
Le Motocultor Festival fait maintenant partie des institutions du paysage Metal en France, et c’est un véritable bonheur d’y être de retour avec deux ans d’absence !
Après une longue soirée avec les copains, je découvre donc (avec un peu de retard) le plus-si-nouveau site de Carhaix, sur lequel la récupération des pass presse se fait tarder, mais je finirai par y retrouver amis et connaissances venus de tout l’hexagone avant que les concerts ne commencent.
Le premier show de cette édition sera donc Dogma, que j’avoue sans mal avoir été voir plus pour le côté esthétique du show des musiciennes que pour leur musique, et j’ai eu raison ! Si leur mélange Heavy/Hard Rock aux accents Pop n’est pas mon style de prédilection mais reste relativement bien fait, c’est par le jeu de scène et les tenues de nonnes au makeup sombre que les américaines vont se démarquer, jouant en quasi-permanence entre elles, ou entamant des danses sensuelles pendant que leurs riffs font déjà remuer quelques spectateurs présents – qui hurleront lorsque la bassiste descendra les quelques marches. On notera tout de même que la vocaliste reste assez en retrait, que ce soit physiquement ou vocalement, mais tout le monde semble passer un bon moment.
On passe à l’une de mes principales attentes de ce premier jour, les suisses de Versatile, que je n’ai encore jamais eu l’occasion de voir, et qui s’avancent sur la Supositor stage (qui est d’ailleurs aussi grande que la scène principale) devant un public déjà conquis et nombreux. Et si leur son qui mêle Black Metal furieux et tonalités Industrial modernes (voire dansantes par moments) est plutôt bien mixé… les musiciens ont chacun leur comportement propre : Hatred Salender (chant) tente de motiver le public en bougeant lentement tel une ombre, Cinis (guitare) reste cantonnée à son espace bien loin du bord de scène, mais seul Famine (guitare) semble prendre du plaisir en remuant tel un possédé. Quelques flammes viendront expliquer le jeu de scène assez en retrait, mais le soleil et la taille de la scène viendront confirmer mes doutes : le groupe a besoin d’un espace bien plus petit et sombre pour prendre toute son ampleur. Le set reste toutefois une réussite, à en juger par les retours que j’entends ça et là.
Le Motocultor a toujours été connu pour inviter (au moins) un artiste décalé par édition, et 2025 ne fait pas exception avec la présence d’Helldebert, le “jumeau maléfique d’Aldebert” (ce n’est pas moi qui le dit, mais le principal intéressé) qui offre à petits et grands plus d’une heure de show pour le premier jour. On y découvre donc des riffs et paroles simples menés par Guillaume Aldebert (guitare/chant), mais également guitariste, claviériste, bassiste et batteur, qui sont toutefois pour ma part tous inconnus au bataillon, exception faite du cogneur (coucou Nicolas Bastos !), le tout devant un public composé surtout d’enfants, mais aussi de parents heureux de faire découvrir cet univers à leur progéniture. Outre les titres (hits ?) que la petite troupe nous propose, les écrans géants renforcent le côté communicatif, montrant Fétus, Niko Jones, Mouss et Stéphane Buriez sur le titre Super Momie qui offrira son moment de gloire à Mamie Claudie, l’une des invitées du jour, mais également Max Cavalera qui apparaît aux côté du frontman pour le titre Le Cartel Des Cartables. Improbable certes, mais je pourrai dire “j’ai vu ça de mes yeux”.
On pose son cerveau au casier pour accueillir Gutalax, nos tchèques les plus déjantés qui ont visiblement déjà amené leurs jouets gonflables pour rendre le pit encore plus fou qu’il ne l’est déjà. Au programme donc : le son de Ghostbusters, les tenues de décontaminateurs, les grognements crapautesques d’un Martin “Maty” Matousek (chant) survolté comme à son habitude et qui nous proposera de lui montrer nos “dancing skills”, mais aussi un slam de poubelle dès la première minute de son. Est-ce que j’ai vraiment besoin d’ajouter quelque chose à celà, mis à part que les rouleaux de papier toilette ont volé comme jamais, qu’il y a eu plus de poussière que d’humains en l’air (et c’était loin d’être gagné vu le nombre de slammeurs) et que bizarrement le son du groupe était tout aussi propre qu’agressif et remuant ? Je ne crois pas. Mention spéciale au public qui a réussi à faire une corde à sauter en papier toilette.
Revenons à quelque chose de plus sérieux avec le Blues/Rock de Me And That Man, mené par le charismatique Nergal (qui justifie visiblement la venue de la moitié de l’assemblée, photographes compris) pour un virage musical très assumé. Le groupe monte sur scène et place ses riffs planants, parfois un peu burnés, mais toujours servis par différentes voix qui nous offrent un véritable voyage, à en juger par les têtes qui remuent toutes seules, et qui suivent l’atmosphère planante. Bien que “The sun is here and it’s such a great company”, le musicien nous fait remarquer qu’il est un habitué des lieux avec son autre formation, Behemoth (parfait enchaînement pour annoncer Black Metal, reprise de Venom), mais est aussi rejoint par un vocaliste qui complète le panel, et permet encore plus d’union et de diversité au sein des rangs de polonais. Une première et très belle expérience à mes yeux.
L’ambiance change à nouveau pour l’arrivée de Nailbomb, formation rendue célèbre dans les années 90 par son frontman Max Cavalera (guitare/chant), cette fois accompagné par un line-up live bien habitué de la violence musicale. Ni une, ni deux, les six musiciens (trois guitares, une basse, une batterie et un préposé aux machines/samples) vont nous offrir une petite heure de brutalité chaotique entre Thrash, Death, Grind ainsi que des éléments Noise persistants et dérangeants au possible, créant un véritable vortex de puissance brute soutenu par des musiciens très remuants. Si côté chant, on a connu le taulier plus en forme, la rythmique est parfaite pour nous faire passer un bon moment, et moi qui ne connaissais le projet que de nom, je repars autant conquis que le fan qui aura tenté de se joindre à la scène se souviendra du refus catégorique d’Alex Cha (machines/samples).
L’atmosphère s’apaise à nouveau pour laisser le trio suédois Witchcraft proposer une touche de douceur sur la Bruce Dickinscène grâce aux tonalités aériennes de son Hard Rock Psychédelique. Moi qui ne connais le projet que de nom, je vois rapidement qu’il est mené par son guitariste/chanteur Magnus Pelander, qui passe d’un sourire éclatant à quelques grimaces lorsqu’il nous propose ses harmoniques sous la rythmique de ses deux camarades, n’hésitant pas à se mettre à genoux au plus près de son pédalboard (et donc de nous). Bien qu’éparse, le public est immédiatement conquis par le son planant, mais aussi par le petit trait d’humour du vocaliste : “no backdrop but this is Witchcraft”. Je noterai aussi quelques influences très Sabbathiennes dans les parties vocales, ce qui est loin de me déplaire.
Retour sur les scènes principales pour la fin de journée avec dans un premier temps un groupe auquel on peut me considérer comme habitué, les québécois de Kataklysm qui vont non seulement faire rougir l’air, mais aussi nous accueillir avec ce fameux “on est de retour, les cousins !” qui fait plaisir à entendre et lancera les premiers slams. Le premier morceau est à peine entamé que Carhaix devient un véritable charnier où chacun remue comme il peut au rythme des riffs massifs pendant que Maurizio Iacono (chant) hurle et harangue au centre de la scène. A ses côté, ses camarades tiennent difficilement en place, changeant très régulièrement de place pour headbanguer ou rejoignant temporairement le batteur, mais quoi qu’ils fassent, on peut en être sûr : la prochaine rythmique n’est jamais loin pour nous coucher au sol, car leur setlist n’est faite que de leurs hits.
On passe donc au premier headliner du festival, les américains que je connais à peine d’I Prevail dont la popularité a récemment explosé, et qui était connu pour son duo de vocalistes complémentaires, mais qui a récemment annoncé un changement de line-up assez… conséquent. La scène est faite pour un show à l’américaine orienté Metalcore, et malgré les influences assez diverses du groupe, on sent que c’est avec leur hargne habituelle que les guitaristes se déplacent sur les bancs qui surplombent les retours et devant lesquels flammes et slammeurs dansent ensemble. Eric Vanlerberghe (chant) a beau avoir récupéré le rôle de frontman, il est épaulé par presque tous les musiciens, qui n’hésitent pas à proposer choeurs et screams pendant que lui reste au fond de la scène, redescendant pour venir haranguer la fosse, puis enfin prendre ses marques devant nous. Le chanteur est toutefois assez communicatif, passant d’un “I need you in the fucking middle… you know what to do” pour inciter au circle pit ou “fists in the fucking air, and when I say break your neck…” pour laisser ses camarades préparer une introduction motivante, et à en juger par l’affluence, mais également le retour des spectateurs, ce fut un succès.
Dernier concert et pas de moindres, celui qui a provoqué mon premier clash de cette édition, les suisses de Samael que je n’ai pas vu depuis trop longtemps, et qui vont donner à la nuit des teintes aussi sombres qu’imposantes. On se retrouve donc face à un quatuor mené par Vorph (guitare/chant) dans une ambiance entre rituel païen virulent et boîte de nuit aux teintes Industrial gérées par Xy (percussions/claviers) pendant que Drop (guitare) et Ales (basse) jouent leurs parties en posant sur les retours. Le frontman est très mobile, n’hésitant pas à se déplacer sur tout son terrain de jeu parfois bardé de pyrotechnie pour haranguer quand il ne hurle pas, mais ce qui marque le plus, ce sont les lumières, à la fois chaotiques et surtout parfaitement gérées pour nous laisser apprécier l’intégralité des mouvements. Entre deux titres, un puissant “Bonsoir la Bretagne” retentit, temporisant avant la reprise, toute aussi motivante et appréciée, faisant de ce show un excellent moyen de terminer la journée avec un véritable sans-faute !
La chaleur était déjà complexe à gérer en ce premier jour, et l’arrivée de la fatigue n’a pas aidé, par le moins que l’on puisse dire, c’est que le festival a commencé sur les chapeaux de roues ! Vous l’aurez compris, c’est donc Samael qui remporte pour moi la palme du jour, mais il est certain que tous les groupes se sont donnés à fond, peu importe le style, pour nous faire profiter de leur univers, aussi accessible qu’extrême !