
La fin de l’année semble morose pour Jours Pâles.
Toujours mené par Spellbound (Aorlhac), le projet collabore une nouvelle fois avec Les Acteurs De L’Ombre Productions pour dévoiler Resonances, son quatrième album.
La batterie est enregistrée par Ben Lesous du studio B-Blast Records (DarwiN, Devoid), et on retrouve SD. Ramirez (Psychonaut 4) à la guitare lead ainsi que Pereg Ar Bagol (Boisson Divine, Skiltron) à l’accordéon.
Etant un fervent auditeur de Jours Pâles, je remarque immédiatement un changement : la pochette de Sébastien Grenier est assez différente des autres, beaucoup plus violente mais toujours aussi symbolique. Côté son, l’album débute avec La frontière entre nous et le néant, instrumental qui nous propose immédiatement une immersion dans les tonalités entêtantes, créant une sorte de danse un peu folle qui mêle claviers et riffs accorcheurs avant que la fureur ne sévisse, nous entraînant sur le hurlement viscéral de la longue Une splendeur devenue terne. La verve travaillée et brutale de Spellbound nous saisit immédiatement à la gorge pendant que lui vocifère sur une rythmique très saccadée – ponctuée de quelques pauses en son clair – aux influences clairement empreintes de Black Metal, mais aussi de mélodies beaucoup plus guillerettes, créant un contraste aussi fascinant que dérangeant qui permettent d’apaiser n’importe quelle vague de violence. Le vocaliste nous invite à le rejoindre dans sa décadence avant que sa complainte ne prenne fin pour laisser L’essentialité du frisson prendre la suite avec une dissonance chaotique qui attire rapidement notre attention sur les parties vocales omniprésentes et enchaînées qui teintent naturellement la composition de ce voile aussi imposant que malsain. Le mélange guitare lead et accordéon donne une touche encore plus brute et presque festive au climax final qui nous laisse finalement respirer avant que Cinéraire ne développe sa froideur avant d’entrer en éruption avec un hurlement déchirant qui donne le ton à l’entièreté du morceau qui semble animé de cette énergie du désespoir très communicative. Les riffs trébuchent, se relèvent, tombent à nouveau, puis nous précipitent vers Incommensurable (chanson pour Aldérica II), nouvelle instrumentale qui fait évidemment écho à un titre du deuxième album (Tensions, sorti trois auparavant presque jour pour jour) en nous offrant d’abord un moment de répit grâce à des harmoniques planantes, puis qui charge avec une rythmique plus vive, conservant cette touche de liberté dans les leads. Les plaintes de Kim Carlsson (Kall, Hypothermia, Ritualmord, ex-Lifelover…) rejoignent Mouvement ostentatoire rémanent totalitaire pour un duo intense entre suédois et français sous des riffs toujours plus sombres et mélancoliques, délivrant une furie rare avant de faire place à Viens avec moi. Si le nom de cette composition est relativement simple, il est inversement proportionnel avec la guitare lead qui tisse ce voile de complexité qui sert de base à la rythmique pour s’enflammer régulièrement, avant de finalement nous laisser reprendre notre souffle avant l’agressivité de Savile. Le titre démarre sur les chapeaux de roues, revenant parfois à des racines plus tranchantes que l’on reconnaît du premier album tout en embrassant les nouvelles influences qui rendent la rythmique presque imprévisible avant la douceur manifeste de La plus belle des saisons, corrompue par les parties vocales. La saturation finira par retrouver ses droits et nous développer en compagnie des harmoniques une base presque aérienne pour un tel discours, presque trop légère mais qui passe vite la main à 10-11-2021, dernier morceau qui est également instrumental, clôturant l’album entre claviers, percussions et guitares criardes avant le silence.
Depuis même avant son premier album, Jours Pâles m’est apparu comme un projet fascinant, et bien que son évolution soit palpable, il le reste. Resonances porte très bien son nom, et il n’a pas fallu bien longtemps à certains titres pour commencer à me hanter rien qu’après la première écoute.
95/100