Spellbound, chanteur et créateur de Jours Pâles, a répondu à quelques questions concernant la sortie de Tensions, son deuxième album.
Bonjour et tout d’abord merci de m’accorder de ton temps ! Comment présenterais-tu le groupe Jours Pâles sans utiliser les habituelles étiquettes “Metal” ?
Spellbound : Bonjour. Je vais dire une musique sincère, mélancolique, capiteuse, qui est un panachage de plusieurs styles ou d’influences que j’ose espérer filtrées et digérées, donc forcément quelque chose de personnel aussi.
Le deuxième album du groupe, Tensions, est sur le point de sortir, comment te sens-tu ?
Spellbound : Éreinté, car cet album m’a pompé beaucoup d’énergie, puis j’ai eu une grosse période de moins bien à la fin de la composition et des enregistrements. Une sorte de vide, j’étais désorienté et las, c’est d’ailleurs pour ça que je me suis vite remis à composer une suite, histoire de combler ce néant intersidéral et cet état d’esprit négatif dans lequel je me trouvais alors. D’un autre côté, la sortie approche à l’heure où je te parle et du coup excité car je suis très fier du résultat final et j’ai hâte de pouvoir partager mon album avec les fans, autant que de le faire découvrir à des individus qui ne connaissent pas encore ce projet.
Comment s’est passé le processus de composition ainsi que l’écriture des paroles ? Qu’est-ce qui a changé par rapport au premier album ?
Spellbound : Rien n’a vraiment changé si on ne parle que de composition pure et de méthode de travail. Je prends une guitare et je me laisse guider par mes ressentis ou mes émotions, tout part de là. Ma manière d’aborder la création n’a donc pas changée et ce depuis Asphodèle. Par contre, tous les musiciens présents sur le premier album Eclosion sont depuis partis pour diverses raisons, la plupart par manque de temps liés à leurs groupes respectifs. J’ai donc recentré le line up exclusivement sur une proximité géographique. Cela a clairement permis de faciliter l’aspect organisationnel, que ce soit pour les enregistrements, les arrangements, la communication. Puis les gars qui m’entourent sont des musiciens géniaux et Jours Pâles avance encore plus vite depuis que nous sommes sur cette formule. Alexis aux guitares, Alex à la basse et Ben à la batterie ont fait un travail formidable. Mis à part ça, pas de changement notable.
Qu’est ce que tu peux me dire concernant la création de l’artwork ? Pourquoi avoir choisi Niklas Sundin, et comment s’est passée la collaboration avec lui ?
Spellbound : J’avais plusieurs idées pour la suite de l’artwork. Soit continuer sur une photo comme pour le premier album, soit partir dans une direction vraiment différente. Comme le propos musical évolue, je présume qu’il était bien d’opérer une cassure au niveau du visuel. Concernant mon choix vis-à-vis de Niklas Sundin, déjà je suis un gros fan de Dark Tranquillity et d’à peu près tous les groupes dans lesquels il joue ou a joué. Puis il a fait des pochettes cultes pour des groupes qui le sont tout autant. Son style en tant qu’illustrateur est particulier, je peux autant adorer certains trucs et d’autres un peu moins, car il est « versatile » et possède des techniques dans différents styles, et donc une palette vraiment étendue. Ca fait longtemps que j’avais envie de faire quelque chose avec lui et c’était comme un rêve de gosse de pouvoir collaborer avec ce très grand artiste. J’ai donc tenté ma chance en envoyant un premier mail, qui a reçu quelques jours plus tard une réponse positive, avec en plus ses félicitations concernant mon travail musical. Je trouve ce qu’il a produit sur Tensions simplement parfait. Ca dépeint tout à fait ce que j’ai voulu transmettre au niveau des atmosphères musicales ainsi qu’au niveau des paroles. Un monde désabusé, triste, englué dans ses technologies, sa modernité froide et nauséabonde… Et puis la pochette regorge de détails. Le visage féminin dégage une beauté rare autant qu’une immense peine. C’était la pochette parfaite pour cet album selon moi et Niklas sait la gratitude que j’ai d’avoir pu travailler avec lui.
Par rapport au premier album, j’ai clairement senti une approche plus brute et plus agressive, est-ce que tu le ressens aussi ? Comment est-ce que tu expliques ce changement ?
Spellbound : Oui bien sûr, je le pense aussi. Certains titres sont plus frontaux, plus rentre dedans mais d’un autre côté tu as bien plus de subtilités par exemple dans le jeu de batterie, il y a aussi plus de voix claires à certains endroits, mais aussi un côté plus agressif c’est vrai. Certaines chansons gardent tout de même une patte qu’on peut retrouver sur Eclosion, ce côté Rock, certains passages assez lents… Un album représente un instant T. Au moment où j’ai composé et enregistré les voix de Tensions, j’étais clairement beaucoup plus colérique et en danger que sur Eclosion. Je pense que c’est en grande partie pour ça que le côté agressif reprend le dessus sur pas mal de passages des morceaux sur ce disque. D’un autre côté, tu as aussi plus de titres qui s’étirent en longueur que sur le premier album, c’est donc un bon équilibre entre agressivité et mélodie.
Sur l’album, on retrouve la voix de Natalie Koskinen (Shape of Despair), comment as-tu pris contact avec elle pour avoir sa participation ?
Spellbound : Je suis fan de Natalie et j’aime le concept de faire participer d’autres artistes sur mes disques, je crois que tu l’as remarqué. J’ai souvent dit que si je ne devais retenir et choisir qu’un seul morceau dans ma vie, ça serait Withdraw de Shape of Despair. Le fait d’avoir Natalie sur cet album représente donc énormément pour moi. J’avais fait une première tentative, une première prise de contact il y a quelques années et ça n’avait pas donné grand-chose. Puis quand j’ai eu de la matière musicale pour le second album de Jours Pâles et que j’ai composé ce titre Ode à la vie (chanson pour Aldérica) j’ai tout de suite pensé qu’il me fallait la voix de Natalie sur certains passages. J’ai simplement repris contact avec elle en lui laissant la démo du titre, et elle a bien voulu participer à poser ses voix, et ce, gracieusement.
On entend à nouveau des samples vocaux sur certains titres, qu’apportent-ils à tes compositions ?
Spellbound : J’insère des samples depuis Asphodèle, et sur tous mes autres albums effectivement, Eclosion et Tensions n’y échappent pas. Cela sert simplement à appuyer un propos ou préparer une partie de voix qui arrive après, illustrer un bout de texte ou habiller un passage musical et dans tous les cas ce n’est jamais laissé au hasard. Tu trouves d’ailleurs une trame de fond car depuis le premier album d’Asphodèle je me sers du même reportage pour mes samples (Drogue dis-leur, Nils Tavernier).
Quel est le morceau qui te parle le plus sur cet album ?
Spellbound : Ils me parlent tous à différents niveaux et je n’ai des préférences que par intermittence. Selon mon humeur je vais plus avoir tendance à préférer tel ou tel titre car l’album est varié en termes d’ambiances et il y en a un peu pour tous les goûts si je puis dire. En ce moment, j’écoute beaucoup Dose(s) car j’aime son énergie et son agressivité et Ode à la vie (chanson pour Aldérica) car c’est peut-être le thème le plus perso que j’ai pu développer jusqu’ici et que les voix de Natalie apportent un plus à l’atmosphère globale. Jour de pluie jour de fête dès qu’il pleut bien entendu et j’invite les gens à faire de même, ce titre avec quelques bières fortes un jour de pluie c’est un bon choix.
Jours Pâles a récemment débuté les lives, comment se sont passés les premiers concerts ?
Spellbound : Franchement très bien pour le moment. On a eu la chance d’être directement balancés dans l’arène avec des supers dates, notre première fut pour le LADLO Fest, donc très belles conditions, autant sur scène qu’en dehors. On connaît les exigences et le sérieux du label en termes d’organisation et d’accueil… Ensuite on a pu jouer au Furios Fest, un festival émergeant dans le Cantal. On a aussi fait une date dans un événement privé organisé là encore par LADLO en partenariat avec la brasserie indépendante Ouroboros (Haute-Loire) un super lieu pour un week end occulte, participatif et thématique. On va partir d’ici fin février sur une mini tournée qui passera par trois dates en Allemagne et qui finira sur Colmar et Lyon, avec un autre groupe LADLO : Lunar Tombfields et aussi Lighthouse un groupe allemand. Je pense que la sortie de Tensions va nous permettre de continuer sur la lancée et de faire pas mal de dates pour 2023.
Est-ce que tu as déjà des plans pour le futur du groupe ? Que ce soit concernant le live, les enregistrements, ou autres…
Spellbound : Le plan c’est de faire le maximum de promotion pour l’arrivée de Tensions, que ce soit par le biais de concerts, de tournées, d’entrevues, et de continuer à préparer la suite discographique du projet, le troisième album étant déjà en route puisque je ne m’arrête quasiment jamais de composer.
Comment juges-tu ton évolution en tant que musicien entre le premier et le deuxième album ?
Spellbound : Je pense qu’il y a un sacré fossé entre les deux albums et pourtant à peine plus d’un an séparent les deux sessions de compositions de ces deux sorties. J’ai plus bossé la guitare et ma vision de la composition s’est affinée entre temps, tout est plus intense, plus abouti je trouve. Je crois que Tensions est un cran au-dessus, que ce soit vis-à-vis de la technique, des structures, de l’exécution… Je suis très fier d’Eclosion mais je suis très «heureux» de la tournure du projet avec Tensions.
Que penses-tu de la scène française sur l’année 2022 ?
Spellbound : Je n’en pense pas grand-chose ! Il y a toujours eu d’excellents trucs qui sortent de chez nous, mais je ne scrute pas nécessairement ce qui se fait ces dernières années ou ces derniers mois. C’est plus que je tombe par hasard dessus. J’étais récemment chez un ami dans le Périgord noir qui a mixé le dernier Hordous, je connaissais pas et c’est une belle découverte pour ma part.
Quels sont tes coups de cœur musicaux en ce moment ?
Spellbound : En ce moment je tourne beaucoup sur Sidewalks & Skeletons, un projet Electro que j’adore. Sinon, je suis retombé sur quelques titres du projet canadien Unexpect, complètement barré, j’aime beaucoup. Je me replonge aussi dans l’album Confusion Bay de Raunchy, je trouve ça très fun et super bien ficelé, j’adore les vocaux bien déjantés mais aussi très convaincants en clair de Lars Vognstrup qui d’ailleurs est parti après cet enregistrement pour aller vers des horizons musicaux beaucoup plus Pop… Enfin, les deux derniers Ferriterium passent pas mal ici en ce moment.
Est-ce que tu te vois collaborer avec d’autres musiciens à l’avenir ?
Spellbound : J’ai toujours aimé collaborer avec des artistes sur mes projets personnels et oui, je pense qu’à l’avenir il y aura d’autres choses qui iront dans ce sens. Que ce soit moi en tant qu’invité, je l’ai déjà accepté par le passé avec des groupes comme Hanternoz, Crépuscule d’hiver, Sühnopfer, Darkenhold, Tarask et d’autres propositions me parviennent assez régulièrement… Mais aussi des artistes qui viendront poser des voix sur les prochains Jours Pâles, c’est sûr.
Dernière question : avec quels groupes voudrais-tu jouer ? Je te laisse créer une tournée avec Jours Pâles en ouverture, et trois autres groupes.
Spellbound : Shape of Despair, Psychonaut 4, Au champ des morts, Jours Pâles.
Une fois encore, merci de m’avoir accordé de ton temps, je te laisse les mots de la fin !
Spellbound : Eh bien, merci à toi pour l’entrevue, pour tes questions intéressantes ainsi que ton intérêt envers Jours Pâles. N’hésitez pas à suivre le groupe sur Facebook pour avoir accès aux dernières nouvelles, aux prochains concerts etc… Bonne continuation à toi et à bientôt !