Live Report : Mennecy Metal Fest 2025 – Day 3

Le troisième et dernier jour du Mennecy Metal Fest 2025 débute légèrement plus tôt, faute oblige à un emploi du temps serré.

Je serai contraint de manquer la conférence tenue par Sibylle et Alex Colin-Tocquaine, deux figures emblématiques de la scène Metal extrême en France, mais je me hâte devant la première scène pour prendre les décibels le plus tôt possible en pleine face.

On débute donc avec Cut Corners, gagnants du tremplin du Stock, et qui va proposer un Alt Metal/Metalcore assez simple mais accrocheur… s’il y avait eu du public. Alors bien sûr, on constate aux cris suraigus que les groupies sont présentes au premier rang, mais il est à peine 12h30 lorsque le groupe démarre, et le reste de la fosse est assez vide, laissant le groupe jouer son répertoire. Malgré cela, le groupe mené par Nikki (chant) redouble d’énergie, lâchant “je veux vous voir sauter” pour gagner nos faveurs, riant même de la situation avec un “on veut vous voir chanter, même si vous connaissez, pas faites semblant ! ». Mais au final, leurs efforts payent, puisque les musiciens finiront par jouer devant une fosse toujours assez timide, mais déjà un peu plus présente qu’au début, et qui applaudit pour leur ouverture.

Continuons avec l’énergie brute du Hardcore de Beyond the Styx, acteur de la scène venus de Tours et qui fête cette année ses quinze ans, mais qui a toujours envie d’en découdre, notamment lorsque le show commence et qu’Emile (chant) prend son micro. Les riffs sont bas du front mais extrêmement efficace, faisant débuter aux musiciens ainsi qu’au public un two-step bien énergique, et ce malgré le soleil. Le vocaliste s’autorise quelques petites blagues pour détendre l’atmosphère avant les moshparts comme “Vous êtes tellement chauds j’aurais du mettre de l’écran total” ou “Juste un conseil, lave toi les mains”, appelant à “un truc simple que vous savez faire depuis que vous mettez un pied devant l’autre : tout détruire”, mais je remarque surtout la puissance de leurs rythmiques qui reste la même du début à la fin, et qui ne laisse pas le public indifférent ! Première fois en live, et malgré ma relation compliquée avec le Hardcore, j’y retournerai volontiers !

La violence prend une autre forme avec Holycide, groupe espagnol extrêmement énergique dont le line-up a récemment subi quelques changements, et les plus attentifs reconnaîtront comme l’annonce Dave Rotten (chant) trois membres d’Avulsed. Annoncé comme du Thrash, mais avec d’énormes traces des Death Metal, le quatuor ne cesse de remuer pendant qu’il joue, mais toujours avec une précision remarquable, notamment sur les solos tranchants d’Alejandro Lobo (guitare). Entre deux morceaux, le vocaliste nous invite à les rejoindre dans leur frénésie malgré le cagnard avec ce “Come to the sun! Don’t stay in the shadows, let’s make it more Brutal!” qui va finalement débrider le pit, et permettre les premiers mouvements de foule. Loin d’être une découverte pour moi, le groupe a très largement convaincu aujourd’hui, et j’ai bon espoir que Mennecy propagera la bonne parole pour qu’ils reviennent très vite !

Le changement d’atmosphère est total avec les australiens d’Electric Mary, déjà aperçus dans nos contrées il y a peu, mais qui a annoncé effectuer cette année sa toute dernière tournée. Le show est similaire à 2023, les membres affichant une bonne humeur contagieuse derrière des riffs Hard Rock burnés et un peu groovy en plus de la voix rocailleuse de Rusty Brown (chant), qui nous annonce fêter ses soixante-cinq ans entre deux morceaux, avant d’enchaîner sur un “If I die tomorrow, you’ll be my last crowd and I’m happy with that”. Mais l’heure n’est pas (encore) à la nostalgie pour nos camarades de l’autre côté de la Terre, puisque leur set continue, que ce soit avec des passages fédérateurs qui ne manqueront pas de motiver la foule, ou des solos parfaitement effectués sortis tout droit des années 80. Une carrière relativement courte (22 ans), mais une fougue dont on se souviendra !

L’après-midi continue avec une autre rareté espagnole, Unbounded Terror qui a d’abord marqué la scène underground de son pays avant de disparaître, puis de renaître… juste avant la crise sanitaire de 2020. Mais qu’importe, Andrew Spinosa (basse/chant), Vicente Payá (guitare) et Engelbert Rodas (batterie) sont sur scène, et ils envoient des riffs d’une puissance inattendue entre Death Brutal et Old School devant une assemblée qui ne s’y attendait visiblement pas. A trois, les musiciens ont assez peu l’occasion de bouger, mais la fosse headbangue pour et avec eux, répondant à la moindre incitation du vocaliste pendant que le batteur semble en difficulté, mais est rapidement soutenu par les techniciens sur les côtés de la scène. Au final, le groupe aura facilement convaincu son audience, et ceux qui sont restés ont pris une bien belle claque en pleine face.

Retour en Menn’Stage pour Dropdead Chaos, dont j’avoue ne pas avoir suivi l’actualité récente, et qui propose donc un line-up mené par Renato Di Folco (chant) – soutenu par le guitariste Raf Pener aux voix – en pleine forme et Nils Courbaron (guitare) qui n’hésite pas à s’installer en plein centre de la scène pour ses solos, éclipsant ses deux camarades guitaristes ainsi que la section rythmique. L’énergie du groupe est communicative, et peu importe ce que le vocaliste demande, la fosse répond présente, que ce soit en sautant, hurlant ou courant de manière plus ou moins organisée avant de recracher quelques slammeurs. Les titres s’enchaînent non sans quelques interventions de Renato qui nous remercie d’être présents, rappelle à quel point les six musiciens sont impressionnés par notre vivacité, et me fera découvrir moultes cousins et cousines en affirmant “on vient de la même famille !”. Si toutefois on me demande ce que j’en pense, je répondrai qu’il manque un élément essentiel en me caressant la barbe.

La découverte du jour s’appelle Septaria, jeune collectif venu du sud soutenu par le label Klonosphère et qui propose un mélange hybride entre Post-Metal, éléments Prog, groove massif et passages aériens dignes d’influences Shoegaze. J’étais aussi sceptique que vous, mais force est de constater que leur son est très accrocheur, et que si la fosse était à peine remplie lorsque le groupe est monté sur scène, elle est bien plus conséquente lorsque je sors du pit photo ! A peine quatre années d’existence, mais les musiciens maîtrisent leur sujet, Hugo et Maxime se relayant au chant tout en maltraitant leurs guitares, mais laissant également parfois place à Baptiste (basse) au centre pour des moshparts bien énervés. La comparaison avec Gojira est inévitable, mais elle se fait évidemment pour les complimenter, et même s’ils ne jouent pas sur les murs d’un bâtiment en plein Paris, le public les applaudit pour leur performance.

Eux aussi font maintenant partie des habitués, c’est au tour des quatre enragés d’Akiavel d’investir la scène principale pour la troisième fois, et visiblement leur performance est toujours aussi attendue ! Le pit se forme rapidement pendant qu’Auré (chant) vocifère au centre, n’hésitant pas à rejoindre ses camarades Jay (basse) et Chris (guitare) avec qui elle joue et vit ses textes pendant qu’ils maintiennent une rythmique solide sous la houlette de leur batteur remplaçant, Ranko. Le set est principalement axé sur leur dernier album, InVictus, et plus le show avance, plus la fosse devient impraticable, que ce soit à cause du mosh incessant ou des slammeurs qui se laissent porter jusqu’à la sécurité, mais on notera tout de même de rares accalmies entre les morceaux, présentés par la vocaliste qui en dédiera même un à leur ami Fred, “parti trop tôt”. La furie reprendra bien vite, et le show est dirigé par les vagues de violence, notamment lorsque le groupe est rejoint par El Termito des Locomuerte qui assurera Cold, le dernier morceau du set, en leur compagnie, assurant la touche locale et Hardcore pour le plus grand plaisir des fans.

Retour au Metal bien Old School, celui qui tâche et qui nous a “lavé le cul avec de la lessive agressive” selon sa fondatrice, Witches qui prend d’assaut l’Eye Stage avec des riffs sans compromis entre Thrash et Death. Les premiers rangs sont occupés par des aficionados qui sont déjà en train de headbanguer quand Sibylle Colin-Tocquaine (guitare/chant) matraque sa belle Warlock en hurlant, mais les amateurs de mosh sont plutôt calmes en ce début de soirée, préférant remuer le crâne en rythme. Je ne suis pas assez connaisseur de la formation pour dater précisément chaque titre, mais leur son n’a de toute façon pas changé depuis sa première démo en 88, et les amplis hurlent lors des passages effrénés chaque note, complétés par les solos déchirants. Et si la dizaine de titres joués n’était pas suffisante, Mantas prendra sa guitare et rejoindra les quatre musiciens pour une reprise furieuse de Witching Hour, clôturant ainsi un set déjà démentiel en apothéose.

Je rejoins la grande scène où s’effectue le fameux tirage au sort du festival, et la quasi-intégralité des bénévoles est présente, accompagnés par les invités d’honneur, les Locomuerte, pour féliciter Dominique, gagnant de la guitare Ibanez flambant neuve !

La pluie s’invite pour l’entrée en scène de Loudblast, qui s’effectue comme il y a quelques semaines sur Crazy Train, mais qui va vite passer d’un des titres phares du Heavy à la destruction Death/Thrash que l’on connaît pour une nouvelle célébration des quarante ans du groupe. Au programme donc, un set best-of dont la moitié est ancrée dans Sublime Dementia et Cross the Threshold – deux de leurs sorties phares – avec un Stéphane Buriez (guitare/chant) toujours en pleine forme et qui n’hésite pas à quitter dès qu’il le peut son pied de micro pour haranguer une foule en pleine communion avec leur violence. Moi qui pensais que le public allait s’économiser pour la fin de la soirée, j’ai eu bien tort : la sécurité a eu fort à faire avec les très nombreux slammeurs qui ont rythmé les hymnes du groupe du début à la fin, encouragé par le vocaliste. Si vous avez déjà vu un show de Loudblast, vous savez à quel point le groupe est efficace sur scène, et il a encore une fois prouvé sa réputation de leader de la scène française underground.

Restons dans les pionniers de la scène avec Agressor, groupe assez rare dans notre région, mais qui a du talent à revendre depuis plus ou moins la même année que les deux précédents, et comme c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes, le combo ne va pas se gêner pour ressortir ses anciennes compositions ! Au centre, Alex Colin-Tocquaine (guitare/chant) harangue un public conquis et content de leur retour, présentant rapidement les morceaux pour maximiser la puissance de feu, et le résultat est largement à la hauteur de nos espérances ! Chaque titre est sujet aux habituelles séances de headbang frénétiques, et la fosse bouillonnante n’en peut rapidement plus tant le show est intense, maintenant une hargne constante autant dans la voix que dans l’instrumentale (mention spéciale au blast de César Vesvre dont le son est parfait pour une telle machine de guerre). Il va sans dire que la performance sera acclamée comme il se doit !

Dernier show de la journée, c’est au tour de Mass Hysteria de revenir à Mennecy, eux qui avaient participé à la première édition du Mennecy Metal Fest en 2013, et qui ont bien grandi depuis lors, se retrouvant propulsé à la place de clôture du festival. Dire que les “furieux” et les “furieuses” (le surnom des fans du groupe, pour ceux qui n’ont rien suivi depuis 15 ans) sont au taquet est une chose, le constater en est une autre : le groupe n’a pas commencé à jouer que la fosse se marche à moitié dessus, et il n’a fallu que quelques secondes aux slammers pour venir taquiner la sécurité… Au moindre geste de la part des musiciens, le public hurle, saute, remue, et pour peu que Mouss (chant) ou Jamie (basse) ne demande un quelconque mouvement, il est effectué et amplifié. Très peu habitué au répertoire du groupe, je noterai quelques phrases qui m’interloquent, comme “On est en pleine mutation, on continue d’évoluer !” qui introduisent les morceaux – dont certains qui prennent une dimension un peu accrocheuse à mes oreilles – mais tout ce qui compte, c’est surtout que le public passe un excellent moment et ne cesse de bouger du début à la fin. Selon certain “c’était trop ouf”, selon moi, j’ai pas vu la fin.

La cuvée 2025 du Mennecy Metal Fest prend fin, et le parc de Villeroy se vide lentement. Si pour certains, la reprise du travail n’est que dans quelques heures, personne ne regagne ses pénates sans un sourire accroché aux lèvres. J’aimerais remercier toute l’organisation du festival : la mairie et Jean-Philippe Dugoin-Clément qui sont à l’origine du projet depuis toutes ces années, mais aussi les services techniques et les bénévoles qui font l’âme du festival, et enfin MusikÖ_Eye qui m’ont renouvelé leur confiance ! Merci aussi aux copains croisés sur place pour tous les moments funs, et à l’année prochaine ! Maintenant, j’ai “quelques” photos à sortir, moi…

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