Cantique Lépreux reprend vie.
Créé au Québec en 2014, le groupe mené par Blanc Feu (guitare/chant/claviers, Chasse-Galerie, Mêlée des Aurores), Cadavre (batterie, Acédia, Au-delà des Ruines, Chaos Catharsis, Chasse-Galerie, Mêlée des Aurores, Obvurt), Matrak (basse, Chasse-Galerie, Délétère, Forteresse, Mêlée des Aurores) et Ascèse (guitare, Acédia) dévoile pour ses dix ans Le banissement, son troisième album, chez Eisenwald.
Le son du premier titre, Le ravissement, arrive peu à peu avant de nous submerger, faisant par la même occasion naître les parties vocales viscérales. On retrouve cette touche mélodieuse unique qui complète parfaitement la base ténébreuse et parfois imposante du groupe que l’on contemple en s’imaginant vagabonder dans le paysage de la pochette réalisée par le peintre allemand August Piepenhagen, tout comme sur Fuir, qui prend immédiatement la suite en continuant cette ruée dans l’inconnu. Les harmoniques glaciales arpentent la composition tout en autorisant des moments plus dissonants et apaisants, brisés par la batterie qui nous fait rejoindre l’épique Rivières rompues, longue composition où beauté et fureur se répondent d’égal à égal. Véritable hymne à l’errance, le titre est parfait pour nous faire voyager mentalement alors que les musiciens tissent cette bande-son épique au possible, avec notamment un solo tranchant et un break qui apaisera sensiblement les riffs pour la suite avec cette touche aérienne avant de s’assombrir à nouveau sur l’effrayante Archétypes. La voix revient hanter la rythmique angoissante où quelques éruptions de leads enchanteurs créent un contraste avec l’oppression latente avant de renouer avec la rage sur Par la gueule des fantômes où les guitares nous hypnotisent grâce à des pointes intrigantes répétitives. Son atmosphère particulière donne à ce morceau un sentiment assez étrange, à la fois fascinant mais tout de même inquiétant, en particulier sur ce final grisant qui prend soudainement fin pour faire place à la brumeuse Le rêve primordial où les influences lugubres et mélancolique se confrontent pour créer un torrent de noirceur intense. J’ai été surpris par les quelques notes plus douces qui se fondent dans l’arrière-plan qui finiront par se développer pour envahir notre esprit avant de faire face à Consécration qui s’enflamme sans attendre et laisse le groupe se déchaîner pleinement en restant ancré dans cette approche assez majestueuse qui leur est propre, et qu’ils tissent en y ajoutant des parties vocales transcendantes jusqu’à la dernière note.
Le Metal Noir du Québec a toujours eu cette aura si spéciale, si différente des autres, et Cantique Lépreux en est un fier représentant. Le banissement m’a happé dès les premières secondes, et m’a fasciné tout au long de son voyage onirique à travers les forêts sombres parfaitement représentées par son artwork.
95/100