A nouveau la grève frappe la capitale. Mais peu importe, c’est après voiture, RER et marche à pied (conseil : ne marchez jamais en ligne droite, c’est ennuyeux à mourir) que je rejoins le Glazart. Pourquoi me direz-vous ? Eh bien car ce soir, c’est le Tech Trek Europe qui va avoir lieu avec Archspire, Beneath The Massacre, Vulvodynia et Inferi. Autant vous dire que les notes à la seconde vont fuser ! Et la file d’attente grossit de plus en plus. Les consignes sont données : deux morceaux sans flash. Il aurait été préférable d’avoir plus de temps au vu des lumières de la salle, mais ce sont les règles, et elles s’appliquent à tous, n’est-ce pas ?
Une demie-heure après l’ouverture de la salle, les lumières s’éteignent et ce sont les cinq membres d’Inferi qui montent sur scène, bien décidés à en découdre. Et dès les premiers instants, les riffs de Malcolm Pugh (guitare), Andrew Kim (basse) et Mike Low (guitare) alternent technicité, violence et mélodies dans un esprit Death Metal pur et dur, sous les frappes rapides de Spencer Moore (batterie). Malheureusement lorsque Steve Boiser (chant) arrive, ses hurlements sont à peine perceptibles. Cependant, l’énergie du groupe fait plaisir à voir, et malgré la batterie placée en plein centre de la scène, tous headbanguent en jouant, peu importe la technicité des parties. “Thank you so much for coming out tonight Paris, how are you?” lâche le charismatique chanteur (dont la voix s’améliore) avant que le titre suivant ne nous frappe de plein fouet. Toutes les techniques de jeu y passent, que ce soit du sweep, du tapping ou juste de la fureur pure, mais les américains font déjà remuer les têtes. Le chanteur harangue la fosse en permanence, et les parisiens répondent présents à l’appel. “Let’s start a fucking pit my friends!” lâche t il avant de se débarrasser de son t shirt, pendant que ses acolytes alignent leurs riffs avec un naturel déconcertant pour tout musicien. Mais arrive déjà le dernier morceau de ce très court mais intense set, sur lequel le chanteur s’empare de son téléphone pour filmer l’assemblée avant de se reconcentrer sur ses hurlements, doublés de quelques choeurs, alors que les musiciens sortent le grand jeu pour Destroyer, un morceau assez Progressif mais qui conserve toute sa mélodicité et sa puissance, qui se conclut par des acclamations.
Setlist: Cursed Unholy – Thy Menacing Gaze – The Promethean Kings – Behold the Bearer of Light – Destroyer
On passe à un autre style de Death Metal avec les Sud-Africains de Vulvodynia qui comptent déjà des amateurs dans la salle. Et dès le premier titre, c’est la débandade. Le pit est sans dessus-dessous au son de la rythmique dansante de Kris Xenopoulos, Lwandile Prusent (guitares) ainsi que des grimaces de Chris van der Walt (basse) et de la batterie ravageuse de Thomas Hughes. Au centre de la scène, Duncan Bentley (chant) piétine déjà le sol en hurlant sous son inséparable casquette, et le peu de lumières de façade rendent le travail des photographes difficile. Mais la foule se lance dès le début, alors que les musiciens headbanguent, dansent et claquent une rythmique violente et saccadée. “Yo what’s up Paris?” lance Duncan avant de reprendre sur le deuxième titre. Des riffs qui puent le breakdown bourré de bassdrops à chaque instant, une énergie entretenue et inarrêtable, ainsi qu’une complicité entre les membres du groupe, mais également avec le public. C’est d’ailleurs sur ce show que le premier slammeur s’élancera, visiblement incité par un “Let’s keep up this energy!” de la part du frontman, qui ne fera qu’entretenir la violence dans la fosse. Le chanteur annonce rapidement les titres puis harangue une fosse dont la réponse est immédiate à chaque fois, mais le temps s’écoule vite. Et c’est après le premier wall of death de la soirée ainsi qu’un final très gras que leur show est applaudi.
Setlist: Mob Justice – Famine – Nyaope – Psychosadistic Design – Reclaim The Crown Part I: The Burning Kingdom – Drowned in Vomit
On passe à Beneath The Massacre, qui a créé la surprise en se reformant dans l’ombre, mais dont les membres sont bel et bien présents ce soir. Inutile de dire que les premières secondes ont fait un effet incroyable, avec un Brutal Death Metal carré et lourd à souhaits, mené par Elliot Desgagnés (chant) dont le growl massif en a surpris plus d’un. A ses côtés, Chris Bradley (guitare) et Dennis Bradley (basse) sont des monstres de technicité tout en gardant cet aspect imposant grâce aux frappes de Patrice Hamelin (batterie). Evidemment, la fosse est toujours aussi motivée, et on surprend le chanteur à tendre son micro aux premiers rangs, qui hurlent avec conviction les paroles. Les riffs sont à la fois complexes et efficaces, le groupe roule littéralement sur Paris, sous des lumières vertes fuyantes. “Hello Paris it’s been a while!” lance Dennis. “Elliot is sick since few weeks so please help us if you know the lyrics!” annonce le bassiste. Pourtant, le titre suivant est tout aussi puissant, avec un break dantesque qui fait remuer la fosse et intervenir quelques slammeurs, alors que les musiciens participent également au chant. Le bassiste pose très souvent sur son retour, alors que le guitariste semble très concentré sur son jeu, et c’est finalement un spectateur avec un marteau gonflable qui vient jouer avec le chanteur avant un wall of death spontané. Mais Elliot, visiblement en difficulté, se place en retrait, laissant les musiciens placer une partie instrumentale avant de revenir pour haranguer la fosse. Malheureusement, un petit souci de son affectera tantôt la guitare, tantôt la basse, mais le problème est rapidement réglé et les slammeurs s’élancent. Non pas un ni deux, mais quatre, et c’est finalement aidés par le chanteur qu’ils retourneront d’où ils sont venus alors que le chanteur reprend le micro. “Come on Paris, everyone!” lâche t il alors que les riffs des canadiens font rage dans la salle. Et arrive déjà l’heure du dernier morceau, dont le break intense aura provoqué bien des mouvements de foule, et qui se conclut par un “Merci beaucoup Paris!” sous des applaudissements mérités.
On passe déjà au dernier concert de la soirée, les maîtres incontestés du Death Metal Technique, Archspire. L’attente se fait dans une bande-son rap, et c’est finalement un chant de Noël qui annonce l’arrivée des canadiens. Pas le temps de niaiser comme on dit, c’est Involuntary Doppelganger qui nous arrive en pleine face. Et j’ai beau avoir déjà vu le combo deux fois auparavant, ce morceau nous montre d’emblée les capacités presque surhumaines d’Oli Peters (chant) avec des hurlements ininterrompus capables d’atteindre un niveau de lourdeur abyssal, sur une rythmique des plus rapide et techniques de la part de Dean Lamb (guitare), Jared Smith (basse) et Tobi Morelli (guitare), sans oublier les frappes précises de Spencer Prewett (batterie). La fosse a eu un petit moment de pause en entendant ce morceau arriver, mais c’est un véritable océan de fureur derrière moi, alors que les musiciens se concentrent sur leurs instruments dans le plus grand des calmes. “Do you have any questions?” lâche le chanteur avant d’enchaîner immédiatement sur Human Murmuration, qui, bien qu’un poil moins rapide, est toute aussi puissante. Et même si je ne suis pas guitariste, le fait de voir Tobi effectuer ses parties lead à moins de 50 centimètres de mon visage est réellement impressionnant… Mais il n’est pas le seul à être doué, puisque tous les musiciens ont un niveau incroyable, et ils nous le prouvent à chaque seconde ! Alternant riffs lourds, passages leads en tapping, breaks au doigts, le tout sur les hurlements du chanteur qui arpente toute la scène. “Come on Paris it’s a Death Metal show, turn around!” lance t il pour inciter la fosse à toujours plus de violence. Et malgré le peu de lumières sur le début du concert, les musiciens sont tous mis en valeur. Présentant tous les membres avec une petite blague, le chanteur lance finalement le troisième morceau, sur lequel il sortira son fameux bloc lumineux “applause” pour féliciter les musiciens après leur performance sur les leads qui feraient pâlir n’importe quel amateur. Le show continue, avec un nombre incalculable de notes à la minute de la part de chaque homme présent sur scène, et les morceaux s’enchaînent, entrecoupés de quelques petits traits d’humour de la part du chanteur. “You guys having a good time so far? We came here to bring you two things! Technical Death Metal and flip flops!” ironise le frontman avant de reprendre tout son sérieux le temps d’un morceau. Un slammeur s’élance, sans gêner les musiciens, et le mosh continue. “We need an all Paris pit! We giving away free t-shirts for people that mosh!” hurle le chanteur pour motiver une fosse déjà lancée. Et il me serait impossible de vous décrire chaque titre, tellement les musiciens vont vite. Mais toujours est-il que même après des années d’écoute, les voir en live est aussi impressionnant que la première fois que j’ai goûté à leur rythmique impétueuse, et je retrouve cette même énergie en live, accompagnée de headbangs. Dean lancera un film sur l’ordinateur pour nous faire patienter pendant le sample, et c’est finalement la furie qui reprend. “Split this shit up! Start this shit up!” lâche soudainement le chanteur pour relancer la fosse. Et ça marche. Quelques “Applause, but just one hand clap!, deux ou trois blagues (auxquelles la mère de Spencer a visiblement assisté sur le côté de la scène) et on touche à la fin du set, non sans avoir goûté à un Calamus Will Animate sans annonce et qui nous a tous mis au tapis tant les musiciens sont doués et précis ! “You know guys, touring is boring, we love to play as much as possible for you! But it’s the last one!” déclare Oli. On s’y attendait, mais Remote Tumour Seeker retourne à nouveau la fosse, et les premiers rangs headbanguent comme jamais. Observant une dernière fois les musiciens nous offrir leur technicité en plein visage, et le groupe part finalement de la scène sous des acclamations.
Setlist: Involuntary Doppelganger – Human Murmuration – Rapid Elemental Dissolve – Relentless Mutation – Lucid Collective Somnambulation – The Mimic Well – Calamus Will Animate – A Dark Horizontal – Remote Tumour Seeker
Ce soir, nous avons vu la vérité ! Elle était rapide, technique, brutale, et très propre. Si Inferi a réussi à motiver la fosse dès le premier set avec une énergie incroyable, Vulvodynia et Beneath The Massacre ont tenu leurs promesses devant un parterre déjà conquis. Archspire quand à eux ont tout simplement ravagé le Glazart avec une déferlante de savoir-faire et de brutalité. Ce show était incroyable, et je remercie grandement Jessica de Season of Mist pour l’accréditation photo !