Trounce est vivant.
Créé par Jonathan Nido (Coilguns) suite à la demande du Roadburn Festival, l’homme va composer un set unique aux accents en compagnie de musiciens de son label, Humus Records : Luc Hess (batterie, Coilguns, Louis Jucker, Closet Disco Queen), Renaud Meichtry (chant, ex-Kruger), Léa Martinez (moog/chant, Svarts, Etienne Machine), Naser Ardelean (guitare, Yrre) et Anna Sauter (samples, Yrre, Dubuk), ainsi que de Kevin Galland (son) et Guillaume Ducommun (lumières).
Suite à ce concert, le musicien décide avec l’aide de Axel Vuille (batterie) d’enregistrer The Seven Crowns, son premier album, qui contient également l’enregistrement du live.
L’album studio débute avec The Seven Sleepers, une composition où un chant clair intense rencontre une rythmique effrénée mais saccadée qui emprunte autant au Black Metal qu’à des éléments Post beaucoup plus lourds et déchaînés. Le vocaliste s’autorise quelques éruptions de fureur pendant que les riffs deviennent plus complexes, puis Faith, Hope, Love offrira des parties plus lentes et assommantes entre deux charges vives, s’autorisant autant d’éléments Old School que d’harmoniques déroutantes. La pression redescend avec Stones, un titre plus court et dissonant qui laisse les musiciens alimenter l’atmosphère étouffante avant de laisser la batterie relâcher son blast pendant que la lourdeur reprend sa place en nous menant à Codex et ses patterns accrocheurs, au dessus desquels le chant inquiétant sévit toujours. Les leads apportent cette touche aérienne à une base très lourde qui ne cessera que pour laisser The Goose and the Swan prendre sa place en s’ancrant dans un Black Metal brut, qui n’est adouci par le chant clamé de manière imposante, puis par la partie lead avant un final tout aussi agressif. La dissonance sombre refait surface avec l’imprévisible The Crippled Saint, qui laisse à nouveau la batterie mener le jeu pendant que les guitares s’occupent de leur propre tâche, mais le titre semble passer en un éclair, offrant à Silene la possibilité de nous écraser avec ses riffs groovy mais pesants. Les parties vocales sont également plus diversifiées, laissant quelques hurlements percer le voile sombre, alors que c’est à nouveau dans les tonalités froides que Death of the Good Men débute, tout en intégrant à son tour quelques parties plus aériennes et travaillées, comme ces harmoniques perçantes. Le groupe adopte un rythme plus modéré avec The Circus, qui avance progressivement jusqu’au retour de la saturation épaisse pour créer un marche fédératrice avant que Walls ne nous noie une fois de plus sous le blast, accompagné par des riffs saccadés, des parties vocales torturées et des harmoniques malsaines, puis c’est The Wheel qui referme ce premier chapitre avec un mélange entre riffs effrénées, chant expressif et ces quelques pointes de folie.
Bien que contenant neuf des onze titres de l’album, la partie live est bien différente. Pour commencer, l’ordre des morceaux n’est pas le même, et la performance est précédée d’un long titre pesant, avant que les musiciens ne commencent leur office, renforcés par plusieurs voix et quelques éléments bruitistes qui collent parfaitement à l’approche imposante et étouffante du groupe. Entrecoupés d’applaudissements, les titres s’enchaînent naturellement, et le mix rend parfaitement hommage au torrent de violence maîtrisé, qui s’apaise parfois avec quelques guitares ambiantes. On remarque notamment que Codex se nommait à la base Codex Unsealed, et qu’il proposait une dimension beaucoup plus progressive, et que Many Waters Cannot Drown Love laissait l’audience respirer avant de s’abandonner à nouveau à la folie écrasante. Le show s’est achevé après une pause par Walls, qui offre sans nul doute un son beaucoup plus majestueux et prenant, puis par des applaudissements mérités.
Né d’une création unique, Trounce a su d’abord convaincre un public de connaisseurs au Roadburn avant de s’imposer en studio. Si l’album est en effet un peu plus épuré, les deux aspects de The Seven Crowns sont aussi complémentaires qu’essentiels.
90/100