Keenan Oakes, chanteur et bassiste du groupe sud-africain Constellatia, a répondu à quelques questions sur le deuxième album du groupe, Magisterial Romance.
Chronique de Magisterial Romance
Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe Constellatia et toi, sans utiliser les étiquettes musicales habituelles comme « Post Metal », etc… ?
Keenan Oakes (basse/chant) : Bonjour. Nous sommes un groupe du Cap, en Afrique du Sud, qui fait de la musique que nous trouvons émotionnellement engageante et viscérale, sous le terme générique de Metal.
Quel lien faites-vous entre le nom Constellatia et la musique que vous jouez ? Vous souvenez-vous d’où il vient ?
Keenan : La musique, du moins pour nos oreilles, sonne comme notre nom le suggère. Elle a une qualité d’évasion ou éthérée, peut-être liée au monde cosmique. Je pense que notre nom fait référence à une nature d’outre-monde sous-jacente. Il vient du mot « constellation ».
Votre deuxième album, Magisterial Romance, vient de sortir. Que pensez-vous de cette sortie ?
Keenan : C’est un soulagement de l’avoir sorti après l’avoir conservé pendant de nombreux mois. Nous l’aimons vraiment, et nous apprécions la façon dont les gens (et nous-mêmes) le perçoivent. Nous réalisons que c’est un disque plus lent que The Language of Limbs et définitivement plus dense.
Comment s’est déroulé le processus de composition ? Y avait-il une différence avec le premier album ?
Keenan : Il était stagnant. A cause du Covid, il y a eu de grandes pauses entre l’écriture. Nous ne pouvions pas nous voir aussi souvent que nous l’aurions voulu, c’était donc la principale différence. Le temps. La musique a en quelque sorte été reléguée au second plan dans nos vies à l’époque, avec tout ce qui se passait.
Que peux-tu me dire à propos de la pochette ? Comment l’associez-vous au son de Magisterial Romance ?
Keenan : Je ne pouvais pas imaginer une meilleure image pour illustrer Magisterial Romance. Elle ressemble à la sonorité du titre. Un grand geste romantique, une offrande. J’ai toujours voulu travailler avec Kent Andreasen, c’était donc le projet idéal. Nous avons pris plusieurs photos, et celle-ci a été décisive pour la couverture.
Je ressens un contraste profond et cohérent dans chaque chanson, entre les parties brutes de Post-Black et les tons mélancoliques aériens, comment faites-vous pour garder l’équilibre entre les deux parties ?
Keenan : Merci. Pour être honnête, nous ne pensons pas trop à cela, du moment que tout sonne bien à nos oreilles et coule d’une manière qui nous plaît.
Sur la chanson Adorn, vous accueillez Alison Rachel et Skye MacInnes du groupe d’Alternative Pop Honeymoan, qui est possède un univers totalement différent du vôtre. Pourquoi avez-vous choisi de collaborer avec elles ?
Keenan : Ce sont de bonnes amies et de brillantes écrivaines. Alison a chanté sur le premier album, donc il y avait déjà une connexion établie. Nous avons senti qu’ils s’adapteraient parfaitement à la chanson.
Vous avez récemment signé un contrat avec Season of Mist, comment cette collaboration s’est-elle produite ? Quelle a été leur contribution à l’album ?
Keenan : Nous avons signé peu après la sortie du premier disque. Un représentant du label l’a envoyé à Michael, et il nous a contactés pour qu’on travaille ensemble. Ils nous ont laissé faire notre truc, ce que nous aurions fait de toute façon.
Depuis 2020, la crise de Covid-19 a foutu beaucoup de choses en l’air, comment avez-vous fait face à la situation en tant que groupe ? Cela a-t-il eu un impact sur vous ou sur votre travail ?
Keenan : Comme mentionné précédemment, le groupe n’était pas la plus grande priorité à l’époque. Le Covid a beaucoup ralenti les choses. Nous avons pris les choses en main et avons travaillé quand nous le pouvions et quand nous en avions envie.
Avez-vous des projets pour l’avenir du groupe que vous pourriez dévoiler ?
Keenan : Plus de vidéos, plus de musique, beaucoup de tournées.
Qu’est-ce que vous aimez dans votre musique que vous ne trouvez pas dans celle des autres groupes ?
Keenan : C’est une bonne question. Ce n’est pas que l’on ne le retrouve pas dans d’autres musiques… Rien n’est plus personnel pour vous que votre propre musique. C’est vraiment spécial de la voir prendre forme, cette idée que vous avez eue avec votre ami. C’est une source de pouvoir, c’est la façon dont nous avons traité certains événements qui se sont produits dans nos vies. La musique des autres est sans aucun doute le pivot de notre volonté de créer la nôtre. C’est notre contribution à ce monde qui nous engage depuis aussi longtemps qu’on s’en souvienne.
Pensez-vous que vous vous améliorez encore en tant que musiciens ?
Keenan : Absolument !
Qu’est-ce qui vous a conduit à l’univers de la musique à l’époque ? Et surtout la musique saturée ? Quel est le tout premier album que tu aies acheté ?
Keenan : La mère de Gideon travaillait dans une station de radio chrétienne. Ils passaient de la musique saturée de groupes chrétiens. Je pense que c’est l’une des façons dont Gideon a découvert le Metal. Je vais devoir confirmer avec lui ; je sais qu’il a lentement fait son chemin vers les trucs vraiment lourds, comme la plupart d’entre nous. Quand j’étais enfant, mon père jouait beaucoup de musique… Je me souviens surtout des vacances en famille et du fait qu’il jouait The Carpenters pendant nos voyages en voiture. C’était spécial et je pense que cela a eu un impact important sur ma vie. Je me souviens avoir écouté Mr. Postman et je me sentais nostalgique, même si j’étais un garçon de 10 ans. Le premier album que j’ai acheté était Invincible de Five. Le Meétal m’a trouvé au début de mon adolescence avec MTV. J’ai commencé par Around the World des Red Hot Chili Peppers (pas tout à fait une chanson Metal mais elle a ses moments), puis je suis passé à Limp Bizkit, Slipknot, Killswitch Engage, Lamb of God, puis à des trucs plus extrêmes, etc…
Peut-être as-tu déjà entendu parler de la scène française ? Quels sont les groupes français que tu connais et que tu aimes ?
Keenan : Les premiers qui me viennent à l’esprit sont Blut Aus Nord et Deathspell Omega. De la musique Metal vraiment captivante, Avant-Gardiste, des pionniers. L’un de mes disques préférés quand je commençais à m’intéresser à des trucs plus lourds est From Mars to Sirius de Gojira. C’était assez important pour moi !
La musique est-elle votre véritable emploi, ou en avez-vous un autre ? Qu’en est-il de vos hobbies ?
Keenan : On aimerait bien ! Avec un peu de chance, nous pourrons y arriver un jour… Gideon est programmeur, Adam est designer, et je travaille dans un bar et un salon de tatouage.
Y a-t-il des groupes qui ont attiré votre attention récemment ? Que peux-tu me dire sur la scène musicale de ton pays ?
Keenan : Pas vraiment. Je me rends compte que nous avons tendance à écouter tous les trucs qui nous ont donné envie de faire de la musique au départ, du moins pour moi. Je ne recherche plus autant de nouvelles musiques qu’avant… C’est très accablant, même si je ne doute pas qu’il y ait de la musique incroyable. Le groupe de Metal le plus récent que j’ai découvert est probablement Vanum. La scène musicale en général au Cap s’est vraiment étiolée ces dernières années, mais on assiste à une résurgence.
Et si je vous demandais de comparer la musique de Constellatia à un plat ? Lequel et pourquoi ?
Keenan : Un curry très copieux, réconfortant et épicé peut-être, parce qu’il remplit toutes les conditions !
Y a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, un album…
Keenan : Ce serait génial de travailler avec Aaron Turner d’une manière ou d’une autre. Avec Weyes Blood, ce serait également génial !
Dernière question : Envisagez-vous de jouer en live ? Si oui, avec quels groupes aimeriez-vous tourner ? Je vous ai laissé créer une affiche avec Constellatia en première partie et trois autres groupes !
Keenan : Absolument. Nous allons jouer en live à partir de l’année prochaine. Nous sommes ouverts à l’idée de tourner avec des groupes de styles totalement différents et des groupes de Metal. Puisque c’est hypothétique, amusons-nous… Constellatia, Angel Olsen, King Gizzard & The Lizard Wizard, Opeth.
C’était la dernière question pour moi, donc merci beaucoup pour votre temps et votre musique, les derniers mots sont pour vous !
Keenan : Merci et nous espérons vous voir en France l’année prochaine !