Review 999 : Pensées Nocturnes – Douce Fange

Pensées Nocturnes, l’orchestre le plus putride de France, revient avec un nouvel album en 2022.

Intitulé Douce Fange, il est le septième méfait de Léon Harcore (chant/instruments, Valhôll, ex-Way to End) sur le label Les Acteurs De L’Ombre Productions. Le taulier est accompagné en live de Jéjé (accordéon/claviers/voix décapitées), Zacques (guitare), Roro (guitare), Le Grand (basse) et Jacky (batterie de cuisine). 

On commence avec la décadence de Viens Tâter d’mon Carrousel qui mêle un sample de documentaire avec une dissonance de cuivres et percussions, puis la troupe se met lentement en marche avec une rythmique très progressive. Le chant se joint finalement à la joyeuse et inquiétante bande, qui se pare d’une saturation agressive avant de nous mettre en garde, et que Quel Sale Bourreau ne vienne nous agresser. Entre noirceur et déchéance, le son abrasif et brut se répand avant de nous offrir une pause inquiétante, qui mêle mélancolie et énergie sale, pendant que les cris hantent ces riffs chaotiques mais habilement construits. Le contraste accrocheur se poursuit avec l’enjouée PN Mais Costaud, une composition énergique et saccadée qui se construit autour d’une folie collective et d’un blast solide. Mais sans surprise, les instruments Folk viennent régulièrement briser cette rythmique en dévoilant des influences aussi diverses qu’étranges, puis l’agressivité refait surface avant de laisser des choeurs nous accompagner jusqu’à Saignant et à Poings, un titre qui mélange cette base champêtre avec des sonorités inquiétantes. Le chant clair se fait régulièrement remplacer par les hurlements caractéristiques du Black Metal, et la dissonance se poursuit entre violence et douceur malsaine, avant que Charmant Charnier ne vienne offrir une “pause” presque majestueuse. Vous l’aurez compris, cette courte interlude ne s’éloigne pas de l’univers du groupe, tout comme Le Tango du Vieuloniste qui conjugue riffs rapides et sonorités putrides qui dévoilent parfois des sonorités entêtantes. Les influences classiques se trouvent recouvertes de cette couche de crasse brûlante, puis le final nous mène gaiement à Fin Défunt, un autre recueil morbide sur lequel le groupe mêle des éléments de Black Metal Old School avec sa recette pourrie. Le son se transforme progressivement en une sorte de concerto entraînant qui laisse tout de même transparaître le son cadavérique, avant que La Semaine Sanglante ne vienne nous dévoiler un son poisseux. Cet évident hommage à l’événement historique du même nom propose des riffs aussi techniques que chaotiques et des influences aussi opposées que complémentaires, puis l’album se referme avec Gnole, Torgnoles et Roubignoles, un morceau aussi délicat que son titre le laisse suggérer. Les voix s’allient pour former une chorale qui témoigne d’une certaine organisation désordonnée, pendant que la rythmique nous mitraille sans répit jusqu’au poing final.

Si vous pensez connaître le chaos, laissez Pensées Nocturnes vous expliquer que ce n’est pas le cas. Avec Douce Fange, l’orchestre champêtre et putride reprend vie pour nous vomir chaos, noirceur et mélodies dissonantes avec une organisation aussi malsaine que millimétrée. L’album n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains, mais il s’alliera à merveille à votre pinard.

85/100

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