Ovtrenoir révèle enfin son premier album au monde.
Créé en tant que projet acoustique en 2013 par William Lacalmontie (guitare/chant), Julien Taubregas (batterie, The Great Divide) et Angeline Seguelas (basse), le trio accueille un quatrième membre, Dehn Sora (guitare, effets, Throane, Treha Sektori) et adopte la distorsion. Après un premier EP en 2016 puis un single en 2018, c’est Fields of Fire, leur premier album, qui sort cette année. A noter qu’Olivier Dubuc (guitare) accompagne le groupe sur scène.
Lorsque le groupe a débuté, Ovtrenoir jouait un Post-Rock acoustique. C’est à présent dans un registre Post-Metal teinté de nuances sombres que la formation nous enchante, comme le prouve la lancinante Phantom Pain. Des harmoniques planantes et dissonantes, une lourdeur omniprésente et des hurlements de désespoir renforcés par des choeurs furieux nous tombent dessus. On ressent un certain groove dans ce titre, qui me rappelle une autre formation française bien connue, alors que Wires est un véritable mur de son. Massive et impénétrable, la composition ralentit à peine pour quelques breaks avant de reprendre son intensité initiale, nous assommant de plus en plus. La longue Echo prend la suite, offrant une oppression permanente ainsi que de nombreuses nuances de ténèbres entre les riffs froids mais tranchants et les hurlements possédés. Quelques touches de Black Metal se font sentir, mais le groupe nous écrase à nouveau avec une rythmique poisseuse.
Une courte pause sera marquée par Kept Afloat, un titre au son clair angoissant, offrant également une voix aérienne sur des effets planants avant de renouer avec la distorsion massive de Those Scars Are Landmarks. Plus lente, la composition nous englue dans cette vague de sonorités crasseuses et brutes, perçantes et impressionnantes, notamment grâce à cette basse ronflante en arrière plan. C’est d’ailleurs cet instrument qui permet aux guitares de nous offrir toutes leurs nuances, puis de donner une dose d’énergie supplémentaire à la rythmique avant le doux final. I Made My Heart A Field Of Fire est un titre à la fois captivant mais aussi dérangeant et très émotif. Si les frappes martiales de la batterie se marient à la perfection avec cette rythmique massive et ces leads éthérée, on sent que chaque note, chaque coup et chaque cri est empli d’une tristesse intense. Le son s’éteint peu à peu dans le néant avant Slumber, le dernier morceau. Une rythmique plus enjouée que les autres prend vie, et nous offre un double chant entêtant avant de finalement exploser, puis de disparaître.
Avec ce premier album, Ovtrenoir montre qu’ils sont capable de voir grand. Les compositions de Fields of Fire ont toutes leur propre identité, et sont reliées grâce à cette intensité caractéristique du Post-Metal sombre du groupe.
85/100