
La légende de Frostmoon Eclipse est loin d’être finie.
Créé en 1994 en Italie, le groupe mené par Claudio Alcara (guitare, Aere Aeternus, Stroszek), Gionata Potenti (batterie, Chaos Invocation, Darvaza, Moloch, Nubivagant, ex-Blut aus Nord, ex-Fides Inversa…), Lorenzo Sassi (chant, Liber Null, Patristic) et Davide Gorrini (basse, Merihem, Stroszek) continue son partenariat avec Immortal Frost Productions pour la sortie de son huitième album, As Time Retreats.
Le groupe nous entraîne immédiatement dans une mélancolie entêtante avec Transient, le premier morceau, ajoutant des mélodies planantes à une base lancinante mais assez brute qui finira par accélérer pour accueillir les grognements. Le mélange s’apaise, restant inquiétant tout en développant du chant clair pour finalement rejoindre Truth Of The World qui repart dans une approche saccadée mais assez calme avant d’exploser en plein vol et de devenir à nouveau plus agressif. Un nouveau break nous offre un temps de répit avant que les riffs ne s’abandonnent à nouveau à la saturation, puis à une douceur douloureuse qui mène à Out In The Grey Light et à ses harmoniques hypnotiques. Là encore, l’agressivité vient plutôt du vocaliste, alors que les musiciens tissent une toile froide mais planante qui n’hésite pas à s’enflammer de temps à autres ou au contraire à devenir étrangement réconfortante, alimentant le contraste avant de laisser place à Universe Black Vacuum où les mélodies glaciales apparaissent à nouveau. Les parties vocales deviennent plus plaintives, mêlant cris et complainte, mais un solo viendra apaiser les esprits avant de repartir de plus belle dans cette tornade d’émotions, mais le morceau passe en un instant, et débouche sur Spectral dont l’introduction est également très enivrante. L’arrivée de la saturation met les influences Doom en lumière, mais les racines Black ne sont jamais très loin, embrasant certains passages avant de passer à No Place Left To Leave qui nous accueille de manière assez épurée, puis qui plonge une fois de plus dans la noirceur. Malgré des moments de flottement, le morceau reste assez virulent tout comme Char These Bones To Coal qui lui emboîte le pas et propose une intensité macabre dans les parties vocales qui accompagnent la furie avant de nous bercer. Les racines Old School nous emportent avec fracas vers la quiétude d’Eschaton, la dernière longue composition qui profite de ses touches lancinantes pour embellir sa saturation tout en la laissant par moment de côté pour créer un break brumeux avant que la course folle ne reprenne jusqu’au néant.
Bien que sa longévité soit un signe évident de qualité, Frostmoon Eclipse n’a absolument pas usurpé sa réputation ! Avec As Time Retreats, le pionnier du Black Metal italien n’hésite jamais à teinter sa noirceur d’une mélancolie palpable pour notre plus grand plaisir.
90/100