
Blindfolded and Led to the Woods a quinze ans.
Pour marquer le coup, Stace Fifield (chant), Stuart Henley-Minchington (guitare, Voice of the Black Pharaoh), Nick Smith (basse, ex-Bloodnut, ex-Yarnspinner), Dan Hayston (guitare/synthétiseurs) et Anthony Coota (batterie, Somnium) dévoilent leur cinquième album, The Hardest Thing About Being God Is That No One Believes Me.
L’album débute sur l’inquiétante Arrows of Golden Light, composition la plus longue qui instaure d’abord une atmosphère angoissante avant de nous exposer à l’imbroglio de riffs sous des hurlements bruts et sans compromis qui mènent la charge. Les habitués retrouvent leur tempête rythmique tandis que les néophytes seront ébahis par la puissance et la cohérence du chaos dissonant qui sévit, passant d’une complexité fascinante à des instants de violence pure ou à ce break plus léger mais effrayant où le vocaliste danse avec des harmoniques très douces qui s’enflamment pour finalement rejoindre Cafuné qui propose une approche plus directe. Le titre est plus court, mais il s’autorise tout de même des patterns saccadés pour mettre les synthétiseurs en lumière avant de finalement sauter sur Red qui reprend cette violence effrénée et l’intensifie pour la rendre viscérale, même lors des moments plus planants. On se retrouve pris au piège dans les vagues de brutalité et de technicité exacerbés, et la seule échappatoire possible se trouve être Compulsion, titre suivant qui accélère à nouveau le mouvement et adopte des nuances encore plus virulentes ainsi que des passages groovy mais extrêmement lourds avant de passer au morceau éponyme, The Hardest Thing About Being God Is That No One Believes Me. Là encore, le groupe ne nous laissera aucun répit, couplant sa puissance de feu avec une atmosphère oppressante au possible avant de daigner nous accorder un petit temps de légèreté sous couvert de dissonance, mais renouant bien vite avec la rage et scandant le nom du morceau avant de passer à la très courte Snow Angel. Moins de deux minutes, les riffs vont droit au but en plaçant ça et là des harmoniques intrigantes puis un final pesant, et on revient dans les ténèbres avec Black Orchids et ses touches travaillées suivies par les vociférations ravageuses qui accentuent l’angoisse rémanente qui perdure même lors du break moderne, et qui se confirme avec la déferlante qui suit. On notera le solo rafraîchissant avant la reprise du matraquage, puis Totem reprend le flambeau tout en nous assénant une nouvelle vague de frappes déterminées entrecoupées de ces nappes sombres et impénétrables qui nous rouent de coup, cependant les musiciens sont cléments, et nous réservent un break étrange mais salvateur. La douceur résonne mais ne dure pas, et le vocaliste se met à clamer un discours avant de revenir à ses grognements pour nous mener à 600 Milligrams qui débute avec les claviers, suivis par une guitare et enfin le reste du groupe qui nous écrase à nouveau par périodes et ajouter toujours plus d’influences vindicatives. Les éclats de rire sont à nouveau très stressants, mais Coalescence viendra nous en sauver avec une douce mélodie pour finalement mieux gérer son explosion de lourdeur et de riffs enchevêtrés, mais on découvre avec surprise un passage assez aérien où une voix féminine règne et impose sa quiétude jusqu’aux derniers instants.
La complexité de Blindfolded and Led to the Woods participe à la réputation du groupe Néo-Zélandais, mais elle atteint un niveau supérieur avec The Hardest Thing About Being God Is That No One Believes Me. Personne ne sort indemne de cette expérience aussi sombre que chaotique.
95/100