
L’attente du quatrième album d’Afsky est enfin terminée.
Intitulé Fællesskab (“communauté” en Danois), il célèbre la signature du groupe mené par Ole Pedersen Luk (chant/tous instruments, Heltekvad, ex-Solbrud) chez Eisenwald.
Velkommen til livet commence avec ce qui semble être une comptine, mais le son va rapidement se transformer en quelque chose d’inquiétant, puis devenir le Black Metal aérien et planant que l’on connaît, complété par les leads mélancoliques, puis les cris terrifiants de l’homme. Le son est glacial, cinglant et sans compromis, mais il s’apaise par moments avec l’apparition de choeurs pour compléter les harmoniques hypnotiques, et sans que l’on s’en aperçoive, le morceau laisse place à Den der ingenting ved tvivler aldrig qui démarre immédiatement et nous emporte dans son flot de fureur à toute allure. Les riffs s’apaisent, puis s’embrasent à nouveau avec un gémissement plaintif, rapidement remplacé par les rugissements d’Ole qui collent parfaitement à l’approche Old School viscérale même lors des passages plus lents et majestueux avant de passer à Natmaskinen qui fait renaître les cris plaintifs et nous apporte une dimension encore plus oppressante. Le contraste entre les différents éléments est saisissant, renforcé par les influences DSBM naissantes ou encore le break épuré qui sépare la première vague de la seconde, un peu plus agressive, et qui finira par laisser Arveskam lui emboîter le pas en revenant dans un style très direct où le blast mène la charge. Le titre propose des mélodies plutôt entêtantes et parfois même presque guillerettes, mais sa base reste forgée de noirceur, comme le prouve ce long hurlement strident un peu avant la partie finale planante qui nous permet de souffler avant que Flaggelanternes sang ne nous fasse replonger dans les ténèbres grâce à des sonorités funèbres et nous soumettant à son accablante lourdeur. Le musicien nous laissera heureusement reprendre nos esprits avec le break planant mais qui reste toujours douloureux avant de reprendre sa complainte avec une vélocité accrue, puis une douce mélodie pour rejoindre Svanesang qui émerge doucement des flots pour répandre à son tour sa tempête torturée, faisant de cette longue composition finale un véritable périple entre les éléments avec une agressivité profonde, puis finalement c’est à nouveau le calme qui s’impose pour faire des derniers moments de notre voyage un temps d’errance mentale.
Chaque album d’Afsky est une véritable épopée ténébreuse qui nous met face à des flots déchaînés de riffs virulents mais qui conservent leur mélancolie ancrée au plus profond d’eux mêmes. Le projet continue de s’améliorer, et Fællesskab trônera fièrement dans le haut du panier de la cuvée 2025.
95/100