Review 2052 : Madder Mortem – Old Eyes, New Heart

Madder Mortem écrit son futur.

Après une première existence de 1993 à 1997 sous le nom de Mystery Tribe, puis des débuts dans le Doom Metal, le groupe norvégien mené par Agnete M. Kirkevaag (chant) et BP M. Kirkevaag (guitare), complété par Mads Solås (batterie), Tormod Langøien Moseng (basse) et Anders Langberg (guitare) célèbre en 2024 son retour avec la sortie de Old Eyes, New Heart, son huitième album, chez Dark Essence Records.

L’album débute entre mélancolie et sonorités majestueuses sur Coming From The Dark, où le chant clair rejoint une mélodie lourde mais entêtante complétée par quelques chœurs, parfois même hurlés, et éléments plus aériens. La vocaliste s’autorise quelques passages plus intenses pendant que l’instrumentale s’enflamme également avant d’opter pour une approche plus douce mais inquiétante sur On Guard, la composition suivante, qui adoptera des influences Blues travaillées qui embellissent à la perfection les tonalités les plus planantes et dissonants. Le son explosera soudainement sur Master Tongue, mêlant une rythmique infernale et des cris terrifiants avant de rester sur une base complexe et parfois sombre qui autorise certaines percées plus lumineuses et déchirantes qui s’embrasent sans prévenir, puis c’est à nouveau la quiétude qui est à l’oeuvre sur The Head That Wears The Crown. On notera une noirceur latente qui profite d’une certaine lenteur pour développer des sonorités lancinantes, troublées par les patterns Prog énergiques avant que le groupe ne s’enfonce dans des volutes mystérieuses avec Cold Hard Rain, le titre le plus long, mais aussi le plus étouffant de l’album, qui profite d’une certaine douceur sur la première moitié pour nous surprendre avec une véritable oppression par la suite, intégrant également des parties vocales plus brutes. Unity va proposer des riffs plus enjoués qui jouent sur les racines Prog ainsi que quelques ajouts modernes pour laisser les musiciens danser ensemble avant de revenir à un groove accrocheur sur Towers, premier morceau dévoilé pour présenter l’album. Le groupe se tourne à nouveau vers une rythmique saccadée et presque euphorique à première vue, avant de proposer une lourdeur imposante en nous menant à la légère Here And Now, qui mêle sons apaisants et riffs léchés qui progressent jusqu’à ce final en apothéose. L’agressivité refera surface avec la longue Things I’ll Never Do, qui est probablement le titre le plus vif de l’album, dévoilant immédiatement blast et riffs haletants avant de ralentir pour nous envelopper dans sa brume obscure qui finira par s’éteindre dans le néant, et laisser place à Long Road, la dernière composition, qui va clore l’album dans la sérénité avec une rythmique minimaliste menée par la voix enchanteresse.

La complexité de Madder Mortem semble presque irréelle tant elle est naturelle. Le groupe peut sans sourciller passer d’un apaisement total à une fureur indissimulable sur Old Eyes, New Heart, magnifiant leur retour.

80/100

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