Enthroned est de retour parmi les vivants.
Après une période de calme, le groupe réunissant Nornagest (chant, The Beast) et Menthor (batterie, Bestia Arcana, Death like Mass, Nightbringer, Epping Forest…) recrute T. Kaos (guitare/basse, Death like Mass, Lvcifyre, Sodality) pour délivrer son douzième album, Ashspawn, via Season of Mist.
Crawling Temples nous accueille dans un univers angoissant rapidement peuplé par les vociférations torturées de Nornagest puis par les riffs massifs infusés de tonalités Old School virulentes qui rendent l’atmosphère à la fois glaciale et agressive. Le vocaliste sait se montrer plus théâtral pour relancer l’assaut, mais c’est avec Basilisk Triumphant qui prend la suite que l’on prend vraiment conscience du côté lancinant du son qui s’offre même quelques leads perçants, mais également des moments de furie viscérale. Le morceau passe cependant un peu trop vite la main à l’imposante Stillborn Litany et à ses tonalités profondes et oppressantes qui, couplées à la violence des racines du groupe, s’en retrouvent décuplées et contrastent les passages plus lents. Le final entêtant nous permet de passer en douceur au dévastateur titre éponyme, Ashspawn, qui nous inonde de sa noirceur et se montre particulièrement étouffante, s’orientant vers une dimension assez inhabituelle mais qui sied parfaitement à la force de frappe que l’on connaît au groupe. On retrouvera tout de même quelques touches plus Old School notamment dans les leads chaotiques, puis Raviasamin lui emboîte le pas avec une introduction ritualistique qui contaminera l’assaut du titre entier et autorise des parties vocales bien plus diversifiées qu’à l’accoutumée. La courte Sightless revient au son rugueux et abrasif du Black Metal tout en lui autorisant des envolées plus lentes ou même dissonantes, en particulier sur le solo, mais l’assaut revient avec Chysalid qui nous apporte une touche assez mélodieuse alors même que Nornagest se déchaîne. Le morceau prend lui aussi assez vite fin, permettant à Ashen Advocacy d’installer son atmosphère oppressante avec une intro entêtante et quelques samples, puis le groupe attaque à son tour, très lent et saccadé, mais la rythmique explose sur la deuxième moitié du titre avant de se briser dans sa course et revenant à la lenteur. On notera un dernier embrasement avant de rejoindre Assertion qui met un certain moment à démarrer, mais qui reste tout aussi massive que ses prédécesseurs et qui nous réserve des vagues de violence sombre avant d’invoquer les forces obscures pour clore l’album.
Ashspawn a été décrit comme leur album le plus ambitieux, et je comprends pourquoi. De ses racines virulentes et glaciales à des passages étouffants emplis de vociférations infernales, Enthroned sait à présent comment rendre ses arts sombres transcendants. Le groupe a définitivement franchi un cap.
95/100
