Interview : Deathwhite

DW, bassiste du groupe américain de Doom Mélodique/Gothic Metal Deathwhite, a répondu à mes questions concernant la sortie du troisième album du groupe, Grey Everlasting.

Chronique de Grey Everlasting

English version?

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Pourais-tu s’il te plaît présenter le groupe Deathwhite sans utiliser les étiquettes “Metal” habituelles ?
DW (basse/choeurs) : Nous sommes quatre individus qui jouent un style de musique plus lourde avec des connotations sombres et Gothiques, complétées par du chant clair.

Comment s’est rencontré le groupe ?
DW : Nous nous connaissons tous les quatres depuis un moment déjà. Nous nous sommes rencontrés à Pittsburgh en Pennsylvanie, que nous considérons comme notre base principale. Deathwhite est construit sur de proches et longues relations entre ses membres. Nous avons tous joué dans d’autres groupes avant la création de Deathwhite en 2012, et nous sommes chanceux de porter ces liens dans le groupe. Malgré les apparences, Deathwhite est un exutoire “fun” pour nous quatre. Nous aimons la compagnie des uns et des autres ainsi que le processus de composition, pour ne pas dire tout ce qui constitue le fait d’être dans un groupe. A cause de la logistique géographique, nous sommes rarement ensemble, mais nous restons très souvent en contact. Ca rend le temps que nous passons ensemble assez spécial.

D’où vient le nom du groupe, et quel est son lien avec votre musique ?
DW : Deathwhite vient d’un titre d’Omnium Gatherum du même nom, Deathwhite. Ce n’est pas un secret que le fait de trouver un nom de groupe de qualité est une tâche difficile, donc on a emprunté Deathwhite à Omnium Gatherum, qui reste un de nos favoris. Nous voulions quelque chose qui n’allait pas nous classer et donner des renseignements sur notre son. En fait, on peut aller dans n’importe quelle direction avec un nom comme Deathwhite, mais c’est une combinaison de mots puissante qui transmet habilement notre direction musicale.

Le groupe est sur le point de sortir son troisième album, appelé Grey Everlasting, comment vous sentez-vous ?
DW : Naturellement nous avons hâte qu’il sorte. C’était la culmination de 18 mois de travail acharné, donc sa sortie en juin sera la récompense. Cependant, Grey Everlasting est la prochaine étape dans notre évolution. Nous avions besoin de continuer de grandir en tant que groupe. Ce qui signifiait d’essayer de nouvelles choses – y compris se diriger vers des voies extrêmes niveau Metal. Ca entraînait également de souligner un peu plus le côté atmosphérique du groupe. Nous avons pris ces décisions avec la compréhension que nous ne nous écarterions pas du cœur de notre son. A la place, nous voulions que l’album ait une certaine profondeur pour en offrir beaucoup aux auditeurs.

Comment s’est passé le processus de composition ? Etait-il différent de vos sorties précédentes ?
DW : Nous avons un compositeur principal dans le groupe qui écrit la base du matériel. Ces démos individuelles sont écrites à la maison, puis elles sont présentées au groupe. C’est un processus pas à pas. La base est créée avec les démos, puis chaque membre ajoute sa touche respective. C’est comme construire une maison, en fait. Le chant, ensuite, serait considéré comme le toit. Un autre membre de Deathwhite a récemment commencé à contribuer plus, ce qui nous fait deux compositeurs. Ca nous fait bénéficier d’un processus qui fonctionne bien depuis que nous avons démarré il y a dix ans, mais nous avons toujours en tête que nous pouvons progresser. Grey Everlasting, cependant, est peut-être notre sortie la plus collaborative jusqu’ici. Chaque membre applique sa propre marque, personnalité, “don”, peu importe comment tu l’appelles, tout ça dans le but de créer les meilleurs morceaux possibles.

Je ressens un énorme contraste entre les riffs saturés et les voix/leads propres, comment décidez-vous des éléments qui doivent être propres ou saturés ?
DW : C’est une bonne question puisque nous avons discuté du fait que certains de nos riffs pourraient être reproduits sur une guitare acoustique, ce qui pourrait expliquer pourquoi nous pouvons rebondir entre les parties propres et les parties lourdes. Grey Everlasting a probablement plus de « riffs » que nos précédents albums. Il y a aussi plus de leads de guitare, et les parties claires sont là pour apporter de la dynamique et du contraste. Nous n’avons pas vraiment de processus de réflexion – c’est généralement ce qui est le mieux pour la chanson. Certaines chansons exigent des riffs lourds, d’autres un mélange. Nous aimons avoir ce genre de variété.

Quelles sont vos influences ? Que ce soit musical ou non, cela peut être des films, des livres ou autre.
DW : Nous sommes influencés par des porte-étendards comme Katatonia, My Dying Bride, Paradise Lost et Opeth, pour n’en citer que quelques-uns. Nous apprécions aussi pas mal de groupes non-Metal. Nous avons tous les quatre des goûts très variés, ce qui est très pratique pour composer des chansons. Pourtant, Deathwhite a été créé en 2012 pour suivre les traces des Katatonia et Paradise Lost susmentionnés, même si nous ne sonnons pas exactement comme eux. Il y a une fine ligne entre porter vos influences sur votre manche et incorporer leurs éléments. Nous pensons que nous sommes plutôt dans ce dernier cas.

Que pouvez-vous me dire sur la pochette de l’album et sa relation avec la musique ?
DW : La couverture a été créée par Jerome Comantale. Nous travaillons avec Jerome depuis l’EP Solitary Martyr de 2015 et il est presque comme le cinquième membre du groupe. Nous lui avons simplement donné le titre et les paroles de l’album, et il a fait le reste. Nous avons cependant eu une requête : la couverture ne devait pas être grise. Jérôme a répondu à cette demande et a créé quelque chose de plus coloré qu’auparavant, représentant les contrastes de styles et de thèmes de l’album. On y voit également notre personnage encapuchonné et sans visage, que nous appelons le « Deathwhite ».

Je me souviens de beaucoup de voix claires pour répondre à ces riffs épais et mélancoliques, que peux-tu me dire sur ce contraste ?
DW : La décision est prise chanson par chanson. Il n’y a pas de formule. Le chant et les riffs doivent fonctionner ensemble – il ne peut y avoir aucune friction entre les deux. Une quantité énorme de réflexion est mise en place pour écrire des riffs qui vont s’adapter aux voix et écrire des voix qui vont s’adapter aux riffs. Le chant clair est la force motrice et intégrale de notre son et nous sommes très fiers d’écrire des paroles et des mélodies vocales. Ce n’est pas un travail facile, mais nous pensons que c’est ce qui définit Deathwhite.

Comment décidez-vous d’utiliser des voix hurlées ou claires ?
DW : Les voix hurlées ne sont apparues que récemment dans notre son. Nous resterons probablement toujours un groupe à chant clair, car nous avons la chance d’avoir un chanteur aux capacités extraordinaires. Nous pensons que le chant clair est le meilleur moyen pour transmettre une musique de notre genre, car les paroles et les thèmes sont tellement importants. Le chant hurlé sur la chanson Immemorial était nécessaire en raison de l’ambiance de la chanson. Nous voulions que le chant ajoute un degré de variété et même de « surprise », si tu veux. Nous sommes assez satisfaits du résultat, mais il est peu probable que nous changions notre approche vocale. Ce n’est pas dans l’ADN du groupe de faire une telle chose.

Depuis 2020, la crise de Covid-19 a foutu beaucoup de choses en l’air, comment avez-vous fait face à la situation en tant que groupe ? Est-ce que ça a eu un impact sur l’album ?
DW : Le Covid n’a pas eu un impact drastique sur Deathwhite. Le virus a frappé quelques semaines après la sortie de Grave Image, ce qui a pu mettre un frein à son cycle promotionnel, mais dans le grand schéma des choses, surtout si l’on considère ce qui s’est passé dans le monde, c’est de peu d’importance. Nous étions déjà un groupe isolé. La pandémie nous a encore plus isolés, ce qui a aidé à la création de l’album. Écrire de la musique est optimal quand on ne peut pas sortir de chez soi ou interagir avec le monde extérieur. Certains d’entre nous ont connu des changements importants dans leur vie personnelle pendant cette période. Combiné avec le Covid, c’était une période qui marquera à jamais Deathwhite.

Avez-vous déjà des projets pour l’avenir après la sortie de l’album ?
DW : Nos projets immédiats incluent le travail sur une reprise. Nous avons enregistré ce titre pendant les sessions de Grey Everlasting et nous avons l’intention de le terminer avant la fin de l’été pour une sortie en 2023. C’est une chanson que nous aimons beaucoup. Les EP Solitary Martyr et Ethereal seront réédités en vinyle dans le courant de l’année, ce qui est un événement important car cela rendra toutes nos sorties disponibles en vinyle. En plus de cela, nous avons déjà commencé à travailler sur le prochain album de Deathwhite. Les premiers signes sont prometteurs. Ce n’est pas nouveau, mais il devient de plus en plus difficile d’écrire des chansons à mesure que l’on accumule les albums studio. Nous sommes très conscients de ne pas vouloir nous répéter, donc nous allons probablement mettre la même attention et la même rigueur sur l’album studio numéro quatre.

Que peux-tu me dire sur l’évolution de la scène Metal autour de toi ?
DW : Nous ne prêtons plus autant d’attention à la scène métal de Pittsburgh qu’auparavant. Cependant, il y a beaucoup de jeunes groupes qui semblent faire des progrès. Et il y a encore pas mal de groupes que nous avons connus sur la scène avant Deathwhite qui sont actifs. Pittsburgh n’a pas la reconnaissance qu’elle mérite pour ses groupes de Metal, mais Code Orange a fait beaucoup pour la ville et la scène. Espérons qu’il y aura d’autres groupes à suivre.

Penses-tu que vous vous améliorez encore en tant que musiciens ?
DW : Bien sûr. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous le faisons. Nous voulons nous améliorer en tant que musiciens et auteurs-compositeurs. Il serait inutile de ne pas essayer d’améliorer notre métier, que ce soit en tant que musiciens ou auteurs-compositeurs. On ne peut jamais cesser de s’améliorer. Nous ne cherchons pas à régresser. Nous espérons qu’il y ait une croissance tangible de chaque album reflétée dans la musicalité et les arrangements.

Quelles sont vos meilleures et vos pires expériences en tant que musicien ?
DW : La pire : nous avons joué notre part de concerts difficiles, ce qui n’est pas rare pour un musicien. Ces expériences ont façonné les personnes que nous sommes aujourd’hui. Il est difficile d’apprendre ou de grandir sans se heurter à des obstacles. Quant aux meilleures expériences, nous en avons eu beaucoup au sein de Deathwhite, à savoir l’écriture et l’enregistrement de nos albums. Nous avons tenu de vastes répétitions préalables à l’album pour Grave Image en 2019 et elles ont été parmi les meilleurs moments que nous avons passés en tant que groupe. C’était passionnant d’être dans la même pièce et d’affiner les chansons et de les perfectionner. Il est facile de perdre de vue ces expériences lorsque le groupe travaille dans un tel isolement. Nous allons sûrement refaire quelque chose comme ça pour les prochaines sorties.

Qu’est-ce qui vous a conduit à l’univers du Metal dans le passé ? Quel est le tout premier album que vous avez acheté ?
DW : Nous avons chacun eu des portes d’entrée différentes dans le Metal : Metallica, Children of Bodom, Pantera et Judas Priest, pour n’en citer que quelques-uns. Nous sommes tous entrés dans le Metal par l’intermédiaire d’amis ou de membres de la famille et ça s’est passé dans les années 1990 et 2000, à une époque où acheter des CD et lire des magazines était le seul moyen de découvrir des groupes. C’était une époque mémorable. Rien ne vaut l’excitation de recevoir un nouvel album sans savoir ce qu’il va donner, puis d’être agréablement surpris. Ce sont des souvenirs qui nous sont chers.

Que savez-vous de la scène métal française ? Quels groupes français connaissez-vous et appréciez-vous ?
DW : Gojira est le groupe français le plus visible ici et nous nous considérons comme des fans. Nous aimons aussi beaucoup les groupes de Black Metal comme Antaeus, Blut Aus Nord et Deathspell Omega. La scène Metal française est certainement l’une des plus variées et complexes ; aucun groupe ne sonne de la même façon. C’est une scène passionnante. Le Metal européen, dans son ensemble, reste toujours à l’avant-garde de la scène en termes d’innovation et de profondeur.

Et si je vous demandais de comparer la musique de Deathwhite avec un plat ? Lequel et pourquoi ?
DW : C’est une question difficile et nous allons te donner une réponse facile : une tasse de café. Noir et fort.

Y a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous aimeriez collaborer ?
DW : Une collaboration avec une chanteuse ou un quatuor à cordes semble plutôt séduisante à ce stade. Avec un peu de chance, cela pourrait se produire. En dehors de cela, nous n’avons pas beaucoup de désir de collaboration. Comme vous pouvez l’imaginer, nous sommes une entité très autonome qui ne recherche pas la collaboration ou l’aide extérieure. Cependant, le jour viendra peut-être où nous chercherons à travailler avec quelqu’un qui pourrait améliorer notre son. C’est quelque chose que nous n’excluons jamais.

Dernière question : avec quels groupes aimeriez-vous faire une tournée ? Je vous ai laissé créer une tournée avec Deathwhite en première partie et trois autres groupes !
DW : Sentenced, Thin Lizzy et Pink Floyd. Trois groupes qui ne se ressemblent pas, mais dont nous sommes d’immenses fans.

C’était la dernière question pour moi, donc merci beaucoup pour votre temps et votre musique, les derniers mots sont pour vous !
DW : Merci du fond du cœur pour cette super interview et votre soutien. Nous l’apprécions énormément.

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