Review 1668 : Dødheimsgard – Black Medium Current

Le mystère de Dødheimsgard s’épaissit.

Créé en 1994 en Norvège, le groupe mené par Vicotnik (chant/guitare, Dold Vorde Ens Navn, Ved Buens Ende, ex-Naer Mataron) et complété par E. Måløy (basse, If Nothing Is, ex-Khôra), Tommy Guns (guitare/piano, Kirkebrann) et Ø. Myrvoll (batterie, Dold Vorde Ens Navn, Nidingr…) annonce après huit années de silence la sortie de Black Medium Current, son sixième album.

L’album débute avec Et smelter, une longue composition qui réouvre lentement de voile de mystère avant de laisser quelques murmures s’en échapper avant que la noirceur ne nous capture avec ses riffs acérés. Les cris bruts, renforcés par des choeurs plus mélodieux, rejoindront également la déferlante aux influences Old School avant que le chant clair ne reprenne place dans l’ouragan glacial, qui finira par s’apaiser et dévoiler des tonalités étranges. La saturation et les sonorités inquiétantes referont surface avant de laisser la folie nous mener à Tankespinnerens Smerte, qui dévoilera dans un premier temps sa douceur et son originalité par les parties vocales surprenantes. On y retrouvera également quiétude apaisante et sonorités lancinantes, mais aussi des tonalités pesantes et étouffantes, saturées ou non, qui créeront un cocon pour mieux y ajouter la noirceur avant de la laisser se renforcer avant qu’Interstellar Nexus ne nous offre ses mélodies complexes et saccadées, sans oublie cette touche froide. Chaque instrument est mis à contribution pour donner vie à cet ouragan imprévisible et pourtant très enjoué qui nous fascine, intégrant des claviers plus modernes et un final sauvage, puis It Does Not Follow viendra renouer avec la douceur d’un Rock Progressif groovy et accrocheur. La rythmique fait apparaître quelques décharges de violence avant de se laisser submerger par des riffs effrénés, seulement troublés par les parties vocales et des percussions étranges dans un premier temps, puis la dissonance reprendra le dessus en les faisant freiner, nous conduisant à Voyager, un interlude assez doux qui vient briser le rythme imposé par le groupe. L’atmosphère mystérieuse est conservée, en particulier avec ces quelques derniers mots, puis Halow prend la suite en imposant une rythmique lancinante sur laquelle les voix apparaissent de temps à autre, complétées par des harmoniques planantes et presque apaisantes. Mais le chant conserve également cette faculté à faire changer l’atmosphère avant de revenir dans le calme, suivi par un final cristallin puis par Det tomme kalde morke, une composition beaucoup plus brute et agressive qui laisse des influences Old School se mêler avec la complexité du groupe. Comme à leur habitude, les musiciens n’oublieront pas ces touches inquiétantes plus lentes et étouffantes entre riffs dissonants, claviers étranges et voix torturées, avant qu’Abyss Perihelion Transit ne prenne la suite avec ce son plaintif et ces influences Funeral Doom. La saturation reviendra finalement nous faire progresser jusqu’à ce nuage aussi étrange qu’inattendu avant que la lenteur, cette fois agrémentée d’un base rythmique saccadée, ne nous mène à un final presque motivant, qui va s’éteindre pour laisser Requiem Aeternum clore l’album avec ce duo malsain entre claviers et voix tout en restant ancré dans la noirceur et l’inattendu.

Ne vous attendez jamais à quoi que ce soit avec Dødheimsgard. Car sur ce fond de Black Metal AvantGardiste, au pire ce que vous redoutez va arriver, et au mieux, le groupe va l’amplifier, le déformer et le brutaliser pour faire de Black Medium Current l’un des albums le plus riche, complexe, inattendu et surprenant de 2023.

90/100

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