Review 1605 : Happy Days – En Enfer, J’ai Régné…

Happy Days n’est pas encore mort.

Malgré son récent silence, le groupe créé en 2004 aux Etats-Unis par A. Morbid (chant/guitare/basse/claviers) annonce la sortie de son sixième album, En Enfer, J’ai Régné…, qui sort chez Talheim Records.

Le musicien est à nouveau accompagné par Dan, son batteur de session depuis quelques temps, mais également par Kenny C (Neurastenia) à la guitare ainsi que par Ylva de Lune et Erszebeth (Stupor Mentis) pour les chœurs.

Décrit comme le travail le plus personnel par son auteur à ce jour, l’album s’ouvre sur Ils Flottent Tous En Bas, une introduction extrêmement angoissante qui fait bien évidemment référence à un film d’horreur bien connu. Une fois ce moment pesant passé, J’y Étais vient nous étouffer dans un mélange lancinant et très sombre mais assez court de DSBM et de Funeral Doom, parfois même accompagné de choeurs féminins qui contrastent avec les hurlements d’outre tombe ou de chant clair en français. Les leads glaciaux nous transportent jusqu’à Hollow, où le groupe accueille Holly Fox du projet canadien Vakvnt, ajoutant une nouvelle dose d’intensité à sa musique profonde et aérienne, créant un duo inattendu mais extrêmement expressif où le chant clair aérien rencontre les hurlements possédés. Le final nous mène à Je Sais Ce Que J’ai Vu et à sa dissonance, créant un paysage beaucoup plus brut et torturé sur lequel le musicien développe également des passages plus doux, en particulier lorsque les claviers s’expriment. Les fans du groupe auront très probablement reconnu Ne Me Quitte Pas (Don’t Go), le titre suivant, qui est une adaptation en français de l’un des titres les plus emblématiques de la formation, qui conserve son intensité dramatique peu importe la langue utilisée. Après cet hymne à la tristesse, Non Ducor, Duco prend les rênes des sonorités mélancoliques tout en les couplant à des parties vocales brutes et agressives, ainsi qu’à des leads tranchants qui savent accélérer pour planter leurs crocs dans une rythmique lancinante avant de se montrer dissonants pour soutenir une batterie virulente, puis Mon Cadeau Au Monde placera une touche inquiétante dans ce nuage pesant. Des choeurs surprenants et occultes rejoignent le break majestueux avant de s’intégrer au Black Metal agressif, laissant finalement le titre accueillir quelques orchestrations avant que Mors Vincit Omnia ne vienne apporter son mélange entre saturation agressive et voix planantes en arrière-plan. Le morceau nous transporte lentement entre deux accélérations jusqu’à Forgive Me, qui renoue avec la mélancolie et qui délaissera quelque peu les tonalités plus brutes et directes pour alimenter les riffs aériens avant de donner naissance à En Enfer, J’ai Régné, la composition éponyme, qui nous saisit à la gorge avant de nous déverser ses sonorités poignantes en plein visage. A la fois mélancolique, tragique et étouffant, le morceau est l’un des plus beaux du groupe, et c’est après une lente complainte que le final lumineux nous fait replonger dans l’ombre grâce à Life Goes On, le dernier titre, qui laisse le vocaliste nous tenir en haleine grâce à des hurlements possédés qui se couplent à merveille avec l’instrumentale brumeuse et impénétrable.

Le retour d’Happy Days est parfait pour célébrer les temps troublés que nous avons vécu et que nous nous apprêtons à vivre. Si En Enfer, J’ai Régné… est l’album le plus personnel et le plus intense jamais créé par son maître, il est également extrêmement contagieux.

95/100

English version?

 

Quelques questions à A.Morbid, créateur du groupe Happy Days.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Peux-tu vous présenter le groupe Happy Days et toi sans utiliser les « étiquettes » habituelles du Metal ?
A.Morbid : Merci beaucoup d’avoir pris le temps de me parler. C’est A.Morbid qui parle, fondateur de Happy Days

Enfer, J’ai Régné…, ton nouvel album, est sur le point de sortir. Comment te sens-tu ? As-tu déjà des retours ?
A.Morbid : Je suis très satisfait du résultat final du nouvel album car j’ai le sentiment qu’il va pousser le groupe vers des sommets bien plus élevés qu’auparavant. Les retours jusqu’à présent ont été absolument positifs et j’en suis très reconnaissant. J’espère que les fans français l’apprécieront également. 

Comment résumerais-tu Enfer, J’ai Régné… en seulement trois mots ?
A.Morbid : Ascension et chute.

Tu utilises maintenant la langue française sur la plupart de tes chansons, pourquoi as-tu décidé d’opter pour cette langue à présent ?
A.Morbid : J’ai toujours eu un amour profond pour la langue française et les langues en général. Mais la langue française en particulier, j’ai toujours trouvé qu’elle était la plus émotionnelle et la plus poétique.

Qu’est-ce qui t’a poussé à revenir à la création musicale après six ans ?
A.Morbid : Je n’ai jamais cessé d’écrire de la musique à la base. Je n’aime pas écrire de la musique pour le plaisir d’écrire de la musique. Si l’inspiration n’est pas là, je ne la forcerai pas. Sinon, ce n’est pas réel et on se retrouve avec un son très générique. Et je refuse que Happy Days devienne juste un autre groupe de DSBM. Happy Days est bien plus que ça. 

Comment as-tu abordé le processus de composition de cet album ? Y a-t-il eu des changements par rapport aux albums précédents ?
A.Morbid : Il y a eu beaucoup de changements majeurs dans le processus de composition et beaucoup de moments laborieux mais le résultat final en valait la peine. Surtout avec tous les retours positifs que j’ai reçus jusqu’à présent.

Il y a quelques invités sur cet album, Holly Fox de Vakvnt, ylva de lune et Erszebeth de Stupor Mentis. Comment les as-tu contactés et leur as-tu demandé de participer à ta nouvelle création ?
A.Morbid : Je leur ai simplement écrit un message et demandé leur collaboration. Et ils ont fait un travail fantastique sur l’album. J’espère pouvoir travailler à nouveau avec eux dans un avenir proche. 

Comme tu l’as mentionné, cet album est certainement le plus sombre et le plus intense que tu aies créé, mais une chanson me semble plus saisissante, le titre Enfer, J’ai Régné. Quelle est l’histoire de cette chanson, si tu veux bien en parler ?
A.Morbid : C’est l’album le plus personnel et le plus émotionnel que j’ai écrit jusqu’à présent. L’album entier parle de ce que j’ai enduré ces 5 dernières années dans ma vie personnelle. Bien sûr, à la fin, les gens vont interpréter l’album très différemment de ce que j’ai envisagé, mais c’est la beauté de l’art, n’est-ce pas ? Si vous lisez entre les lignes de chaque texte de l’album, vous comprendrez parfaitement de quoi parle chaque chanson. Surtout la chanson éponyme, qui est l’une des moins métaphoriques et qui est assez directe. C’est l’une des rares paroles que j’ai du mal à lire, même aujourd’hui, car elle touche à quelque chose de très personnel et de douloureux dans ma vie personnelle que j’ai récemment enduré.

Est-ce que tu as une chanson préférée sur cet album ? Ou celle qui a été la plus naturelle à créer ?
A.Morbid : Chaque chanson est très spéciale pour moi. C’est trop difficile pour moi de choisir. Je dirais probablement la chanson éponyme et Mors Vincit Omnia même si j’ai vraiment apprécié toutes les chansons et que je suis 100% satisfait de chacune d’entre elles, ce qui est rare car je suis un perfectionniste et souvent je suis insatisfait même quand une chanson est terminée.

As-tu déjà des projets pour l’avenir du groupe ?
A.Morbid : Beaucoup, beaucoup de tournées et l’écriture de nouveaux albums.

Y a-t-il des musiciens ou des groupes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, un album…
A.Morbid : Ils sont trop nombreux pour que je puisse les citer tous, mais j’adorerais un jour faire une chanson avec le cerveau de Blut Aus Nord, car ils sont l’une de mes principales influences musicales pour Happy Days. Il y a trop d’artistes que j’admire et avec lesquels j’aimerais collaborer. Je suis toujours ouvert à ce que des gens me contactent.

Aimerais-tu te produire en concert avec Happy Days ?
A.Morbid : Nous sommes en train d’organiser des concerts pour 2024. Pour le moment, nous allons jouer en live en Belgique, en Suisse et en Autriche pour 2023. Veuillez consulter la page Facebook et Instagram pour plus d’informations.

C’était ma dernière question, merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
A.Morbid : Je veux juste te remercier d’avoir pris le temps de me parler et j’ai hâte de notre prochaine interview. Merci.

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