Interview: Verdun

Interview

Une petite heure avant l’ouverture des portes, je prends place au bar de l’Espace B avec Verdun, venus défendre les couleurs d’Astral Sabbath, leur nouvel album qui sort le 15 novembre chez Throatruiner Records et Deadlight Entertainment.

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Salut et merci de m’accorder un peu de temps ! Pourriez-vous présenter le groupe et son style musical ?
Florian Celdran (basse) : Je dirais que Verdun c’est une sorte d’amalgame de tout les genres musicaux un peu lourds. On peut avoir des passages un peu Stoner, un peu de Doom, un poil de Sludge, du Hardcore, du Metal… tout ça un peu mélangé. Et notre truc c’est que c’est tout le temps lourd, mid-tempo… Après pour mettre une étiquette précise dessus… je sais pas si c’est très intéressant.

Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Florian : J’ai choisi ce nom là il y a quelques années parce que je trouvais que c’était un nom propre, le nom d’une ville qui n’avait pas vraiment de sens particulier, mais quand on entend le nom de “Verdun”, ça a une résonnance particulière. C’est plus ce que ça renvoie comme image, vu que tout le monde pense à la bataille de Verdun… Et j’ai trouvé que c’était assez intéressant comme nom de projet. Et c’est à partir de là que toute la musique s’est créée, j’ai eu le nom avant de faire la musique. Et ensuite j’ai essayé de m’imaginer ce que ça pourrait être la musique qui pourrait coller au nom.

Mais du coup à la base il n’y avait pas vraiment de lien avec la bataille de Verdun ?
Florian : Non. Après, quand on a commencé à jouer et écrire des paroles, on a pas voulu rentrer dans ce concept autour de Verdun, de la bataille, de la guerre… Nos paroles sont plus sur la Science-Fiction, on aime ce délire.


Quelles sont vos influences ? Autant pour les paroles que la musique.
Florian : Comme je te disais, les influences musicales c’est un peu la somme de toute ce qu’on écoute… Neurosis, Pentagram, des groupes de Doom, Sludge… Cult of Luna ou des groupes dans le genre. Et aussi d’autres influences un peu moins évidentes comme Alice in Chains qui fait partie des groupes qui m’ont le plus influencé. Ou encore Bolt Thrower. Ca ne ressemble pas du tout à ce qu’on fait, mais c’est ce qui moi m’aide à trouver un peu d’inspiration parfois.

J’ai remarqué des passages en français, en anglais et des samples dans d’autres langues comme du japonais, pourriez-vous m’expliquer ce choix ?
Florian : En fait on a un seul moment en français, qui est sur le disque qui va sortir, sinon c’est surtout en anglais. Tiens, pourquoi t’as choisi d’écrire un morceau en français ? Un hommage à ADX (rires) ?
David “Dadou” Sadok (chant) : Je pense qu’il y a…
Florian : Notre chanteur Dadou est très fan des groupes français, ADX, Sortilège
David : Je pense que c’était juste pour changer. A la dernière minute je pensais pas le faire…
Florian : Et les samples en japonais en fait, c’est que nos trois disques… enfin notre EP et nos deux albums ça parle d’un même personnage. C’est une sorte de trilogie qui parle de ce personnage qui est japonais. Du coup pour faire rentrer le sujet…
David : On a voulu intégrer ça au background en fait. Et pour le français, j’ai fais ça en “cadavre exquis” en fait. On écrit, on fait des pliages, on écrit encore…

Tant qu’on est dans la signification, est-ce qu’il y a un lien entre les pochettes et la musique ?
Florian : Carrément.
David : Oui, évidemment.
Florian : Dadou a fait les pochettes des deux premiers disques, qui représentent ce personnage la.
David : Et en fait je cachais des messages, des lettres plus grosses qui forment des titres, des éléments… Et pour le dernier on a pris un illustrateur mais c’est la mise en image de l’un des morceaux de l’album.

Comment se passe votre collaboration avec le label Throatruiner ?
Florian : C’est une longue et fructueuse histoire d’amour ! (rires)
David : Fais gaffe il est en face (rires).
Florian : Il me surveille (rires) ! En réalité on a beaucoup de chance d’avoir Matthias (Jungbluth, également chanteur de Fange) de Throatruiner qui nous suit depuis le début, et qui a sorti notre premier EP en cassette, le précédent et le prochain. Et c’est super d’avoir son soutien en plus du lien amical qu’on peut avoir avec lui. On est super contents de son travail et du soutien constant qu’il apporte aux groupes en général.
David : C’est vraiment du bon boulot, pas trop de contraintes.
Il vous laisse carte blanche ?
Florian : Ouais, il nous fait vraiment confiance.

Vous avez sorti un clip pour le morceau L’Enfant Nouveau, est-ce qu’il y a une histoire derrière ce morceau ?
David : Oui oui oui.
Florian : Faut expliquer maintenant, faut pas juste dire oui (rires).
David : L’idée c’est qu’on a un personnage depuis trois albums, qui subit différent types d’aventures et de… mauvais traitements on va dire. Et à la fin du deuxième album il finit réduit en particules si tu veux. Et sur cet album, il cherche un moyen de renaître, de retrouver un corps. C’est un peu la thématique de l’album. Et cet enfant nouveau il l’a en poussant un mec à tuer sa femme. En le poussant à accomplir une sorte de rituel qui donnerait naissance à L’Enfant Nouveau. Donc si tu veux, l’idée c’est que cette enfant ce soit lui-même du premier album. En fait on fait une boucle entre le premier et le troisième album. Il se donne naissance à lui-même.
Florian : Et puis il y a un lien avec le film. Parce que les images du clip sont tirées d’un film.
David : Oui, ça vient du film Beyond the Black Rainbow (film canadien de Panos Cosmatos, sorti en 2010, ndlr) qui relate un peu une tension entre un homme et une femme… Petit à petit l’homme sombre dans la folie.
Florian : Et du coup L’Enfant Nouveau c’est à la fois un hommage à ce film là, mais en même temps ça s’inscrit dans l’histoire de notre album et de notre triptyque.
David : On est très inspirés par le cinéma sur tout ce qu’on fait, donc on mélange un peu tout !

Visiblement ça fonctionne !
David : Oui ! Tant qu’on se fera pas un rappel de copyright… on continue (rires) !

Du coup le clip est tiré du nouvel album, Astral Sabbath, qui revient au tout premier vous avez quelques mots à nous dire sur sa composition ? Vous avez repris des anciens trucs ?
Florian : Non pas vraiment…
Jérôme Pinelli (guitare) : En fait ça évolue tout au long du projet.
Florian : Ce qui rapproche du premier disque, c’est qu’on est de retour à quatre. On avait deux guitares avant, mais là on est à nouveau à quatre. Du coup c’est peut-être moins psyché, moins mélodique qu’avant. Un peu plus direct du fait qu’il y ait plus qu’une seule guitare.

Vous êtes sereins à propos de sa sortie ?
Florian : Sereins… comment te dire (rires)
David : Pas numéro 1 sur Billboard, mais numéro 5 allez…
(rires)
Florian : On est jamais vraiment sereins, mais on est contents de ce qu’on a fait.
Géraud Jonquet (batterie) : On a donné notre maximum.
Florian : C’est pas toujours facile, mais on est tous contents du résultat, et c’est plutôt rare. Pour moi c’est vraiment rare, tous projets confondus, mais je trouve que c’est le plus abouti et on est contents.
David : Après serein… c’est vague.
Jérôme : Et ce que les gens vont en dire, c’est autre chose.
David : On sait très bien qu’on va pas vendre 200 000 disques, si ça plaît pas ça plaît pas mais bon.

Mais au moins vous avez fait l’album que vous vouliez ?
David : Ouais, clairement.
Florian : Et ça nous empêchera pas d’en faire d’autres. Si ça plaît pas, tant pis pour eux, ils en auront d’autres ! 

Vous avez changé de chanteur au cours de l’aventure, comment ça s’est passé ?
Florian : En fait Dadou était le premier chanteur, et on l’a remplacé après le deuxième album, puis il est revenu pour celui là, donc il est en quelque sorte retombé dans ses propres chaussures.

Un peu comme l’Enfant Nouveau !
Florian : Exactement, il a fait une boucle. T’avais pas changé de pointure ? (rires)
David : Non ! Mais du coup tout le chant c’est moi qui l’ai composé.

Avant la tournée, vous avez fait quelques jours de résidence à Nîmes, comment ça s’est déroulé ?
Florian : En fait on avait composé ces morceaux pour le disque, et il a fallu un peu les réinterpréter ou plutôt les réajuster pour le live, savoir comment les enchaîner sur scène, pour que ce qui fonctionne sur album fonctionne aussi en live. Donc la meilleure solution c’est de faire une résidence, et là où on était il y avait de super conditions.
David : On peut aborder le live sereinement, comme ça on peut faire quelque chose de…
Florian : Différent du disque, mais qui sait garder la même idée en tout cas. En essayant d’ajuster.

Quel est ton meilleur et ton pire souvenir de scène?
Florian : Le meilleur, on a fait le Hellfest en 2017, ça c’était un sacré souvenir… ouvrir le festival, jouer devant plein de gens… Et le pire souvenir… Y en a eu pas mal ! (rires)
Géraud : Le dernier concert en Russie où on a pas joué parce que c’était un par tenu par des nazis. C’était pas une super soirée.
Florian : Clairement pas. Celui là est numéro 1 de loin.
David : Selon les personnalités de groupes, même les pires moments peuvent devenir funs au final. Si tu t’entends bien avec tes potes tu finiras toujours par en rire. C’est pas un coup à se séparer.

A votre avis, comment vivre de sa musique en France ?
Florian : Vous avez quatre heures (rires)
Déconnez pas, j’ai qu’une demi-heure avec vous !
(rires)
David : Pas chez Throatrunier je pense.
Jérôme : En faisant du Hip-Hop ou de la salsa…
David : Y a quand même un petit éveil de la scène française, certains groupes qui marchent et qui en vivent maintenant.
Florian : Après c’est vrai que c’est quand même compliqué.
David : Regarde Carpenter Brut, Birds in Row… Et y a Gojira, la locomotive ! Après on fait pas ça pour ça, même si ce serait pratique ! Si d’ailleurs vous avez des idées, nous on prend (rires)
Florian : Non c’est pas l’objectif pour nous de toute façon, mais c’est vrai qu’on vend moins de disques… c’est moins facile qu’avant de manière générale. Et ça nous empêchera pas de faire de la musique.
David : Y a des styles qui marchent bien en ce moment, mais on va pas changer du tout au tout maintenant. On a pas pris le style le plus vendeur non plus… Faudrait que j’aie une cape, que je sois habillé en pape… (rires) avec une cagoule sinon !
On me signale que ça a déjà été fait ! (rires)

Comment est-ce que vous arrivez à concilier passion et profession ?
David : Ca prend du temps, et…
Florian : Putain merde j’ai oublié d’appeler ma copine ! (rires) On a des boulots qui sont relativement cools, surtout niveau horaires, et qui nous permettent à la fois de gagner notre vie de notre côté et de passer beaucoup de temps au niveau du groupe. Ca demande beaucoup d’investissement. Dadou il est tatoueur donc il arrange ses rendez-vous comme il veut.
David : Maintenant je fais même mon emploi du temps pour laisser du temps à la musique !
Florian : Géraud est ingé son, donc pareil il est intermittent donc ça laisse du temps.
David : Faut une copine compréhensive aussi, ça prend du temps.
Florian : Jérôme est barman, ça lui laisse la journée pour bosser de la musique, même si le soir t’es occupé.
David : Mais notre objectif c’est vraiment de continuer à tourner un max.

Quel est le premier morceau de Metal que tu aies écouté ?
Florian : Le premier morceau de Metal…
David : Hit the Lights de Metallica pour moi. On m’avait passé une cassette en CM2.
Jérôme : Moi je pense que c’est Iron Maiden, le Live!! + One.
Florian : AC/DC c’est du Metal ?
On peut considérer ouais.
Florian : Alors c’est Ballbreaker en 95 !
Géraud : Ma soeur elle avait un pote quand j’étais gamin qui écoutait Bathory. Du coup j’ai mis vachement de temps à aimer, mais c’est le premier truc dont je me souviens quand j’étais gamin.
David : Et toi ?
Moi c’était Iron Maiden aussi, c’était The Number of The Beast!
David : En quelle année ?
Florian : Normalement c’est 1981 ?
Ouais mais j’ai découvert ça beaucoup plus tard moi, en 2005 ou 2006, j’avais 12-13 ans.
David : Et ça s’est fait comment ? Un pote ?
C’est ça, il m’a passé un CD.
David : Et ça t’a fait comme nous, une révélation ! C’est ça  que je veux être ! Je veux être Iron Maiden !
Florian : Je veux être Eddie ! (rires)

Et c’est quoi le morceau qui vous a fait dire “c’est ça que je veux faire !” ?
Florian : C’est un peu cliché mais je dirais Black Sabbath moi…
David : Sérieux ?
Florian : Ouais, je sais pas vraiment quel morceau mais ça m’a fait ça.
David : Moi je suis pas musicien mais j’ai toujours eu envie de chanter. J’avais eu du temps un jour, on m’avait proposé. Mais je pense que le mec qui m’avait inspiré c’était soit Phil Anselmo soit Max (Cavalera, ndlr) de Sepultura à l’époque.
Jérôme : Ceux qui m’ont donné envie de faire de la musique, c’est les Gun’s N Roses, j’ai jamais vraiment accroché mais…
David : Bon ben voilà c’était cool mais c’est fini maintenant (rires)
Jérôme : Mais j’avais 11 ans, c’est Slash qui m’a donné envie de commencer par la guitare !
Florian : Et de mettre des chapeaux ? (rires)
Géraud : Moi c’était In Utero de Nirvana

Question d’imagination maintenant : je te laisse créer une tournée avec 3 groupes pour lesquels tu rêverais d’ouvrir avec Verdun !
David : Ouvrir… les cannettes ? (rires) Chacun la nôtre ? Si on en fait une commune on va spliter ! (rires)
Géraud : Neurosis, Yob, Amenra et Verdun
Florian : Moi je mettrais Nick Cave en premier… Chelsea Wolfe… et Fange parce que c’est mes copains !
Géraud : Je sais pas, un truc éclectique… allez Steel Panther, Bolt Thrower et Manowar !
Florian : Alors moi j’aimerais bien voir les mecs de Steel Panther et les mecs de Manowar dans la même pièce ! (rires)
David : Tryptikon, Aura Noir… et Electric Wizard !
Jérôme : Anathema
David : Et Verdun trois fois !
Florian : Attention, tu peux te faire virer juste avant la dernière tournée ! (rires)
Jérôme : Anathema, David GilmourAlice in Chains !

Est-ce que tu as un coup de coeur musical en ce moment ?
Géraud : Le dernier disque que j’ai acheté c’est Sumac ! What One Becomes.
Florian : Moi ce que j’ai acheté c’est King Gizzard & The Lizard Wizard, c’est un groupe de Garage mais qui dernièrement ont essayé de faire du Thrash ! Et l’album est super chouette je trouve, l’exercice de style a été réussi !
Jérôme : Alors moi ça a rien à voir du tout mais ça fait un mois que je me refais un kiff sur les premiers Killswitch Engage ! Je me suis remis ça et le live est vraiment cool ! Ce qu’ils ont fait après j’ai pas vraiment aimé mais c’est la machine américaine ! Pas du tout mon style de musique mais c’est sympa à écouter.
David : Moi je dirais Devil Master. Et Morne aussi, vu qu’on va jouer avec eux je me les suis remis un peu.

Je te laisse les mots de la fin ! Encore merci !
David : T’es venu juste pour ça ou tu regardes les concerts aussi ?
Je fais les concerts, et même des photos ! Donc si on pouvait allumer les lumières… (rires)
Florian : Ah ça… Non mais on est pas très beaux, donc la pénombre nous va mieux en général (rires). Mais merci beaucoup en tout cas !
David : Merci aux gens qui achètent notre merch et qui viennent nous voir en concert ! Et on leur paye une bière à tous, suffit de demander, c’est Géraud qui paye !
C’est pas Jérôme plutôt le barman ? (rires)
David : Sinon si des gens veulent nous faire jouer on est partants, suffit de nous écrire !

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