Cattle Decapitation annonce la prochaine apocalypse.
Depuis 1996 aux Etats-Unis, le groupe affirme clairement ses idéaux, et c’est avec Terrasite, leur dixième album qui sort chez Metal Blade Records, que Travis Ryan (chant, Anal Trump, ex-5/5/2000, ex-Nader Sadek…), Josh Elmore (guitare, ex-7000 Dying Rats), David McGraw (batterie), Olivier Pinard (basse, Cryptopsy, Vengeful, ex-Obvurt) et Belisario Dimuzio (guitare, Eukaryst) célèbrent leur retour.
L’album débute par Terrasitic Adaptation, un titre massif qui laisse son introduction inquiétante gonfler avant de révéler des sonorités majestueuses et imposantes. Le hurlement saisissant fera accélérer cette rythmique pesante tout en lui donnant des sonorités dissonantes pendant que le vocaliste se déchaîne, laissant tout de même quelques mélodies planantes se mêler à la vague de rage, qui continue avec We Eat Our Young, l’extrêmement efficace titre choisi par le groupe pour dévoiler l’album. Les tonalités sont clairement similaires à l’album précédent sur cette composition saccadée et accrocheuse, qui laisse le vocaliste explorer ses limites. On notera un très court break, mais à nouveau la déferlante reprend, suivie par Scourge of the Offspring et ses tonalités étouffantes complexes qui s’intègrent parfaitement la base agressive. Chaque instant de ce titre est dévoué à la violence brute, tout en comptant sur des passages oppressants grâce à des samples et à cette voix plaintive et intense, puis la lourdeur nous mène à The Insignificants et à sa rythmique dévastatrice. Une fois de plus, le groupe combine habilement l’efficacité ravageuse d’une rythmique saccadée avec des éléments plus complexes entre Death Metal et Grindcore tout en profitant de samples expressifs, mais également un passage plus sombre qui accueille quelques paroles en chant clair, puis The Storm Upstairs vient nous piétiner avec un son massif. Les harmoniques dissonantes donnent un relief intéressant aux riffs groovy et accrocheurs qui sévissent sans discontinuer, nous menant à …And the World Will Go on Without You, le titre suivant, qui rivalise également dans la violence avec des leads tranchants. La base écrasante reste toujours aussi efficace couplée aux hurlements monstrueux, créant un véritable contraste avec les passages plus doux et mélancoliques qui abritent un chant entêtant, puis A Photic Doom revient alimenter les riffs enflammés avec une saturation brute. Le morceau est assez rythmé, laissant à nouveau le vocaliste mener la danse macabre et inquiétante avant l’intervention des samples et du solo avant un final magistral, qui débouche sur Dead End Residents et ses mélodies inquiétantes. On sent des éléments assez Old School dans ce titre, bien que le groupe ne lui offre également ce voile de noirceur fascinant et intrigant, sous lequel il prépare les parties les plus sombres avant de laisser Solastalgia déferler à pleine vitesse. Les leads sont également plus marqués, laissant les samples leur donner des tonalités apocalyptiques sans renier la lourdeur, mais l’album touche à sa fin avec Just Another Body, le dernier morceau, dont la durée et la construction ne sont pas sans rappeler l’album précédent, permettant au groupe d’alimenter chaque élément de son univers dans cette longue bande-son épique et virulente, pour à nouveau clore ce chapitre avec son point d’orgue, que ce soit dans la violence ou la mélancolie écrasante.
Cattle Decapitation ne m’a jamais déçu, et bien qu’amateur du combo en live comme sur album, je reste ébloui par la performance du groupe. Terrasite est le digne rejeton d’une discographie sans-faute, prouvant que les limites de leur style n’existent plus depuis longtemps.
95/100