Les étudiants ont repris le chemin de l’école, mais pour moi c’est une toute autre ambiance qui s’annonce à l’Elysée Montmartre. Aujourd’hui marque le tout premier jour de la tournée de Watain et Abbath, deux titans du Black Metal, accompagnés par Tribulation et Bølzer, avant de sillonner l’Europe. Les portes, programmées pour ouvrir à 17h, seront largement retardées. On notera également l’ironie d’avoir programmé le show flamboyant des suédois dans cette salle.
Lorsque les premiers spectateurs entrent dans la salle, Bølzer est toujours sur scène, en train de terminer son soundcheck à base de “check, check yeah check” mais aussi de “Paris je t’aime”. Puis soudain, un sample de voix possédées se lance, et un bleu épais recouvre l’intégralité de la scène pour accueillir les premiers riffs de KzR (guitare/chant) accompagné de sa fidèle guitare à dix cordes, ainsi que le blast massif d’HzR (batterie). Quelques flashs lumineux se glissent dans cette marée insondable pendant que le groupe nous offre son Black/Death mystique et étouffant, laissant les spectateurs qui arrivent peu à peu rejoindre immédiatement ce rituel mystique. Le duo, dont on ne verra quasiment que les silhouettes, sera malheureusement obligé de réduire son set glacial en raison du retard du soundcheck, mais la demie-heure en leur compagnie confirme largement leur talent et leur puissance.
Setlist: Roman Acupuncture – The Archer – Unknown New Song – Æstivation – C.M.E.
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Changement total d’ambiance avec l’arrivée de Tribulation qui n’effectuera que de très rapides réglages de dernière minute avant de nous offrir leur univers Gothique Progressif sous des lumières vertes qui rend les musiciens maquillés menaçants. Au centre, Johannes Andersson (basse/chant) reste assez immobile tout en laissant Adam Zaars et Joseph Toll (guitares) gesticuler en nous offrant leurs harmoniques envoûtantes, encadrées par les frappes d’Oscar Leander (batterie). La réponse du public est très positive, laissant facilement le groupe et ses riffs aériens faire remuer quelques têtes, mais les morceaux passent plutôt vite. Le groupe reviendra sur la très récente sortie d’Hamartia, leur nouveau titre, qu’ils joueront pour la première fois en live ce soir et qui sera également bien reçue par la foule avec ses sonorités très Old School qui renouent avec les racines du groupe, mais c’est après seulement deux titres supplémentaires et une salve d’applaudissements que le groupe quittera la scène.
Setlist: In Remembrance – Leviathans – Nightbound – Melancholia – Hamartia – Funeral Pyre – Strange Gateways Beckon
On passe au vif du sujet avec l’installation du nom d’Abbath en fer forgé en plein milieu de la scène, mais surtout lorsque le groupe entre sur scène sur cette marche guerrière. On comprend immédiatement que le show sera centré sur la légende du Black Metal norvégien Olve “Abbath” Eikemo (guitare/chant), qui n’hésite pas à se déplacer sur l’avant de la scène en grimaçant comme à son habitude avant de revenir se placer derrière son micro pendant qu’Ole André Farstad (guitare) et le bassiste remplaçant restent immobiles et à l’écart, souvent occultés par des lumières… complexes. On distinguera également assez peu Ukri Suvilehto (batterie) derrière son kit, mais force est de constater que le son du combo est excellent. “Alright Paris!” lâche le frontman avant d’annoncer les titres puis de se mettre à headbanguer dans son armure de scène devenue culte, piochant à la fois dans les titres de sa carrière solo, mais également dans ses anciens projets, I et Immortal. On ne notera d’ailleurs que peu de temps morts, l’enchaînement des morceaux étant assez fluide tout en permettant à l’homme de jouer un peu avec le public pendant que les musiciens décident finalement de se mettre légèrement plus en avant alors que les lumières les enveloppent parfaitement. J’ai cru apercevoir de loin quelques slammeurs peu avant la fin de ce show qui se fait plus planante, laissant finalement les musiciens sortir de scène sous des acclamations méritées.
Setlist: Intro : Roman March (Miklós Rózsa Song) – Acid Haze – Dream Cull – The Artifex – Ashes of the Damned – Dread Reaver – Hecate – Warriors (I cover) – Winterbane – In My Kingdom Cold – (Immortal cover) – Beyond the North Waves (Immortal cover) – Withstand the Fall of Time (Immortal cover) – Outro : Prologue / Anvil of Crom (Basil Poledouris song)
La scène est remaniée pour faire place à la messe noire de Watain qui sera principalement ornée de rouge. Les membres entrent un à un pour se placer dos à nous pendant qu’Erik Danielsson (chant) s’agenouille devant son autel, puis le coup d’envoi est lancé. Une fois de plus, il ne faudra pas s’attendre à beaucoup plus que les silhouettes découpées de Pelle Forsberg (guitare), Alvaro Lillo (basse) et Hampus Eriksson (guitare) dans cette vague sanglante, laissant le frontman théâtral hurler comme un démon dans son micro. Nous distinguerons également à peine E. Forcas (batterie) lorsque le show aura débuté, mais ses frappes surpuissantes épaulent parfaitement le son brut et malsain des suédois, qui alignent les morceaux tout en se plaçant au plus près d’une fosse qui remue énormément, avec un premier rang visiblement composé de fans de longue date. Le frontman prendra tout de même quelques instants pour remercier ses fidèles avant d’enchaîner tout en jouant avec son pied de micro ainsi qu’avec son calice rempli de sang. “Now join us!” lâche-t-il après avoir allègrement arrosé la fosse déchaînée. Mais à nouveau, leur temps de jeu file, et les problèmes de retard obligeront le combo à amputer leur setlist de deux titres, pour clore leur prestation après être reparti bénir le premier rang avec un peu plus de sang. “This is your last chance to join us, Paris!” lance-t-il avant que Malfeitor ne vienne faire rage dans une fosse aussi impliquée qu’énergique, et le show se terminera dans un hurlement collectif de fureur fédératrice, laissant les musiciens repartir.
Setlist: Ecstasies in Night Infinite – Black Salvation – The Howling – I Am the Earth – Reaping Death – Devil’s Blood – Serimosa – Not Sun nor Man nor God – Before the Cataclysm
Rappel: Malfeitor
Malgré quelques problèmes techniques ayant forcé les groupes à raccourcir leur temps de jeu, les quatre groupes ont tout donné pour cette première date de leur Chariots of Fire tour. La masse sonore de Bølzer suivie par la danse macabre de Tribulation, la confirmation de la puissance d’Abbath ainsi que le rituel impie de Watain (sans pyrotechnie, évidemment) ont tous contribué à donner vie au Black Metal ce soir, peu importe sa forme. Je remercie chaleureusement Garmonbozia Inc. pour cette soirée sombre et intense.