Si on m’avait dit il y a quinze ans que le parc de Villeroy allait accueillir un festival de Metal, je ne l’aurais pas cru. Pourtant, le Mennecy Metal Fest est bel et bien là !
Et cette année, nous avons droit à la crème du Metal français, ainsi que deux groupes internationaux pour le vendredi : Prong et Septicflesh ! Pour ma part, c’est un peu la course en sortant du bureau, mais j’arrive à l’heure pour l’ouverture du festival. Les bénévoles sont motivés, les festivaliers savourent déjà leur première boisson… on est partis.
Et c’est Jades qui a l’honneur d’inaugurer cette édition du festival. Avec un mélange de Hard Rock, Heavy Metal et de l’énergie à revendre, les quatre demoiselles réveillent peu à peu la fosse, qui n’est pas bien compacte à l’heure du goûter. Une rythmique pleine de fougue, des leads servis par Taïphen (guitare), un chant aussi motivant que motivé… la journée commence bien. “Ça va Mennecy? Cette chanson elle parle d’un sujet qui nous tient à coeur, il y a des gens qui pensent que les femmes ont pas notre place ici, et surtout sur scène… ça s’appelle I Don’t Care!” lance Cherry (guitare/chant) alors que les riffs du combo emplissent à nouveau la salle. Très complices sur scène, les quatres filles se rejoignent souvent devant la batterie de Chloé pour grimacer ensemble avant de revenir faire face au public. Haranguant la fosse, Lindsay (chant/basse) en profite pour annoncer le titre suivant. “La prochaine qu’on va jouer on prend des risques parce qu’on l’a jouée pour la première fois y a moins d’une semaine et on l’a écrite y a deux semaines !”. Pourtant, The Hard Way est bien reçue par un public bien réveillé, et le dernier titre de leur set clôt une courte mais intense performance !
Setlist: D.E.a.D – The Only Thing You See – Cherry Bomb – I Don’t Care – For Rock’n’roll – The Hard Way – Be my Freak
On reste sur un Heavy Metal traditionnel avec l’entrée en scène de Lonewolf Corp, menés par l’énergie communicative de Luc (guitare/chant). Posant au centre avec son instrument, il ferait presque de l’ombre à Julien (guitare) et Ian (basse/choeurs) qui reculent parfois devant les bannières de scène aux couleurs du groupe. “Alors, ça va ?” demande le leader de la formation française. Et comme au show précédent, c’est une fosse assez peu remplie qui lui répond, mais le groupe enchaîne avec une rythmique solide tenue par Toff (batterie) et des riffs créés dans la plus pure tradition du Heavy. Et le charisme des musiciens leur permettra de tenir le public en haleine, motivant en permanence la fosse qui finira par headbanguer au rythme des compositions du groupe, qui sera remercié comme il se doit.
Setlist: Howling with the Wolves – V8 on the Highway – Watch Out – I’m on the Run – In the Dark of the Night – Hellfire – Red and Black – Long Day in Hell
Restons dans ce registre Heavy avec KOB, qui investit la scène après une rapide présentation de la part du directeur du festival. Survolté, Stéphane Graziani (chant) toise le public qui commence à se remplir. “Comment allez-vous ce soir ?” lance t il, mais la fosse est calme et répond à peine. Peu importe, Thierry Huylebroeck (guitare), Jean Michel Berger (basse) et Rodolphe « Rudy » Bousquet (guitare) enchaînent les riffs perçants sous les frappes de Bruno Laguide (batterie) en souriant. “Merci d’être venus aussi tôt un vendredi ! C’est à cause des grêves ?” ironise le chanteur. Et entre deux traits d’humour, c’est une rythmique plutôt groovy et pleine de petites parties lead dynamiques qui emplit le théâtre de Mennecy, ce qui semble plaire à l’assemblée. Les musiciens n’hésitent pas à se placer sur les retours pour jouer, le tout avec quelques choeurs. Mais que ce soit lors des parties plus lourdes ou des envolées de la part du soliste, la musique de KOB est accrocheuse, et c’est avec des acclamations qu’ils partiront de scène.
Setlist: He’s Coming – Reverend Colleen – Watch Dog – Till Death – Strafe the Underdogs – Small Wars – The Hill – Love to Love
Après une petite pause, c’est ADX, formation légendaire du Heavy made in France qui déboule sous les pires lumières de la journée. Mais cela n’entame pas la motivation des musiciens, qui sautillent en quasi-permanence. Phil Grélaud (chant) mène le bal et harangue la fosse pendant que Nicklaus Bergen et Neo (guitares) rivalisent d’harmoniques sur la solide rythmique de Julien Rousseau (basse) et Didier “Dog” Bouchard (batterie). “Hey Mennecy! Vous êtes la ?” demande le chanteur avant que la rythmique ne reparte de plus belle. Quelques accents Speed/Thrash s’invitent alors dans les riffs, et c’est avec un plaisir non dissimulé que la foule se retrouve happée dans l’univers de la formation. Un chant en français bien maîtrisé achèvera de convaincre les plus réfractaires, et c’est sans pause que le groupe francilien enchaîne les morceaux. Jouant entre eux, les musiciens enflamment littéralement l’assemblée, qui reprendra en choeur les refrains fédérateurs qui datent parfois d’une bonne dizaine d’année, donnant une seconde jeunesse à ce style qui semble intemporel.
Setlist: Mémoire De L’Éternel – Déesse du Crime – Notre-Dame de Paris – Red Cap – L’Etranger – Suprématie – Division Blindée – Caligula
Blóð inaugure la MusikÖ_Eye stage, petite nouveauté de cette édition 2019, avec malheureusement un petit raté au début. Mais les riffs pesants d’Ulrich W (guitare) combiné à la batterie martiale de Rach et à la voix enchanteresse d’Anna W (chant) emplissent alors l’air, et on oublie bien vite les spots rouge vif qui nous aveuglent pour se concentrer sur la musique sombre et planante du combo. “Ca va Mennecy ?” demande alors la chanteuse à une foule éparse qui semble surprise par ce son qui mélange beauté et noirceur. Mais leur ôde à la mort sera entachée par un spectateur qui a visiblement abusé de la boisson et qui se contente de brailler pendant le show. Ce détail mis à part, on en redemande !
Changement total d’univers pour le Metal Alternatif teinté d’Indus engagé de Sidilarsen, dont l’énergie communicative emporte toute l’assemblée dès le début du show. “Séparez vous !” hurle d’emblée David “Didou” Cancel (chant), offrant au festival son premier wall of death. Entre les écrans, Samuel “Turbo” Cancel (batterie) matraque ses fûts pendant que Benjamin “Viber” Bury (guitare/chant) harangue la fosse en hurlant. Côté rythmique, Benjamin “Benben” Lartigue (guitare) et Sylvain Sarrobert (basse) envoient des riffs massifs tout en sautillant, alors que la fosse headbangue et se rentre dedans joyeusement. Nourris par une rage intense et un discours dénonciateur, les musiciens se donnent pleinement dans leur show, et il est impossible de ne pas adhérer à cette énergie. “Allez Mennecy, est-ce qu’on peut retourner le 93 ?” demande le chanteur. “Le 91 !” corrige-t-il après quelques secondes, et c’est leur deuxième titre qui frappe de plein fouet la foule. Les riffs sont efficaces, et tout le monde se prête au jeu. Les musiciens prennent à peine quelques secondes pour respirer entre les morceaux, et l’intensité de leur set ne redescend pas pendant toute la durée de leur prestation.
Setlist: À VIF – MONEY GAME – Retourner la France – Guerres à vendre – GOD’S GOT GUNS – INTERDIT DE SE TAIRE – ZERO UN ZERO – La Morale de la Fable – WE COME TO GET IT – Back to Basics – Comme On Vibre – Des Milliards
Retour sur la petite scène extérieure pour la seconde dose de noirceur avec Moonskin. Un sublime mélange entre des harmoniques aériennes, une rythmique lourde à souhaits teintée de Doom, un chant clair servi par Delora (chant) masquée et très théâtrale, mais l’univers devient beaucoup plus violent lorsque la demoiselle retire son masque, et que les riffs changent. Mêlant plusieurs influences allant du Heavy au Death, Rachid “Teepee” (batterie), Sami Hadhri, Cyril « Keldon » Verchere (guitares) et Arnaud « Nours » Segui (basse) enchantent le public, qui est finalement venu en masse pour profiter du spectacle. Et c’est devant les barrières que la chanteuse hurlera, au plus près du public, avant de remonter sur scène, sous les lumières mystiques de la scène. Seul point noir de cette très courte performance, l’homme éméché de tout à l’heure n’a visiblement pas réduit sa consommation et montera sur scène, offrant une petite frayeur au service de sécurité qui le délogera. Mais pour ma part, c’est une excellente découverte !
Annoncé comme un véritable événement, Prong saute littéralement sur les planches et c’est sous les frappes puissantes d’Aaron Rossi (batterie) que Tommy Victor (guitare/chant) et Jason Christopher (basse/chant) commencent tout simplement à courir sur scène. “Comment ça va ?” lance Tommy dans un français parfait avant de repartir. Et l’énergie du groupe se ressent également dans leurs riffs qui mêlent Thrash, Groove, Hardcore, Metal Industriel et autres influences, donc c’est sans aucun mal que le trio occupe pleinement l’espace qui sera le leur pendant plus d’une heure. Le public apprécie visiblement le show, puisque c’est en headbanguant qu’ils se joignent au groupe, et la fosse entière remue au rythme des titres des américains. Totalement déchaînés, les trois compères se donnent à 100% dans leur show, et enchaînent les morceaux avec le même entrain. “Fuck yeah, merci la France ! Ca va mon ami ?” lâche alors Tommy en reprenant son souffle. Mais la machine repart de plus belle, avec des morceaux courts mais tout aussi efficaces les uns que les autres. Mais la batterie d’Aaron souffre régulièrement de petits soucis de son, qui sont réglés un par un grâce à une équipe technique très réactive, et c’est toujours avec la même énergie que le batteur continue son oeuvre, nous offrant une rythmique très carrée. Le show touche à sa fin, et c’est notamment avec la très connue Snap Your Fingers, Snap Your Neck que Prong nous prouve qu’ils maîtrisent parfaitement leur job. Il va sans dire que le groupe sera remercié comme il se doit par une foule heureuse d’avoir assisté à cette prestation.
Avec un peu de retard et des réglages terminés , Septicflesh envahit la scène. Le sample introductif est attendu comme le messie, et nous observons donc Krimh (batterie) prendre place, ainsi que Spiros “Seth” Antoniou (basse/chant) s’installer au milieu de la scène. “Are you ready to destroy?” lance t il alors que la rythmique s’apprête à frapper le théâtre. Et la fosse lui donnera raison, en se déchaînant pendant que les musiciens headbanguent. Très calme comme à son habitude, Christos Antoniou (guitare) aligne ses riffs sombres et mystiques pendant que Psychon (guitare) headbangue au plus près de la scène. Mais malgré la volonté des membres, quelques problèmes de son contraindront Seth à laisser sa basse aux techniciens sur la fin de Pyramid God avant de revenir hurler devant nous. “We are Septicflesh from Athens greece… it is late but I will ask you something… do you still have energy? We need your energy!” lâche le frontman peu après qu’un slammeur ait été récupéré par la sécurité. Terriblement bien huilée, la machine repart, avec les samples et les jeux de lumière agrémentés de fumée qui prennent un tout autre sens dans ce théâtre. Le chanteur harangue la fosse en permanence, et c’est une réponse unanime qu’elle lui donne, remuant dans tous les sens. Et heureusement, le son se bonifie au fil des titres, ce qui nous permet d’apprécier à leur juste valeur les compositions des grecs, qui les interprètent de façon magistrale. “We will go back in time now…” déclare le chanteur avant que la lourde Communion ne nous tombe dessus sans crier gare. “We need your support now, show us your devil corns!” hurle Seth entre deux morceaux. Et les habitués comprennent déjà ce qui va se passer lorsque le frontman déclare “Now my friends, I will count to three and you destroy!”. Ca n’a pas manqué, Septicflesh assène claque après claque au public français, en particulier sur la mythique Anubis. Le dernier morceau arrive un peu trop vite à mon goût, mais ce qui est sûr, c’est que le groupe va revenir nous voir très vite avec un nouvel album, dont l’enregistrement est prévu pour la fin d’année, selon le chanteur. Les remerciements seront à la hauteur de leur excellente prestation.
Setlist: Portrait of a Headless Man – Pyramid God – Martyr – Prototype – Enemy of Truth – Communion – The Vampire from Nazareth – Prometheus – Lovecraft’s Death – Anubis – Dark Art
Les univers étaient très différents, mais tous les groupes ont donné le meilleur d’eux même à chaque concert. Si mes préférences vont aux groupes les plus extrêmes, j’ai eu plaisir à découvrir les formations françaises qui ont joué aujourd’hui, et qui me laissent penser que nous allons avoir d’excellentes surprises musicales très rapidement ! En attendant, il est l’heure de rentrer car la journée du lendemain sera chargée !