Une fois n’est pas coutume, je me rends immédiatement après ma journée de travail en plein centre de Paris, au Klub, pour y accueillir comme il se doit les suédois de Zornheym, dont les deux opus ne m’ont pas laissé indifférent, ainsi que les locaux de Once Upon The End et Feyn. Si le groupe de Death Mélodique moderne ne m’est pas inconnu, je m’apprête à découvrir l’autre formation, qui joue ce soir son tout premier concert.
La soirée commence donc avec Feyn, qui se trouve être un duo de musique hybride et expérimentale entre Black Progressif, pointes de Grind et éléments Death un peu fous. On retrouvera également une batterie samplée pour accompagner le chanteur/guitariste et le bassiste, qui débordent tous deux d’énergie, que ce soit en maltraitant leurs cordes à grands coups de médiator, de doigts ou de tapping, mais également en headbanguant lors de breaks épais, ou de rythmiques chaotiques ou dissonantes. Des mélodies travaillées se joignent à la base brutale, et on se rend compte que la demie-heure de set qui leur est attribuée est passée en un éclair lorsque le vocaliste lâche “Merci à vous, merci au Klub, ça va être notre dernière pour ce soir !”, avant d’enchaîner avec un titre tout aussi étrange, brutal et travaillé. Il va sans dire que les applaudissements accompagnent leur sortie de scène.
C’est au tour de Once Upon The End, maquillage à l’appui, de monter sur scène, et on constate rapidement que le quintet se sent un peu serré sur la scène. Mais qu’importe, les franciliens, forts de la récente sortie de leur album, se montrent rapidement très énergiques en plaçant des riffs motivants et agressifs. “Ça fait plaisir de voir qu’il reste quelques survivants !” lâche Ludovic (chant), avant qu’Olivier M (guitare) ne nous informe du décès prématuré de son retour. Mais encore une fois, peu importe car après une très courte pause, le groupe enchaîne, laissant Olivier B (basse) et Maxime (batterie) offrir une base solide aux leads entêtants de Paul et Olivier M. Certaines parties assez complexes permettent de créer un contraste avec la rage évidente qui sévit dans les riffs du groupe, et le public accroche très rapidement, allant du simple headbang aux mouvements de foule qui exploseront vers le milieu du set. “Pendant un moment il n’y avait que des cafards et autres bestioles… On dédie ce morceau à toutes ces créatures !” lâche le vocaliste avant de réaliser qu’il n’était pas encore l’heure du titre en question, mais il décidera de l’avancer, afin de nous faire remuer de plus belle. Il ira même jusqu’à demander à un spectateur de tenir un crâne pour nous offrir un petit moment plus solennel avant de faire revenir les influences plus mélodieuses et agressives. Mais le temps de jeu du quintet est compté, et c’est avec les influences Indus accrocheuses de Ride With the Wind que le groupe referme son set sous les acclamations.
Setlist: Overseers – Dying Concrete – Demons – The Altar – Children of the Dust – Extinction – Flesh Harvest – Hollow – Ride With the Wind
La scène est dégagée pour permettre à Zornheym de s’installer. Steve Joakim (batterie) se place derrière son kit, Zorn (guitare) et Scucca (guitare/chant) prennent position de chaque côté de la scène, puis c’est Bendler (chant) qui saute sur scène, portant cagoule, tenue de prisonnier et quelques chaînes. Le vocaliste vient hurler au plus près des premiers rangs, puis finira par se libérer de ses accessoires au milieu du premier titre, pendant que ses camarades nous envoûtent avec leurs mélodies majestueuses et leur rythmique imposante. Le son intense des suédois est parfaitement illustré par un groupe au top de sa forme, les guitaristes n’hésitant pas à se rejoindre pendant que le chanteur nous rugit au visage, ce dernier laissant sa place aux musiciens lors de solos transcendants soutenus par leurs orchestrations millimétrées, et les temps morts sont rares. “It’s à song about a man from an asylum… Our asylum…” lâche le vocaliste avant que les sonorités sombres ne reviennent nous hanter et nous faire remuer le crâne. On remarquera également la facilité déconcertante avec laquelle le batteur enchaîne rythmiques énergiques, blast et parties plus douces tout en jouant en permanence avec ses baguettes pendant que les guitaristes grimacent en alignant leurs harmoniques, laissant le peu de place au frontman qui harangue la fosse, à moitié perché sur la grosse caisse. “This is a song about a girl who played with fire… Too much?” ironise-t-il avant qu’Hestia ne vienne frapper avec sa folle énergie communicative, nous faisant revenir sur le premier album du groupe. Côté setlist, les deux albums se partagent équitablement le temps de jeu, entre les anciens titres parfois plus martiaux, et les nouveaux plus sombres, mais le set du groupe touche malheureusement à sa fin. “Unfortunately this is our last song, about an… Asshole haha, this is… The Opposed!” lâche Bendler avant que la tornade ne reprenne vie pour clore leur temps de jeu. Clore ? Non, car le public en réclame davantage ! Et bien entendu, le groupe s’exécute, nous réouvrant pour quelques minutes les portes de leur asile infernal, avant d’être dignement acclamés.
Setlist: Corpus Vile – Whom the Night Brings… – A Silent God – Slumber Comes in Time – Black Nine – Hestia – Keep the Devil Away – Decessit Vita Patris – The Revelation – The Opposed
A ma grande surprise, la salle était plutôt bien remplie ! Et laissez-moi vous dire que les absents ont eu tort. Si Zornheym avait déjà toute ma confiance pour nous dévoiler un show incroyablement intense et majestueux, j’ai également été surpris par la capacité de Once Upon The End à motiver la foule. Feyn n’a pas non plus démérité, et le duo a selon moi la capacité d’aller très loin.
Mention toute particulière au Klub pour avoir maintenu l’évènement malgré l’absence manifeste de préventes, et en avoir fait un concert à prix libre. Encore une fois Paris, bougez-vous !