Nous assistons à la naissance de The Magus.

Créé en Grèce en 2022 sur les cendres encore chaudes de Necromantia par The Magus (basse/chant, Thou Art Lord, ex-Rotting Christ, ex-Yoth Iria, ex-N.A.O.S.), El (guitare, Soulskinner, Zaratus, ex-Thou Art Lord) et Maelstrom (batterie, Caedes Cruenta, Dephosphorus, Embrace of Thorns, Thou Art Lord, ex-Dødsferd…), le groupe signe chez The Circle Music pour la sortie de Vissodomontas, son premier album.

Le groupe s’est également entouré de King Dude au chant, Iraklis Gialatzides (A Band Apart, ex-Swan Christy) aux claviers et Christos Antoniou (Septicflesh, Chaostar) pour l’arrangement des choeurs. L’album est produit, mixé et masterisé par George Emmanuel (Lucifer’s Child, ex-Necromantia, ex-Rotting Christ en live).

This is My Church débute avec des sons inquiétants, suivis par le discours de Lucifer lui-même, qui devient de plus en plus menaçant en rencontrant des claviers majestueux avant que The fall of Man ne dévoile ses riffs tranchants. Les hurlements viscéraux et les influences Heavy donnent au titre un relief intéressant, tout comme les quelques choeurs qui dénotent avec les leads perçants, mais le mélange reste cohérent, tout comme sur Lux Tenebrarum: The Illuminating Darkness qui laisse ses orchestrations donner des tonalités imposantes à sa rythmique saccadée. Les mélodies dissonantes emplissent l’air, recréant sans mal une sorte de rituel impie où les claviers Old School apparaissent de temps à autres avant que Vissodomontas ne vienne appesantir l’atmosphère avec sa noirceur lancinante, soutenue par quelques choeurs. La rythmique explosera après un long murmure, laissant les musiciens se déchaîner pour servir un son étrange et irrégulier qui ne cesse d’accélérer et freiner tout en délivrant des tonalités entêtantes, pendant que les parties vocales émergent de cette brume sombre, laissant finalement Idolatrous Discord proposer des riffs plus directs où les cris mènent la danse. Les guitares restent toutefois assez planantes tout en proposant des parties relativement Old School pendant que les claviers viennent parfois embellir le mélange mélodieux, puis le groupe attaque à nouveau avec Ama Lilith, où il accueille Hel Pyre (Afterblood, W.E.B., Nervosa) et IDVex (1/2 Southern North) pour créer une diversité vocale importante sur cette nouvelle cérémonie occulte en l’honneur de la démone du même nom, que ce soit dans la violence où sur cette longue partie centrale mystique. Negative Renaissance reviendra sur des tonalités plus acérées, usant notamment de guitares dissonantes et complexes pour alimenter la base solide sur laquelle le vocaliste déverse sa haine, puis The Peacock King nous enveloppera lentement dans une atmosphère pesante mais accrocheuse faite de sonorités entêtantes. Le morceau n’oublie bien évidemment pas de placer ses parties majestueuses au meilleur moment, rendant les paroles presque prophétiques, puis le groupe passera à Give the Devil his due: The story, son dernier titre. Je me suis cru dans un club de Jazz ou de Blues pendant les deux premières minutes, puis les racines Black Metal ont refait surface, offrant à King Dude une base parfaite pour nous conter cette aventure avec sa voix suave, complétée de celle plus agressive du vocaliste, pendant que l’instrumentale s’offre des explosions totalement inattendues en explorant divers styles avant de nous offrir un final ravageur.

The Magus n’a pas son pareil au sein de la scène Black Metal. Peu importe vos attentes, Vissodomontas ne peut que vous surprendre, apportant des éléments totalement improbables à sa base brute tout en restant cohérent et fascinant.

85/100

English version?

Quelques questions à George « The Magus » Zacharopoulos, bassiste/chanteur et créateur du projet The Magus.

Bonjour et tout d’abord, merci beaucoup de m’accorder de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter, le groupe The Magus et toi, sans utiliser les étiquettes musicales habituelles ?
George « The Magus » Zacharopoulos (basse/chant) : Je suis impliqué dans la scène Black Metal depuis 1988-89. Certains d’entre vous me connaissent peut-être grâce à mon projet musical principal Necromantia, ou à mon implication dans divers autres groupes comme Rotting Christ, Thou Art Lord, Diabolos Rising, Yoth Iria, etc… The Magus est ma nouvelle cabale musicale après la dissolution de Necromantia suite à la mort inattendue de Baron Bloood… Nous jouons du Black Metal Luciférien, fortement atmosphérique et cauchemardesque, complètement sombre.

Comment associes-tu personnellement le nom The Magus à l’identité musicale du groupe ?
George « The Magus » : Le groupe est peut-être nommé d’après mon titre et mon empreinte métaphysique, mais il s’agit toujours d’un groupe à part entière et non d’un projet solo. Le nom englobe tous mes voyages et mes errances dans le monde occulte, ainsi que la capacité du sorcier à créer. Au niveau physique, nous créons de la musique satanique.

Le premier album du groupe, Vissodomontas, sortira bientôt. Que ressens-tu à l’idée de sortir votre premier album sous cette identité ? Avez-vous déjà des retours ?
George « The Magus » : Vissodomontas est l’UN des mots parfaits pour décrire la musique et les paroles de l’album. Il signifie en fait « construire dans les profondeurs », « dans les abysses »… 

Comment résumerais-tu l’identité de Vissodomontas en seulement trois mots ?
George « The Magus » : Conspirer dans les ténèbres, ce qui est une véritable métaphore dans la façon dont ce mot est utilisé dans la langue grecque de tous les jours.

Comment s’est déroulé le processus de création de Vissodomontas ? As-tu remarqué des changements, par rapport à tes expériences précédentes ?
George « The Magus » : Comme d’habitude, lorsque je crée, je ne connais pas de limites. La seule chose qui m’importait était de maintenir une identité Black Metal telle que je la perçois et d’être capable de transmettre à l’auditeur un sentiment d’horreur inconfortable. Brûler votre esprit et le marquer avec des images de la vengeance de Lucifer contre l’humanité et de la renaissance négative à venir par le biais de travaux magiques.

Qu’en est-il de l’artwork, quelles étaient les lignes directrices et comment s’intègrent-elles à la musique que vous avez créée ?
George « The Magus » : Rien dans cet album n’a été laissé au hasard. Rien ! De notre logo à la musique, en passant par les paroles, les images, les photos, les illustrations, la pochette… tout a été perçu plus ou moins à l’avance dans mon esprit. Sur la pochette, on voit un Lucifer encapuchonné. Encapuchonné parce que Lucifer peut être un bel archange ou un démon vengeur. Tant que la capuche n’est pas levée, on ne sait pas ce qui va se passer… Oui, la pochette correspond parfaitement à la musique et elle a été commandée.

Toutes les chansons sont un mélange impressionnant de parties planantes, d’éléments impressionnants et d’une base brute. Comment parviens-tu à créer un tel équilibre entre toutes tes influences ?
George « The Magus » : Lorsque j’écris de la musique, je crée de l’art. Je vis la création de ma musique de manière totalement différente de la moyenne des groupes de Metal. Nous ne sommes pas un groupe « rock and roll » et nous ne faisons pas de la musique Pop ou facile. Il faut écouter l’album plusieurs fois pour en comprendre chaque couche. Mais c’est ce qui le rend intéressant. En tant qu’auditeur, je recherche ce genre de groupe : écouter leur musique plusieurs fois jusqu’à ce que je comprenne ce qu’ils veulent me dire. L’équilibre entre les couches et les formes sonores est maintenu lorsque, malgré les notes, une certaine émotion vous guide. Cela vous donne une identité et une unité entre tous les éléments. Comme je l’ai dit, je me considère comme un artiste qui crée et évolue et non comme un amuseur. Je crée de la musique pour me compléter sur le plan physique et métaphysique. Toutes mes influences finissent par passer par là. En tant que groupe, nous leur donnons forme et substance.

Nous avons beaucoup de références au satanisme et à l’occultisme dans chaque chanson. Quelle est ta relation avec ces sujets ?
George « The Magus » : Sur le plan pratique, physique et quotidien, je suis athée et agnostique, mais sur le plan métaphysique, je m’identifie comme luciférien. La magie opère lorsque le physique et le métaphysique entrent en collision…

Tu as demandé à plusieurs musiciens de participer à l’album, comme King Dude, Iraklis Gialatzides, Christos Antoniou ainsi que Hel Pyre et IDVex pour la chanson Ama Lilith. Comment as-tu demandé à chacun d’entre eux de vous aider ?
George « The Magus » : La plupart d’entre eux étaient des amis de longue date, tu vois, je fais de la musique depuis plus de 35 ans maintenant et les autres m’ont rejoint avec plaisir quand je leur ai expliqué ma vision et que je leur ai joué quelques morceaux de notre musique. Ils ont aimé, ils nous ont rejoints.

Est-ce que tu as une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album ?
George « The Magus » : Give the Devil his Due: The story a été un véritable défi pour nous. Il n’est pas facile d’écrire un Blues de Black Metal.  Et il fallait qu’il soit très théâtral parce qu’il raconte une histoire. Et la musique est la bande-son de l’histoire. Je suis vraiment fier du résultat.

Où trouves-tu l’inspiration pour créer de la musique ?
George « The Magus » : Partout. Le monde qui m’entoure. Un film, un livre, une peinture. Une mélodie. Mon subconscient. Dans mes rêves, dans mes visions.

Le Black Metal Hellénique est connu pour être unique au sein de la scène Black Metal, que pensez-vous de cette partie de la scène ? Que penses-tu de cette partie de la scène ? Qu’en est-il de son évolution dans le temps ?
George « The Magus » : Notre scène a toujours été unique. La plupart des groupes essayaient de trouver leur propre identité et de ne pas se contenter de copier ceux qui avaient réussi. C’est l’une des grandes qualités de la scène grecque. Aujourd’hui, nous avons de très bons groupes dans tout le spectre du Metal, qui peuvent facilement rivaliser avec n’importe quel groupe étranger. La scène a évolué et mûri.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien et compositeur avec ce nouvel album ?
George « The Magus » : Certainement, oui. Pour moi, l’évolution est un processus continu. Si j’arrête d’évoluer en tant qu’auteur-compositeur et que je tombe dans une médiocrité ennuyeuse, j’arrêterai de faire de la musique. Tant que la flamme brûlera, je continuerai à créer et à évoluer.

Prévois-tu de jouer en concert avec The Magus ? Si oui, que pouvons-nous attendre de vos concerts ?
George « The Magus » : Non. 99% non. Je pense que la plupart des morceaux de Black Metal ne sont pas adaptés aux concerts. Le Black Metal devrait être quelque chose que l’on expérimente seul dans son âme. Mais si jamais je faisais un concert, j’aimerais que ce soit quelque chose de grandiose, qui rappelle un opéra satanique et pas seulement un concert de Metal.

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels tu aimerais collaborer ? Que ce soit pour que ce soit pour une chanson, ou peut-être plus.
George « The Magus » : Il y en a mais je ne peux pas le dire car cela pourrait arriver et je ne veux pas gâcher la surprise…

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique de The Magus ?
George « The Magus » : Hmmm, c’est une question difficile….quelque chose de complexe mais de très intense, de propre mais d’épicé….Je n’arrive pas à identifier un plat comme ça, désolé. 

C’était la dernière question pour moi, alors merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps et pour ta musique, je te laisse les mots de la fin !
George « The Magus » : Merci pour cette interview. Si vous voulez plonger dans un monde de ténèbres, de désespoir, de grandeur et de révélation luciférienne, écoutez notre album. Et essayez de soutenir les groupes qui créent et ne copient pas !