Alors que les performances live commencent lentement à reprendre, Regarde Les Hommes Tomber nous ont donné rendez-vous à La Clef de Saint Germain en Laye, en compagnie de Svart Crown et Demande A La Poussière.
Une affiche 100% française, qui prouve que, sans mauvais jeux de mots, nos régions ont du talent, et il s’exerce dans la noirceur. Après une interview avec Demande A La Poussière que vous retrouverez très bientôt, les portes s’ouvrent. Contrôle des pass sanitaires, puis la salle se remplit progressivement.
Demande A La Poussière – full gallery
La salle peine à se remplir alors que Demande A La Poussière entre en scène sous des lumières chaotiques. Krys Fruit-denhez (chant) récupère sa guitare pour accompagner les riffs de Neil Lvgl (basse) et Edgard Chevallier (guitare), et les premières notes nous parviennent. Leur son épais et imposant nous projette immédiatement dans une torpeur sombre et saturée qui nous assomme lentement, nourrissant l’oppression avec des hurlements viscéraux. La lenteur grasse de leur Sludge/Doom est accentuée par les frappes de Vincent Baglin (batterie), et la dissonance nous capture dans leur univers torturé, puis le vocaliste lâche son instrument après deux titres pour déambuler sur scène et hurler comme un démon. L’énergie malsaine que le combo dégage est renforcée par leur scénique brute, et il n’est pas rare de voir les musiciens penchés sur les retours pour créer une distorsion supplémentaire. Après un timide remerciement, le show reprend dans cette même oppression pesante et prenante, renforcée par la dissonance de la deuxième guitare, mais le show touche rapidement à sa fin, et c’est avec un “Merci à tous !” que les musiciens quittent un par un la scène, laissant le son mourir et les applaudissements clore le moment.
Setlist : Intro 360 – Morpheme – Quietude hostile – L’univers – Erethisme – Condamnés
Le plateau est changé pour l’arrivée de Svart Crown, qui nous dévoile rapidement une intro mystique avant de frapper avec toute la puissance et l’agressivité de leur Black/Death sauvage. Au centre, JB Le Bail (chant/guitare) semble littéralement possédé par une énergie malsaine lorsqu’il hurle, soutenu par les choeurs de Clément Flandrois (guitare/chant) et Saroth (basse/chant), et la fosse commence à réagir. Les frappes ravageuses de Rémi Serafino (batterie) nourrissent la puissance de feu qui inonde la salle, désormais bien remplie. Les musiciens headbanguent en rythme avec ces lumières violentes qui s’adaptent aux accélérations ou aux leads perçants alors que les spectateurs remuent légèrement, profitant des rares pauses pour acclamer le groupe. “Bonsoir Saint-Germain, merci d’être là ! On attendait ce retour avec impatience !” lâche le frontman avant d’annoncer Digitalis, une nouvelle composition, qui sera tout aussi bien accueillie par le public que les morceaux des trois derniers albums. La fosse continue de remuer en suivant les riffs abrasifs et bruts du groupe, très heureux de retrouver son public, puis le chanteur prend le temps de respirer avant d’annoncer, Profane, le dernier titre. Sans surprise, la foule acclame ce brûlot de fureur et de rage qui provoquera des séances de headbang intenses pour accompagner les ultimes riffs avant les applaudissements.
Setlist : Intro – Thermageddon – Orgasmic Spiritual Ecstasy – Exoria – Golden Sacrament – Blessed Be the Fools – Digitalis – Nganda – Ascetic Purification – Revelation: Down Here Stillborn – Profane
Regarde Les Hommes Tomber – full gallery
La scène est décorée pour l’arrivée de Regarde Les Hommes Tomber, dernier groupe de la soirée. Des chandeliers sont allumés avant la sobre entrée en scène de R.R. (batterie), A.M. (guitare), A.B. (basse) et J.J.S. (guitare), puis T.C. (chant) se place au centre, sous un long manteau noir. Si le son est aussi brut, planant et pesant que sur album, les lumières explosives illustrent à merveille ce paysage musical dévasté et viscéral qui gagne instantanément l’intégralité de l’assemblée, qui n’hésitera pas à se décrocher la nuque sous les hurlements fantomatiques. La cérémonie suit son cours sans un mot entre deux titres, et la transe des musiciens ne sera interrompue que par un spectateur un peu trop impulsif, qui tentera de monter sur scène pour slammer, mais il sera accueilli avec un pied de micro pour lui expliquer que non, ce n’est ni le lieu ni le moment. La fosse se montre de plus en plus active pendant les parties rythmiques lourdes, alors que le calme revient lors des passages plus lents, plus aériens et sur lesquels le vocaliste n’hésite pas à communier à genoux sur la scène. Le show s’est clairement amélioré visuellement parlant depuis la pause, et le groupe nous le montre bien, tout en nous offrant une prestation théâtrale de silhouettes découpées dans un atmosphère de fin du monde aux reflets rouges ou bleus. Du côté de la fosse, la rage progresse également, et gagnera même quelques individus très en forme venus nous montrer leurs plus beaux mouvements de karaté dans un contraste évident avec la musique imposante qui profite de l’adéquation avec les lumières pour nous émerveiller, mais c’est déjà l’heure du dernier titre. Toujours sans aucun mot, des braseros s’allument devant la batterie, renforçant cet dimension ritualistique pour qu’Au bord du gouffre devienne encore plus intense, plus écrasante et plus pénétrante que la version studio, signant la fin d’une performance dantesque.
Setlist : L’Ascension – A New Order – The Renegade Son – The Crowning – Stellar Cross – The Incandescent March – Au bord du gouffre
Les lumières se rallument, et le stand de merchandising est pris d’assaut. Les membres des groupes le rejoignent également après avoir remballé leur matériel, prenant le temps d’échanger avec les fans, comme il y a un an et demi. Entre le son pesant de Demande A La Poussière, l’agressivité brute de Svart Crown et la communion sombre de Regarde Les Hommes Tomber, on se croirait presque revenus dans le “monde d’avant”, avec trois spectres de noirceur différents.