PEB et Tom, respectivement chanteur et bassiste du groupe SunStare, ont répondu à mes questions sur la sortie de Ziusudra, leur troisième album.
Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de ton temps ! Comment présenterais-tu le groupe SunStare sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
PEB (chant) : Salut Matthieu ! Je dirai que SunStare est un groupe qui aime à explorer la lourdeur. A travers des rythmiques souvent martiales, lancinante au point d’hypnotiser, nous aimons bercer et perdre notre audience. En parallèle, nous avons un vrai désir de proposer de véritables contrastes et d’enrichir notre propos grâce à des mélodies plus éthérées et aériennes.
Comment s’est formé le groupe ? Quel est le lien entre le nom et la musique que vous jouez ?
Tom (basse) : Le groupe s’est formé en 2004. Antoine (batterie), Vincent (guitare) et moi-même jouions déjà ensemble depuis plusieurs années dans un style complètement différent. Nous cherchions un chanteur pour faire quelque chose de définitivement plus metal. Nous avons tout simplement passé une annonce sur zikinf et c’est comme ça que PEB nous a rejoint.
PEB : Le nom du groupe vient d’une chanson de ce groupe incroyable qu’est Neurosis et qui nous plaît beaucoup : The Tide, de l’album A Sun That Never Sets. “Free from the Sun’s stare, free from the noise of lost souls …”
Ziusudra, votre troisième album, sort bientôt, comment pourriez-vous le décrire en trois mots ?
PEB : Lourd, hargneux, désespéré.
Comment s’est passé le processus de composition ? Est-ce qu’il était différent de vos deux premiers opus ?
Tom : Elle a été plus ou moins identique à celle des deux premier albums, à savoir qu’on part souvent d’idées trouvées chacun de notre côté, qu’on met ensuite en commun et qu’on fait évoluer en répète. La principale différence est qu’on avait dès le départ une volonté de faire un album avec des choses qui s’enchaînent dans un ordre précis, qui racontent une histoire de bout en bout. On a donc essayé d’avoir une vision plus globale de l’album alors qu’auparavant on réfléchissait davantage morceau par morceau.
D’où vous vient cette passion pour les mythes et légendes sumériennes ? Comment les intégrez-vous à votre musique ?
PEB : C’est un sujet qui m’a juste happé à un moment, dans la vie. Celui-ci a fait écho à ce que je souhaitais mettre dans la musique et il se trouvait donc que la cosmogonie sumérienne était un médium parfait pour cela. Que cela soit en termes de vécu, d’émotions, de ressentis, toute l’imagerie et la sémantique de cet univers nous permettait d’enrichir notre propos et de nous exprimer. En dehors des textes, des visuels, nous avons intégré cela dans nos concerts à travers la création de rituels, afin de communier avec nos spectateurs, comme une étape supplémentaire dans notre démarche artistique.
Dans votre musique, je ressens un énorme contraste entre le Sludge pesant et des mélodies mystiques très douces, comment gérez-vous cette combinaison ?
Tom : Cela se fait assez naturellement. On essaye des choses et on voit si ça fonctionne ou pas. On cherchait sur cet album à faire quelque chose de plus contrasté et nuancé. Du coup ce genre de changement d’ambiance servait la direction vers laquelle on voulait aller.
Avez-vous eu des exigences particulières pour l’artwork de l’album ?
Tom : Nous voulions bien sûr quelque chose de beau et sombre, mais aussi quelque chose qui illustre les thématiques développées dans l’album. Elodie Wysocki nous a proposé le concept de l’arbre à loques, qui est un lieu où les gens viennent déposer des loques en priant ou en faisant un vœu. Nous avons tout de suite accroché et elle a donc travaillé la pochette autour de ce thème.
Comment s’est passé la prise de contact avec Source Atone Records ? Comment se passe la collaboration ?
Tom : Nous connaissions déjà bien Krys puisque nous avons tourné avec Demande à la Poussière en 2019. Quand nous avons appris qu’il montait un label avec Arnaud nous leur avons fait écouter les pré-prods de l’album. Et par bonheur cela leur a plu. Nous n’envisagions pas forcément de trouver un label à ce moment-là, mais nous ne pouvions pas passer à côté d’une opportunité de travailler avec des gens dont nous savions déjà qu’ils étaient totalement pros et dignes de confiance.
Depuis 2020, le monde souffre du Covid-19. Comment avez-vous vécu les différentes périodes de restrictions en tant que groupe ? Est-ce que la pandémie a eu un impact sur l’album ?
PEB : Effectivement, cela a eu un gros impact sur SunStare et a beaucoup retardé l’album. Pour être clair, cela nous a mis en hibernation : Le fait de ne pas pouvoir travailler ensemble comme nous en avions l’habitude a aspiré notre capacité à avancer ensemble. Nous sommes un groupe qui a besoin de se voir pour créer ensemble. Nous retirer cela a été très compliqué. Heureusement, le retour à la scène et au fait de jouer ensemble nous a redonné vie !
Bien que le futur soit toujours incertain, est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur du groupe ?
PEB : On n’en a pas parlé, ni même pensé, je crois. Cependant, je ne m’avance pas trop en indiquant qu’on va faire comme d’habitude : avancer. Nous avons déjà commencé à travailler sur le quatrième album, même si cela n’en est qu’à ses balbutiements. Et en attendant, nous avons hâte de défendre cet album un maximum sur scène ! Nous avons le Rock In Bourlon qui est annoncé et d’autres dates arrivent. Nous espérons pouvoir organiser une tournée qui ne s’annulera pas pour 2023. D’ailleurs, si un organisateur nous lit, n’hésitez pas à nous contacter, nous serions ravis de nous déplacer !
Qu’est-ce qui vous a poussé dans l’univers du Metal ? Quel a été votre premier album de Metal ?
PEB : Pour ma part, l’entrée dans le Metal a été Issues de KoRn, suivi par Gateways to Annihilation de Morbid Angel
Tom : Mon premier album de Metal c’était Ride the Lightning de Metallica que m’avait fait découvrir mon cousin un peu plus âgé. Une révélation.
Quel est votre regard sur la scène française ? Et la scène internationale ?
PEB : Il y a beaucoup de groupes formidables en France, avec énormément de talents et une véritable volonté de proposer des choses nouvelles et de qualité. J’ai également la sensation qu’une partie des groupes “leaders” se sclérosent un peu et ont du mal à laisser la place à d’autres groupes qui le mériteraient pourtant. Personnellement, j’aimerais bien voir un peu plus de renouveau sur les grosses scènes hexagonales. Au niveau international, j’ai l’impression que ce pas a déjà été franchi et beaucoup de jeunes groupes arrivent à tourner et à nous surprendre !
Est-ce qu’il y a des groupes ou des musiciens avec lesquels vous aimeriez collaborer, que ce soit pour un titre ou plus ?
PEB : Five the Hierophant ! J’adore ce groupe, aussi bien musicalement que ses musiciens. J’ai eu la chance de travailler avec eux sur quelques unes de leurs tournées et j’ai très envie de mélanger nos deux univers.
Quels sont les groupes de la scène française qu’il faut absolument écouter en 2022 selon vous ?
PEB : Vesperine, Chaos E.T. Sexual, Barque, Yonic, Dirge, Korsakov, Demande à la Poussière… et tout le roaster Source Atone Records, bien sûr !!!
Vous souvenez-vous de votre première expérience avec un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Tom : J’avais quelques potes un peu plus âgés au lycée qui avaient monté un groupe de reprise de Metal et ils répétaient dans le garage des parents du batteur. J’ai assisté à une de leurs répétitions et je me suis dit “je veux faire çà !”. J’ai commencé la guitare peu après.
Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ? Est-ce que vous réussissez à vivre de votre musique, ou est-ce que vous avez un métier qui n’a pas de rapport avec la musique pour vivre ?
PEB : Tom et moi aimons particulièrement l’escalade, mais pour ma part, j’aime beaucoup trop de choses pour pouvoir tout détailler ! En tout cas, nous ne vivons pas de notre musique, non. L’argent que nous gagnons est systématiquement réinvesti dans SunStare afin de porter le projet encore plus loin. Cela permet par exemple d’acheter de nouvelles lumières, ou de pouvoir créer un clip, etc… J’ai un peu travaillé dans la musique en tant que Tour Manager, cependant avec la COVID, je travaille désormais en tant qu’indépendant dans la communication.
Si je vous demandais à quel plat français vous pourriez comparer la musique de SunStare, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
PEB : Le welsh. Pour le gras et son bon goût évident !
Tom : 100% d’accord. Le welsh définitivement.
Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de tourner ? Je vous laisse créer une tournée avec trois groupes, plus SunStare en ouverture.
PEB : Neurosis, Cult of Luna et OM.
Tom : Si on a le droit à l’impossible : Pantera, Gojira, Igorrr. Sinon je remplace Pantera par Rammstein, ça devrait le faire.
Merci à nouveau de votre disponibilité, je vous laisse les mots de la fin !
PEB : Merci pour cette interview pour le moins surprenante ! 😀 On n’a qu’une hâte, retourner sur scène et défendre ce nouvel album dont nous sommes très fiers. On espère pouvoir sillonner la France et l’Europe bientôt et que le retour du public sera positif ! Merci également à tous nos partenaires et ceux qui croient en nous !
Tom : Et longue vie au welsh.