Review 1848 : Grand Cadaver – Deities of Deathlike Sleep

Grand Cadaver marche à nouveau.

Créé en Suède en 2020 par Mikael Stanne (chant, Dark Tranquillity, The Halo Effect, ex-Septic Broiler…), Christian Jansson (basse, Pagandom, Dark Tranquillity), Daniel Liljekvist (batterie, ex-Katatonia, ex-In Mourning), Stefan Lagergren (guitare, The Grifted, ex-Expulsion, ex-Mr Death, ex-Tiamat) et Alex Stjernfeldt (guitare, Child, Let Them Hang, Novarupta, ex-Mr Death), le groupe se présente avec un premier EP, suivi d’un album. Deities of Deathlike Sleep, leur deuxième album, est annoncé pour 2023, toujours en collaboration avec Majestic Mountain Records.

L’album débute immédiatement dans l’agressivité avec The Forever Doom qui place le son si caractéristique de la HM-2 à l’honneur en compagnie des parties vocales brutes. Le groupe sait toutefois placer des éléments plus aériens, notamment sur ses refrains, avant de laisser la fureur refaire surface sur A Crawling Feast of Decay, laissant les racines Old School s’exprimer à pleine vitesse sur les patterns saccadés. Les leads criards se joignent facilement au mélange tout comme les parties planantes, qui se transforment en sonorités inquiétantes sur The Wishful Dead qui laisse tout d’abord la lenteur lancinante oeuvrer avant d’accélérer tout en conservant sa noirceur. Serrated Jaws prend rapidement la suite avec ses riffs écrasants surmontés de hurlements féroces avant d’intégrer des mélodies entêtantes, puis de revenir à la rage dévastatrice avec Deities Of Deathlike Sleep qui propose une approche très rythmée et accrocheuse. Le groupe enchaîne avec Vortex of Blood, la plus courte des dix compositions de l’album, qui ne perd pas un seul instant pour laisser toute sa puissance déferler avant de laisser l’introduction pesante de Funeral Reversal nous écraser. Le son reste relativement lent, hormis une explosion plus virulente vers la moitié du titre, et il est suivi par True Necrogeny qui alimente l’atmosphère oppressante tout en laissant un créneau aux leads qui viennent contraster la vague de lourdeur. L’agressivité reprend avec Stabbed With Frozen Blood et ses riffs énergiques qui resteront efficaces tout au long du morceau sans jamais faiblir, puis la longue Necrosanctum vient mettre un point final à ce deuxième album avec un groove morbide et malsain qui colle parfaitement à l’approche sombre du groupe, y compris pendant la dernière partie plus mélodieuse mais tout aussi imposante où une voix intense rejoint la rythmique.

Les racines suédoises de Grand Cadaver en font un candidat privilégié pour maintenir cet héritage du Death Metal en vie, mais le groupe parvient tout de même à intégrer des mélodies abrasives et cinglantes à Deities of Deathlike Sleep, le rendant rapidement indispensable à écouter.

95/100

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Quelques questions à Stefan Lagergren, guitariste du groupe Grand Cadaver.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe Grand Cadaver et toi, sans utiliser les étiquettes Metal habituelles telles que « Death Metal » ?
Stefan Lagergren (guitare) : Bonjour, merci de m’accueillir ! Je m’appelle Stefan Lagergren et je joue de la guitare dans Grand Cadaver. Nous sommes une bande d’amis qui ont décidé de se retrouver pour jouer de la musique dont les racines plongent dans l’underground de la fin des années 80, que certains d’entre nous ont connu de près.

Quel lien faites-vous entre le nom Grand Cadaver et l’identité musicale du groupe ?
Stefan : La plupart des choses que nous faisons sont très spontanées et viennent d’un désir de s’amuser. Lorsque nous avons parlé du nom du groupe, quelqu’un a dit « Grand Cadaver », et les autres l’ont aimé, donc nous avons eu un nom. Il n’y a vraiment rien de plus que cela. Je pense que c’est un super nom, et il est difficile de le confondre avec autre chose qu’un groupe de Death Metal.

Votre deuxième album Deities of Deathlike Sleep est sur le point de sortir, comment te sens-tu ? Avez-vous déjà des retours ?
Stefan : Nous en sommes très fiers. Il s’est avéré très bon, et il a été facile et agréable à enregistrer. Pour notre premier album, tous les membres étaient présents au studio presque tout le temps, mais cette fois-ci, nous avons dû diviser un peu le travail en raison de l’emploi du temps.  Nous avons sorti plusieurs singles de l’album, et les réactions ont été fantastiques.

Comment résumerais-tu l’identité de Deities of Deathlike Sleep en trois mots ?
Stefan : Sombre, diversifié, massif.

Comment s’est déroulé le processus de composition de Deities of Deathlike Sleep ? As-tu remarqué des différences avec les albums précédents ?
Stefan : Nous sommes dans des villes différentes, donc nous ne nous rencontrons jamais pour répéter. Alex est une explosion créative, et écrit de la musique très rapidement, très souvent. La plupart du temps, il enregistre ses morceaux chez lui et les envoies aux autres, et il y a quelques échanges. Alex a initié quelques chansons avec Christian, et cette fois, notre producteur permanent Per Stålberg a écrit une chanson pour nous. La différence, cette fois, c’est que nous avions des titres pour les chansons, alors qu’avant, les chansons étaient juste étiquetées « Death Metal 1 », « Death Metal 2 » et ainsi de suite, ce qui, avec le recul, était plutôt stupide.

Qu’en est-il de l’artwork, quelles étaient les lignes directrices et comment s’accordent-elles avec la musique que vous avez créée ?
Stefan : Nous sommes très satisfaits de notre équipe, et nous aimons garder les mêmes personnes impliquées autant que possible. Albin Sköld a réalisé les pochettes de nos précédents LP et EP, et il n’y avait aucun doute sur le fait qu’il devait aussi réaliser la nouvelle pochette. Nous ne lui donnons pas de directives. Il nous rend visite en studio, nous lui donnons le titre de l’album et il commence à créer. Le titre est un peu vague, et j’adore le fait que la pochette soit très concrète, avec des cercueils et des porteurs de cercueils, mais aussi abstraite, car on se demande ce qui se passe.

Où trouvez-vous l’inspiration pour créer votre musique ?
Stefan : Partout, essentiellement. Mais sans aucun doute en faisant l’expérience de la musique live. Si j’assiste à un super concert d’un groupe, j’ai hâte de rentrer chez moi et de me mettre à la guitare pour écrire.

Le groupe utilise le fameux HM-2 pour construire un tel son de tronçonneuse, comment avez-vous décidé d’embrasser cet héritage suédois plutôt qu’une autre approche du Death Metal ?
Stefan : C’est tout simplement le meilleur son de guitare Death Metal.

J’ai également remarqué une voix perçante à la fin de Necrosanctum, est-ce la voix de Mikael ? Comment l’avez-vous combinée avec des tonalités aussi obsédantes pour terminer l’album ?
Stefan : La voix la plus aiguë est celle de Christian. Il chante dans son groupe Pagandom, et il a un style vocal fantastique que nous adorons. La première fois que j’ai eu l’occasion de l’entendre, c’était lors de l’enregistrement de notre premier EP, et les fenêtres du studio tremblaient. Christian est un gentil garçon à la voix douce et facile à vivre, mais lorsqu’il a un micro devant lui, il se transforme en Tom Araya essayant d’assassiner quelqu’un. Je pense que les voix supplémentaires de Christian et d’Alex sont essentielles à notre son. La fin de Necrosanctum a été, une fois de plus, spontanée. Quand tout a été enregistré, nous avons senti que nous pouvions rendre la fin encore plus intense et nous avons ajouté les voix.

Est-ce que tu as une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album ?
Stefan : Quand nous avons parlé de sortir le premier single, nous avons presque eu l’impression que nous pouvions choisir n’importe quelle chanson, puisque nous les aimions toutes. J’aime True Necrogeny un peu plus, principalement parce qu’elle est très différente. Elle est extrêmement simple et très lente, ce qui la rend presque hypnotique. Mais le morceau le plus difficile à retenir a été Funeral Reversal. Alex et moi jouons ensemble depuis toujours et nous connaissons très bien le style de chacun, mais cette chanson était celle de Christian, et il écrit d’une manière tout à fait unique, que j’ai eu beaucoup de mal à saisir au début.

Tous les musiciens de Grand Cadaver ont également d’autres groupes ou projets, comment trouvez-vous le temps de travailler sur chaque projet ? Comment pensez-vous que « ce riff serait mieux pour ce projet » ?
Stefan : Grand Cadaver ne prend pas vraiment beaucoup de temps. Je veux dire que nous enregistrons un album en même temps que Dark Tranquillity décharge son matériel. Mais nous essayons tous de réserver du temps pour Grand Cadaver, simplement parce que c’est tellement facile et agréable. Mais c’est évidemment un défi de rivaliser avec les emplois du temps des membres des autres groupes, et nous avons dû refuser certaines choses à cause de cela. Pour ce qui est de savoir quel groupe obtient quel matériel, je pense que nous nous asseyons et que nous nous disons « il est temps d’écrire pour une chanson de Grand Cadaver » et que ces riffs restent dans ce « seau ».

Penses-tu que tu t’améliores encore en tant que musicien et compositeur ?
Stefan : Je suis loin d’être au top en ce qui concerne la guitare, mais après 35 ans, j’ai appris une ou deux choses. Cependant, je pense que je m’améliore en tant que musicien à chaque fois que j’apprends une nouvelle chanson. Il y a toujours des choses que je n’ai jamais faites auparavant. Et c’est un rêve devenu réalité de jouer avec Daniel, que je considère comme l’un des meilleurs batteurs de notre scène.

Le groupe a joué quelques concerts en Suède, votre pays d’origine, ainsi qu’au Majestic Mountain Fest à Oslo. Comment s’est passée cette expérience pour vous ? Qu’est-ce que ça fait d’amener ce groupe sur scène ?
Stefan : La courte tournée que nous avons faite avec At The Gates a été géniale. Notre deuxième concert a été le premier de cette tournée, dans la ville natale d’At The Gates. Je ne connais pas le nombre de spectateurs, mais il y avait bien plus de monde que je n’en avais jamais vu auparavant. Les nerfs étaient un peu à vif, mais avec ces gars à mes côtés, il n’y a jamais eu de problème. Ils connaissent leur métier. C’est toujours un plaisir de se retrouver avec le groupe et de jouer en live, nous avons eu de bonnes foules et nous nous amusons toujours quand nous sommes ensemble.

Envisagez-vous de faire de grandes tournées avec Grand Cadaver ?
Stefan : Nous envisageons tout. Mais avec les problèmes d’emploi du temps mentionnés plus haut, il y a des limites à ce que nous pouvons faire.

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
Stefan : Pas vraiment. Nous avons parlé d’avoir des voix invitées sur quelque chose, mais nous avons pensé que nous n’avions pas une chanson qui avait vraiment besoin de tels embellissements. Personnellement, ce serait un peu un cauchemar d’essayer d’écrire une chanson avec un « étranger ». Je suis beaucoup trop critique à l’égard de mon propre travail, donc une telle session d’écriture n’aboutirait à rien.

Connais-tu la scène metal Française ? Quels sont les groupes que tu aimes ?
Stefan : Je suis gêné de dire que je n’ai pas suivi votre scène depuis un certain temps. J’ai encore les vieilles démos de Massacra, Mercyless, et peut-être d’autres, mais c’était il y a 30 ans. J’aimerais beaucoup aller en France avec Grand Cadaver et découvrir la scène telle qu’elle est aujourd’hui.

Si vous deviez organiser un concert pour la sortie de Deities of Deathlike Sleep, avec quels groupes aimeriez-vous jouer ? Je te laisse créer une affiche avec Grand Cadaver en tête d’affiche et trois autres groupes !
Stefan : Grand Cadaver, soutenu par At The Gates, Obituary et Autopsy. Ce serait vraiment une soirée inoubliable. Et nous serions totalement pulvérisés par les autres groupes. Cela ne durerait qu’une nuit, donc la douleur finirait par s’estomper.

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique de Grand Cadaver ?
Stefan : Un très bon hamburger. Classique, sans chichis, sans fioritures, mais fait avec dévouement, et sacrément savoureux.

C’était ma dernière question, alors merci de m’avoir accordé de ton temps et pour votre musique, je te laisse les mots de la fin !
Stefan : Merci beaucoup !

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