
Ma nouvelle expérimentation musicale s’appelle -ii-.
Prononcé “two eyes”, le projet existe depuis 2018 grâce à l’alliance de la chanteuse Hélène Ruzic et du multi-instrumentiste Benjamin Racine. Aidé par Maxime Keller (basse/claviers, Dvne, ex-Headbussa, ex-Smash Hit Combo) et David l’Huillier (batterie/percussions), le groupe dévoile son deuxième album, Apostles of Flesh.
L’album débute entre grosse rythmique et claviers étranges sur The Birth of Venus, mais l’arrivée du chant d’Hélène va adoucir le tout, conservant la touche inquiétante et oppressante avant de laisser les deux univers se rejoindre. Les éléments aériens hantent en permanence le son, comme une sorte d’avertissement qui nous notifie que les musiciens peuvent faire exploser leurs riffs à chaque instant, ce qu’ils ne se priveront pas de faire avant de passer à l’envoûtante et imprévisible Digging for Blood qui cache des moments de douceur apaisants. Là où le titre précédent était rythmé par la violence, celui-ci l’est par la quiétude hypnotique, et ne se montre véritablement chaotique que sur la fin avant de céder sa place à l’abrasive Lotis qui progresse entre les blocs sombres, laissant même la vocaliste s’abandonner un moment à la rage avant de revenir à sa douceur habituelle. L’atmosphère reste assez planante sur Sisyphus in Red qui traverse quelques intempéries aux touches Industrial marquées avant de revenir à ses tonalités enivrantes, mais le quatuor nous enveloppe à nouveau dans les ténèbres avec The Fountain of Helicon qui suit sans attendre et développe son propre voile d’incertaineté musicale. Le titre monte graduellement en intensité avant de nous libérer avec une certaine dose de frustration, puis on glisse naturellement vers Pearls beneath the Embers où touches cristallines rencontrent une batterie captive oppressante, mais qui se montre très calme lorsqu’elle se dévoile. La chanteuse finira par nous laisser avant que les instruments ne redeviennent inquiétants pour s’éteindre sur L’Onde et l’Abysse où piano et voix se mêlent pour proposer un interlude poétique en français avant de retrouver les tonalités imprévisibles sur Where the Diamonds are Hurl avec un clavier très répétitif, mais aussi une base instrumentale assez minimaliste. Le titre reste assez accessible jusqu’à ce que la vocaliste ne s’emballe, soutenue par la rythmique, mais une pause nous attend avant de retrouver ce climax transcendant que l’on abandonne pour Sisters of the Coven et ses effluves occultes qui prennent peu à peu vie en nous faisant littéralement perdre la notion du temps. Le final nous réveillera d’un seul coup avant de rejoindre Under the Skin qui entreprend à son tour de charmer notre esprit grâce à des tonalités volatiles et étouffées, mais aussi grâce à des harmoniques de guitare travaillées qui met lentement le feu aux poudres, puis le tout redescend vers When Beauty is a Crime où les percussions jouent un rôle majeur, accompagnant les volutes sonores environnantes qui se renforcent presque imperceptiblement. Le son s’éteint, puis revient nous hanter de plus belle avant de finalement laisser Virginia’s Mirror clore l’album avec sa douceur naturelle qui semble presque trop lisse à première vue, et qui réserve quelques surprises avant de véritablement s’abandonner au silence.
Apostles of Flesh est un album extrêmement long et complexe, qui demandera plusieurs écoutes pour véritablement en saisir l’essence. Mais une fois accoutumé à sa présence lancinante, -ii- saura se livrer à vous et murmurer ses plus profonds secrets à votre esprit.
75/100