Përl n’a pas perdu de temps.
En 2020, le groupe français créé en 2008 par Aline Boussaroque (chant/guitare/synthétiseurs), Thibault Delafosse (batterie) et Bastien Venzac (basse) enregistrait Les Maîtres du Silence, son troisième album.
Aidés par Etienne Sarthou (Deliverance, Freitot, Karras, ex-AqME) à l’enregistrement et au mix, mais aussi par Magnus Lindberg (Cult of Luna) au mastering, le groupe pousse plus loin son mélange de Post-Hardcore, Shoegaze, Post-Black et influences ambiantes de toutes sortes. Varulv, le premier morceau, éveille immédiatement ces tonalités aériennes et entêtantes tout en accueillant un chant clair en français qui se transforme parfois en hurlements. Les quelques influences Prog sont facilement identifiables, et elles prennent également vie sur la lourde Je parle au sauvage. Les musiciens nourrissent cette ambiance à la fois oppressante et hypnotique de leads dissonants, de mélodies prenantes et d’un groove sombre, avant un break beaucoup plus calme. Le calme est également l’élément qui permet à Monarques de nous attirer dans un univers mélancolique avant de placer des parties plus lourdes et lancinantes, servant à merveille ces paroles cryptiques. L'(h)être balafré offre une quiétude pesante, qui nous laisse deviner la rage sous ces harmoniques planantes, puis qui finira par embraser la rythmique, lui conférant une intensité presque occulte.
Le veilleur prend la suite, en proposant des tonalités entraînantes et des hurlements si lointains et pourtant si viscéraux, puis une rythmique groovy, lourde et saccadée vient compléter le tableau. Sur le seuil nous envoûte à nouveau avec un chant mystique qui se pose sur des riffs planants qui se renforcent peu à peu avant de se parer lentement d’une saturation épaisse et pesante, puis Le jour des corneilles vient nous apporter ce son si contrasté entre angoisse, noirceur et douceur. Le calme s’efface peu à peu avant d’exploser en une rythmique violente surmontée de hurlements, et même lorsque les riffs s’apaisent, on sent toujours cette rage sous-jacente, accompagnée d’un passage au shamisen joué par Guillaume Fiat. Le titre est construit sur cette dualité qui ne laisse jamais les sonorités douces seules, puis Et dans l’aube nous place face à un dernier mur de violence prenante pour clore l’album, puis les volutes aériennes tourbillonnent une dernière fois avant que le silence ne vienne.
Avec Les Maîtres du Silence, Përl a franchi un cap. Un cap qui confirme à la fois leur style assez éclectique et prenant, mais qui le renforce également. Les sonorités brutes se heurtent à une douceur explosive, embrasant elle-même la noirceur pour une réaction intense.
90/100