Deuxième jour au Klub, car la fatigue n’est rien par rapport à la passion. Ce soir se tient un show spécial. Demande à la Poussière et Vespérine sont déjà en tournée depuis quelques jours, et j’ai l’honneur d’avoir été choisi pour être partenaire de la date, qui invite également Limbes à se joindre au rituel. Entre Doom, Sludge, Post-Hardcore et Black Metal, nous voici prêts à hanter la salle.
Début de soirée avec Limbes, projet solo de Guillaume Galaup, qui nous projette un film à l’arrière de la scène avec quelques flashs, et qui commence à hurler sans micro. Il n’en a pas besoin, puisque l’homme se fait parfaitement entendre par-dessus ses riffs torturés aidés de pistes de batterie, et ses cris saisissants collent parfaitement à ses mouvements saccadés. Pas de façade, nous observons uniquement une ombre qui se déplace sur scène, s’arrêtant seulement pour placer ses quelques vociférations avant de reprendre sa folle danse bardée de leads perçants et aériens. Les morceaux s’enchaînent très naturellement, et un peu de fumée vient ajouter sa matière au chaos ambiant qui ne durera qu’une courte demie-heure, suivie d’applaudissements mérités pour clore la performance aussi étrange que fascinante.
L’ambiance reste pesante lorsque Vespérine débute son show avec des lumières chaotiques, qui font véritablement partie du moment que nous vivons. Rémi Lasowy (chant) reste dans la fosse, le pied sur une boîte éclairée, laissant Adam Courtinot (guitare), Pierre Prunier (guitare), Jérémy Piffady (basse) et Aurélien Tosolini (batterie) headbanguer sur scène, et la configuration rend leur performance d’autant plus immersive. Le vocaliste hurle, piétine, se retourne, nous toise du regard, mais surtout il donne vie à Perpétuel, le nouvel album de la formation, qui est représenté par quatre morceaux ce soir, et qui déferle dans la salle par vagues d’intensité sous les flashs lumineux troublants. Saturation, dissonance et jeux de pédales d’effets rythment les compositions menées par le chanteur, qui nous autorise tout de même quelques moments de calme, mais qui ne s’adressera pas à son auditoire, conservant ce côté sombre et mystérieux qui prendra fin après une interprétation boulversante de Celui que l’ombre pénètre, seul morceau issu de l’EP précédent, et qui se terminera avec un jeu de tambourin, des larsens et surtout des acclamations de toutes part.
Setlist : Mouvement I – Universelle liesse – Mouvement I – À coeur joie – Mouvement II – Le poids du silence – Mouvement II – Interférence – Celui que l’ombre pénètre
L’ambiance change à nouveau avec Demande à la Poussière qui, comme le groupe précédent, laissera Simon Perrin (chant/guitare) dans la fosse, pendant que Neil Leveugle (basse) et Edgard Chevallier (guitare) accompagnent la lourdeur de leur rythmique sous les frappes de Vincent Baglin (batterie). Tout dans leurs compositions pue la rage et le désespoir, qui sont parfaitement retranscrites par le chanteur encapuchonné et ses camarades qui apparaissent et disparaissent dans les lumières apocalyptiques, ne nous laissant pour répit qu’un moment de réaccordage. Mention spéciale au frontman dont l’excellente diction n’a d’égal que sa puissance, et on constate que chaque riff pachydermique est savamment millimétré, témoignant d’un travail extrêmement poussé, et qui emportent notre esprit tout en nous écrasent avec leur approche massive et grasse. Quand il ne joue pas de sa guitare, le vocaliste se cramponne à son pied de micro, laissant ses camarades déverser leur rythmique en remuant, mais il ira également jusqu’à sortir l’effrayante sirène à manivelle qui hante Condamné, avant dernier titre enfumé de la setlist. Bien que logique, la fin du set me fera à nouveau penser qu’une heure en compagnie des franciliens passe décidément beaucoup trop vite.
Setlist : Inapte – Kintsugi – Quiétude hostile – L’univers – Étranglé – Ichinawa – La Parabole Des Aveugles – Erethisme – Condamnés – Accroché
Bien que la salle ne soit pas pleine, la soirée est une véritable réussite ! Les trois groupes ont ce soir déverser leur univers avec une viscéralité rare, et tout le monde en ressort satisfait, que ce soit musicien ou spectateur. Merci à Neil pour sa confiance, autant en tant que photographe que webzine partenaire, et je ne le dirai jamais assez : les absents ont eu tort.