à The Link Production et Agence Singularités pour m’avoir permis d’assister à cet évènement.