
Sunken brille en 2025.
Après avoir signé chez Eisenwald, le groupe Danois mené par Martin Skyum Thomasen (chant), Simon Skotte Krogh (guitare, live pour Afsky), Jonas Faghtmann (basse, live pour Afsky), Joachim Højer Larsen (batterie, Glemsel) et Alexander Salling (guitare) dévoile Lykke, son troisième album.
Din røst malede farver i luften ouvre l’album avec un son cristallin qui finit par devenir mystérieux, rappelant les abysses avant qu’une première vague de saturation n’emporte notre esprit, rejoignant un hurlement viscéral. Bien que très brute, l’instrumentale reste planante et hantée par des rugissements qui apportent une humanité saisissante à la déferlante qui finit par ralentir pour offrir des tonalités majestueuses pour accompagner la complainte, se brisant nette pour mieux repartir avec des claviers rassurants jusqu’à Og det er lykke. Le son renaît très lentement, proposant une mélodie simple mais douce pour nous hypnotiser avant de finalement s’abandonner à la lourdeur, d’abord assez tranquille, puis qui explose d’un coup avec ce premier rugissement qui donne le ton, alimentant le contraste avec la beauté de la rythmique qui s’enhardit. On remarque des influences DSBM marquées dans la voix, rendant la progression glaçante jusqu’à cette première pause toujours troublée par les gémissements plaintifs qui finiront par convoquer une nouvelle fois cette saturation fabuleuse qui ne s’apaise que pour nous guider vers Glædesfærd, qui n’a rien d’une promenade de santé. Si la noirceur est très rapidement présente, elle s’intensifiera d’un seul coup pour offrir une nouvelle dimension aux parties vocales qui deviennent non pas des éruptions abrasives mais bien une couche supplémentaire de la mélancolie déchirante avant ce moment de flottement salvateur. Les riffs brumeux se laissent guider par les leads apaisants avant de finalement se métamorphoser en une dissonance reposante qui s’éteindra et nous autorise à souffler une dernière fois avant d’aborder Når livet går på hæld où l’atmosphère devient immédiatement plus pesante. Avant même de traduire le nom du morceau, on comprend pourquoi on se sent accablés par ces ténèbres, pourquoi les frappes sont plus solennelles, et surtout pourquoi tout notre corps s’engourdit sous la rythmique lancinante menée à la fois par des guitares éthérées et des claviers planants. On finit par douter : tout ce que nous entendons est-il bien réel ? Puis la rythmique s’embrase et nous souffle sans prévenir, nous ramenant à l’évidence et à la violence qui continuera plus doucement, mais avec cette même âme lacérée jusqu’à la berceuse finale.
Sunken a toujours su capturer l’essence de la noirceur pour la rendre encore plus viscérale, plus palpable. Il existe nombre d’albums viscéraux, mais Lykke est sans aucun doute l’un des plus saisissants et enivrants qu’il m’ait été donné d’écouter.
95/100