À l’occasion de la sortie d’Anti-Tank Dogs, le nouvel EP de Wolfbrigade, le groupe a répondu à certaines de mes questions.
Anti-Tank Dogs, votre nouvel EP, est sur le point de sortir, comment vous sentez-vous ? Avez-vous déjà eu quelques retours ?
Micke : J’ai hâte qu’il sorte ! Je suis vraiment content de cet EP… il nous a amené dans une direction plus directe et a un son plus extrême et primitif que l’album précédent (The Enemy: Reality). Je ne l’ai fait écouter qu’à quelques amis, et ils l’ont bien accueilli… si le groupe en est fier… c’est tout ce qui compte.
Comment résumerais-tu le nouvel EP en trois mots ?
Johan : Le titre de l’album, Anti-Tank Dogs, est un résumé de l’EP en trois mots, qui peuvent également servir de substituts aux trois groupes qui ont inspiré les chansons. Si vous savez, vous savez.
Sur l’EP Anti-Tank Dogs, j’ai remarqué la chanson Necronomium, qui est beaucoup plus lente que les autres. Y a-t-il une histoire derrière cette chanson ?
Johan : Le titre est emprunté à HR Giger. Ses paysages de rêves surréalistes constituent un cadre idéal pour le thème de cette chanson. C’est un voyage vers l’intérieur, dans l’inconnu profond et grotesque. Un endroit sans règles, sans honte, sans âge, sans autocensure. Notre ami Christian du groupe Kite joue du synthé sur le morceau. Nous avons également ajouté des souffleurs de feuilles et des percussions d’acier dans le couplet, ce qui lui donne une atmosphère cool. Nous avons l’habitude de faire des chansons rapides avec une partie lente quelque part, tu sais. Cette chanson a le même concept, juste que l’arrangement est totalement inversé (rires).
J’aime aussi beaucoup le titre éponyme Anti-Tank Dogs en raison de ses riffs extrêmement efficaces. Ce titre est-il lié aux « chiens antichars » russes de la Seconde Guerre mondiale ?
Johan : Pas vraiment. En fait, c’est un fait, ça rappelle quand ce concept horrible a été créé, mais nous l’utilisons juste comme une métaphore. Comment on peut subir un lavage de cerveau et être transformé en chair à canon pour la folie d’un autre. Les dangers de la conformité.
Comment s’est déroulé le processus de composition ? Était-il différent de vos précédentes sorties ?
Jocke : Normalement, c’est un processus long, très long, parce que nous avons utilisé presque tous les riffs existant dans notre petit et étroit univers (rires). La différence cette fois-ci est que nous avons fait toutes ces chansons rapidement, pendant une nuit de débauche. Enfin, du moins en grande partie. Plutôt inhabituel pour être nous. Nous étions censés jouer deux ou trois concerts à New York, puis un incident est survenu et les concerts ont été annulés. Alors à la place, on a apporté beaucoup d’alcool et on a fait une session nocturne dans notre studio. C’est en gros comme ça que Anti-Tank Dogs s’est formé. On ne s’attendait pas du tout à sortir un EP cette nuit-là, mais on l’a fait !
Depuis 2020, la crise de Covid-19 a foutu beaucoup de choses en l’air, comment avez-vous fait face à la situation en tant que groupe ?
Jocke : Nous ne sommes plus un groupe qui tourne beaucoup, donc j’imagine que ça aurait pu être bien pire on avait l’habitude d’être sur la route tout le temps…. mais ça a été très dur (comme pour tout le monde). Nous avons dû annuler tous nos concerts, festivals, voyages, etc… Nous avons dû tout reporter à plusieurs reprises… Encore et encore… L’année prochaine… l’année prochaine… Nous avons également eu une inondation massive dans notre salle de répétition. Un tuyau d’eau a éclaté, alors ça nous a temporairement fait une piscine à cet endroit. Des amplis, du matériel et des équipements de studio ont été endommagés. Du côté positif, nous avons passé du temps à écrire de nouvelles chansons et à être productifs…
Si l’on considère également votre durée de vie en tant que Wolfpack, le groupe existe depuis 27 ans. Pensiez-vous au début qu’il durerait aussi longtemps ?
Jocke : Personnellement, je ne m’attendais à rien. Je suis juste chanceux que cela nous ait mené si loin. En 1995, j’étais juste heureux si nous arrivions à monter sur scène sans trop bousiller les choses… Nous avons eu des moments difficiles avec des conflits personnels dans le groupe, mais nous avons toujours eu beaucoup de respect et d’amour les uns pour les autres. Je fais cela avec mes meilleurs amis, ma famille. Aujourd’hui, nous nous amusons toujours et nous aimons ce que nous faisons. L’inspiration et la passion sont toujours là. Je me vois bien faire cela pour le reste de ma vie.
Micke : Je ne pense pas que nous ayons jamais pensé à la durée de vie du groupe. Il a juste continué à avancer tout seul. Nous sommes les meilleurs amis du monde, et vous savez, vous voulez rester avec vos amis. Mais oui, 27 ans, c’est long. J’ai commencé en 98, presque la moitié de ma vie. C’est mon mode de vie qui me permet de rester sain d’esprit.
Pensez-vous que vous vous améliorez encore en tant que musiciens ?
Jocke : Oui. Je n’ai jamais eu l’intention d’être le nouvel Yngwie Malmsteen, mais je trouve toujours de nouvelles façons d’abuser de ma guitare.
Micke : Je pense que oui. C’est certain. Nous avons poussé notre son et notre écriture plus loin sur chaque disque, sans perdre les idées originales et ce à quoi nous voulions que le groupe ressemble.
Qu’est-ce qui vous a conduit à l’univers du Hardcore/Crust dans le passé ? Quel est le tout premier album que vous avez acheté ?
Jocke : Né au début des années 70, mon voyage musical a commencé avec le Heavy Metal, Kiss, Iron Maiden, (Judas) Priest, Black Sabbath, etc… J’avais entendu quelques groupes de Punk classiques de 77 comme les (Sex) Pistols, (The) Clash mais je pensais que c’était nul à l’époque….. Mon voyage Punk a commencé avec Asta Kask. Je ne savais pas que le Punk pouvait être aussi rapide. Après cela, j’ai passé du temps à chercher de la musique rapide et lourde. Je suis tombé sur Metallica, The Exploited, Anti Cimex, DNA etc… Plus tard, j’ai découvert Scum de Napalm Death et Horrified de Repulsion. C’était le truc le plus cool du monde. Je passais mon temps à écouter du Punk anglais et suédois, du Hardcore américain, du Death Metal et du Crossover. J’ai accroché.
Micke : Je pense que j’avais environ 11 ans lorsque mon voisin et moi avons trouvé dans sa cave une cassette qui appartenait à son frère aîné. La cassette contenait des enregistrements de très mauvaise qualité des groupes Asta Kask et Anti-Cimex. C’était rapide, brutal et je n’entendais pas un mot de ce qu’ils criaient, haha. À partir de là, j’ai découvert des groupes comme GBH, Exploited, English Dogs, Varukers, Svart Framtid et bien d’autres. Avant le Punk, j’écoutais W.A.S.P, Kiss et d’autres groupes comme ça… J’étais juste un petit enfant quand j’ai découvert la musique Punk. Le premier disque que j’ai acheté était Love Gun de Kiss. Premier disque Punk : Än finns det hopp de Asta Kask.
Johan : Mon tout premier album était Unmasked de Kiss. Enfant, j’aimais beaucoup Guns N Roses, Nitzer Ebb, Front 242 et Sisters of Mercy. Puis, au début de mon adolescence, j’ai découvert Anti Cimex, Discharge et d’autres groupes de ce genre. Je pense que le cd de compilation Distortion to Hell a probablement été mon premier contact avec le Hardcore suédois. Juste après la sortie de ce cd, j’ai vu Meanwhile jouer dans notre ville natale de Mariestad.
Ecoutez-vous aussi de la musique non saturée ?
Johan : Je n’ai jamais entendu ce terme auparavant, mais nous écoutons toutes sortes de musiques. Donc, la réponse est oui (rires). Je pense qu’il y a quelque chose à trouver et à apprendre dans tous les genres et toutes les formes d’art. Même les genres vraiment horribles peuvent vous donner de nouvelles idées.
Selon vous, que peut-on attendre d’un concert de Wolfbrigade ?
Micke : Du Hardcore suédois rapide, brut, dans ta face ! Comme il se doit.
Pensez-vous que la musique doit avoir un message (qu’il soit politique, social, patrimonial ou autre), ou peut-elle simplement être quelque chose d’imaginaire ?
Johan : Pas du tout. Cependant, la musique peut être un vecteur efficace pour de nouvelles idées et de nouveaux mouvements. Et les pochettes de disques et les vidéos sont également d’excellentes plateformes. Par exemple, les thèmes politiques et controversés ont tendance à être dépassés. C’est une question de contexte. Faire une version Punk de God Save the Queen était probablement très valorisant dans la Grande-Bretagne conservatrice. A présent, c’est juste un bon morceau de Rock. Ce que je veux dire, c’est qu’une peinture d’un carré noir géométrique était subversive en Russie en 1915. Mais le « motorik beat » hypnotique de Neu!, le D-Beat martelant de Discharge ou le riffage lourd de Black Sabbath, ça restera toujours aussi puissant. L’art peut être tellement plus qu’un reflet de la réalité. C’est ça la beauté de l’art.
Micke : Hmm… tu peux chanter ce que tu veux. Chantez sur les dragons et les guerriers si vous voulez, si vous voulez chanter sur un cœur brisé, moi, je m’en fous. Mais je préfère écouter des groupes qui ont quelque chose à dire. Sur la vie, la politique, l’injustice, les expériences personnelles dans ce monde fou dont nous faisons tous partie.