Live Report : Groza + The Spirit + Nornir + Antikvlt – Backstage By The Mill

La fin de l’année approche, et il est déjà l’heure de l’avant-dernier concert de l’année avec le tant attendu retour de Groza en tête d’affiche.

Très fier de son dernier album, Nadir, le groupe allemand le célèbre à travers l’europe en compagnie de The Spirit, Nornir et Antikvlt, trois formations qui distillent leur propre incarnation du Black Metal, et qui assurent une soirée ténébreuse à souhaits pour l’O’Sullivans Backstage by the Mill, organisée par nul autre que Garmonbozia Inc. !

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Antikvlt est le premier groupe à monter sur scène ce soir, et c’est après une introduction particulièrement dissonante durant laquelle on observe Daniel Johansson (batterie), P.G. (basse/choeurs) et U.A. (guitare) s’installer que le show est lancé avec l’arrivée de Chris Marrok (chant), qui dynamise son Black Metal aux accents Punk acérés. Le son est sale mais particulièrement bien géré, faisant à la fois honneur à la rythmique Old School menée par une section rythmique solide et quelques leads perçants, mais également aux vociférations du meneur au centre (quelquefois aidé par son bassiste), qui ne cesse d’haranguer un public un peu timide, mais réceptif à base de”Come on Paris! » ou « Thank you for this Paris ». Chris le rappellera, mais le rôle d’un groupe d’ouverture est de faire monter la pression, et il nous annoncera solennellement “We want to cross some lines with you tonight… whatever that means” pour l’avant-dernier titre, puis le dernier qui mettra tout le monde d’accord sur une chose : le groupe a de l’avenir et mérite bien plus qu’un seul album au vu des acclamations.

Setlist: What Love Can’t Buy – Red Light Suicide – No Rest for the Sacred – In Darkness They Trust – Crossed Lines – In Despendency

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On continue avec l’arrivée de Nornir, seul groupe que je découvre ce soir, et qui revendique des influences Pagan très marquées en plus d’un visuel Black Old School (à en juger par le maquillage et les bracelets à clous des guitaristes). L’introduction passée, la guerre est déclarée par Lethian (guitare/chant) sous des lumières rouges pour le moins peu conciliantes avec le photographe que je suis, et les riffs s’enchaînent à bonne allure pendant que la vocaliste hurle comme une banshee possédée. Si le bassiste est relativement calme, Angrist (guitare) n’hésite pas à se mettre en avant lors de ses parties leads, toujours dans l’ombre, pendant que le batteur matraque ses fûts (et est d’ailleurs le mieux éclairé du set). Les morceaux s’enchaînent, rapidement présentés par la vocaliste, mais la lumière ne s’améliore pas, et bien que les riffs soient abrasifs à souhaits et que les musiciens nous offrent de quoi remuer frénétiquement le crâne du début à la fin, on aurait aimé pouvoir entrevoir un peu plus que quatre silhouettes qui headbanguent en jouant. Les quatre allemands reçoivent tout de même des applaudissements mérités.

Setlist: Vígr – Krigsrop – Pest – Galdr – Høst, du ville kraft – Dedicated to the Night – Ere the World Falls – Valr

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Quelques spots lumineux sont disposés au sol alors que The Spirit s’installe encore, et lorsque leur introduction cosmique retentit, suivie de MT (guitare/chant) qui s’exclame “We are The Spirit, and the next 50 minutes you’ll get fuck by cosmic storm”, l’intégralité de la salle sait que le moment sera grandiose. Le groupe n’a pas menti, et leurs riffs nous soufflent en un rien de temps lors des passages les plus virulents, profitant des influences Prog pour nous laisser respirer pendant que les lumières nous aveuglent de flashs bleus, verts ou rouges, laissant les musiciens aligner leurs parties avec une précision rare. Stanley Robertson (guitare) et Kevin Schautzer (basse) heabanguent en jouant pendant que le vocaliste reste principalement stable au centre sous la double pédale furieuse de MS (batterie), et le groupe reste toujours aussi cohérent dans sa dualité entre complexité et rage brute. Entre deux morceaux, le vocaliste n’hésite pas à prendre la parole, lâchant même “c’est un honneur d’être ici ce soir” dans un français impeccable avant de reprendre, toujours avec le même doigté et la même intensité. Les lumières ne vont pas s’améliorer non plus, nous proposant toujours une violence qui colle avec les touches toujours plus grandioses et dissonantes des musiciens, mais c’est finalement après huit morceaux que le groupe déposera les armes, et se laissera à son tour applaudir.

Setlist: Against Humanity – Room 101 – Repugnant Human Scum – Celestial Fire – Pillars of Doom – Illuminate the Night Sky – Cosmic Rain and Human Dust – The Clouds of Damnation

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La scène est réaménagée avec le pied de micro orné et le tapis floqué du logo de Groza, et à l’heure dite, la lumière se baisse, laissant les quatre musiciens entrer. L’atmosphère est lourde et bleutée, mais lorsque le groupe se retourne et que P.G. (basse/chant) hurle “Paris come on motherfuckers!”, le show débute enfin, et le groupe laisse exploser toute sa puissance autant en riffs qu’en hurlements transcendants. T.H.Z. (batterie) et S.R. (guitare) tiennent une rythmique parfaite pendant que U.A. (guitare/chant) apporte quelques hurlements supplémentaires, et là où il y a quelques années les morceaux s’enchaînaient froidement, P.G. prend plus souvent la paroles entre les morceaux, lâchant remerciements ou haranguant un public totalement acquis. Un peu trop acquis d’ailleurs, à en juger par les hurlements d’ivresse qui viennent du côté du bar pendant les breaks aériens où la quasi-intégralité de la fosse retient son souffle – et pour quelques uns ses larmes – mais passons. La saturation reprend de plus belle à chaque fois, le groupe et la fosse hurlent à l’unisson, remuent le crâne et se laissent emporter dans cet océan de mélancolie dévastateur ballotté par une maîtrise incroyable qui semble sans fin, et pourtant… alors que l’on croyait les meilleurs moments du concert passés grâce à une setlist monumentale, les premières notes de Daffodils retentissent sur la bande. P.G. prend alors la parole, à bout de souffle : “It’s been a fucking difficult day for me today”, dédiant à nouveau ce titre à leur frère d’armes Mike, ancien bassiste du groupe décédé, puis soufflant une dernière fois avant que le morceau ne commence vraiment, nous prenant tous aux tripes. Ce titre, je le connais, je l’ai écouté des dizaines de fois, mais l’entendre en live, c’est toujours autre chose, et voir le vocaliste à genoux à certains moments me brise une fois de plus le coeur, mais je peux affirmer une chose : ce concert est assurément l’un des plus bouleversants de Groza qu’il m’ait été donné de voir.

Setlist: Soul : Inert (sur bande) – Asbest – Ouroboros – Elegance of Irony – The Redemptive End – Equal. Silent. Cold. – Dysthymian Dreams – Unified in Void – Deluge – Daffodils

La pression peine à redescendre dans la salle, et malgré la fraîcheur de la nuit, les esprits sont encore loin d’avoir tous regagné leurs corps respectifs. Groza a livré ce soir une performance dantesque devant un O’Sullivans Backstage by the Mill médusé de leur puissance, et qui a largement profité des trois univers différents de The Spirit, Nornir et Antikvlt. Il est évident que Garmonbozia Inc. a le chic pour nous proposer des soirées incroyables, mais celle-ci restera dans le haut du panier de 2025 !

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