Interview : Slaves of Imperium

Quelques questions au groupe Slaves of Imperium pour la sortie de leur deuxième album, New Waves of Cynicism.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps ! Comment pourrais-tu présenter le groupe Slaves of Imperium sans utiliser les habituelles étiquettes des styles musicaux tels que “Death Metal” ou “Thrash Metal” ?
Matthew Barry (guitare) : Salut et merci pour l’intérêt porté envers notre groupe ! Slaves of Imperium s’est formé en 2019, nous sommes 5 membres issus d’autre groupes, nous étions désireux de créer un projet commun afin de pouvoir nous exprimer à notre manière. C’est intéressant que tu demandes de ne pas utiliser les étiquettes Death ou Thrash, parce qu’on se tue justement à dire qu’on ne fait pas que ça. On a effectivement une base qui repose sur ces styles de part nos influences respectives, mais nous n’avons pas la volonté particulière d’évoluer dans un cadre prédéfini. Quand on compose, ce qu’on veut avant tout c’est véhiculer des émotions, notre musique et les techniques employés sont toujours au service de cela et non l’inverse. Notre musique se veut violente, on veut qu’elle fasse mal, car les thèmes qu’on aborde sont lourds de sens et peuvent procurer des émotions assez complexes. Pour mettre ces émotions en valeur on doit créer une ambiance cohérente, et ça ne passe pas uniquement par des riffs bourrins et rapides ou du chant saturé, même si ces éléments font partie de notre base on s’ouvre aussi vers d’autres techniques, instruments, arrangements ou mélodies quand cela est nécessaire.
Cédric Sebastian (chant) : Slaves c’est un mélange d’influences extrêmes au service de la musique et surtout des émotions. L’art de manière générale est là pour ça et c’est pourquoi notre musique ne se limite pas à deux styles.

Comment relies-tu personnellement le nom Slaves of Imperium à la musique du groupe ?
Raphaël Fournier (basse) : Sans parler de la définition qu’on en donne, ce nom est avant tout stylé et facile à retenir, on en est tous très fiers, aucun regret par rapport à ce choix qui a été pris au tout début du groupe.
Matthew : Le nom du groupe est surtout venu d’un sentiment d’impuissance face à toutes les forces et phénomènes qui gouvernent notre existence, aussi bien d’un point de vue scientifique ou humain, social, politique… Le mot Imperium représente ces pouvoirs ou puissances, Slaves le sentiment d’en être les esclaves. Nous sommes tous d’une manière ou d’une autre l’esclave de quelqu’un ou de quelque chose. Le lien avec la musique se fait à travers des thèmes qu’on aborde, l’analyse des émotions humaines, le cynisme, la folie ou encore des faits réels qui peuvent se produire au sein de n’importe quel cercle privé tels que des violences, agressions ou l’abandon.

New Waves of Cynicism, votre deuxième album, est sorti il y a quelques semaines. Comment te sens-tu ? Comment sont les retours à son sujet ?
Matthew : Un mélange de soulagement et de fierté pour ma part. Fier des progrès qu’on a fait au niveau de la composition, de la production et du boulot qu’on a accompli. Soulagé car malgré le plaisir de créer un album, ça reste un moment où on investit tellement de son temps et de sa personne, qu’on est toujours content d’enfin voir le résultat final. Pour les retours, on a eu le plaisir de lire plusieurs chroniques vraiment très positifs, on rentre aussi d’une journée de promotion au Hard Rock café à Paris avec Roger de WTPI, on était vraiment très épaté de voir qu’il y avait autant d’Intérêt pour notre groupe et cet album.
Cédric : Je suis extrêmement content des retours, ils sont bons et depuis notre formation en 2019 ça fait vraiment chaud au cœur de voir que notre travail est apprécié.

Comment résumerais-tu New Waves of Cynicism en trois mots ?
Matthew : Violent, varié, émotif.
Raphaël : Impactant, Efficace et Varié.
Cédric : Écorché à vif

New Waves of Cynicism m’évoque une sorte de constat du monde actuel. Pourquoi avoir choisi ce nom pour l’album et quel en est le concept ? Quelles ont été vos sources d’inspiration pour New Waves of Cynicism ? Quel est le “cynisme” que vous évoquez ici ?
Cédric : Tu as raison, il est un constat, une ébauche, mais aussi un manifeste de notre vision du monde. Un monde où toute la souffrance qu’il engendre ne sont qu’un produit de consommation et où toute considération humaine n’a plus de place. Tout est dans le processus, aujourd’hui, tu dois être connecté d’un point de vue virtuel, mais totalement déconnecté du monde physique, de plus en plus d’avatars se créent et tout ressemble à un jeux vidéo, sauf que là, tu n’as qu’une seule vie. Du coup la moindre saloperie que tu lis ou écoute reste une donnée négligeable car déshumaniser par son mode de communication… Limite de promotion. Voilà une vision du Cynisme, un vision amer et plein de rancœur face à une indifférence totale et général. Et voilà pourquoi on veut parler de cette réalité, proche, intime et au final profondément humaine dès lors que l’on se rappelle de sa définition.

Cet album arrive deux ans après son prédécesseur, as-tu observé des changements côté création, enregistrement, etc… ?
Matthew : Oui effectivement, d’une part en matière de composition. Notre 1er album a été composé de manière un peu plus individuel, certains morceaux étaient écrits par des membres avant même la formation du groupe, nous nous sommes appropriés ces morceaux en groupe mais on ressent quand même la différence avec le 2e album qui a été entièrement composé par et pour le groupe. Nous avons appris à nous connaître davantage musicalement, ce qui fait un album varié mais fluide. De même pour la production qui est entièrement maison, nous sommes 3 dans le groupe à avoir un home studio, nous avons tous progressé à ce niveau, autant niveau matériel que dans nos connaissances et capacités, le son à donc beaucoup évolué.
Cédric : Totalement, d’un point de vue technique, nous avons progressé pour pouvoir tous faire une musique qui nous ressemble. Le discours est plus précis et la musique est à la fois plus sombre et plus violente.

Le groupe est autant inspiré par le Death que le Thrash Metal, quels sont tes groupes préférés de chaque style ? Comment t’ont-ils influencé dans ton parcours musical ?
Matthew : Pour ma part, en tant que guitariste, même s’il ne s’agit ni de Thrash ou de Death, j’ai fait mes armes avec Eddie Van Halen, d’un point de vue technique je me suis énormément inspiré de lui quand j’étais gamin, c’est pour ça que je mets un point d’honneur à la mélodie dans les solos par exemple. Je me permets quand même de le mentionner car je pense que beaucoup des groupes de Death ou de Thrash qui m’inspirent aujourd’hui ont été influencés par Van Halen à leurs débuts. Sinon, tous styles confondus mon groupe préféré c’est Machine Head, je pense que ça se remarque un peu dans notre musique. En groupe spécifiquement Thrash je citerais Havok, leurs riffs me donnent envie de me briser la nuque, et en Death, je cite Death, ce sont Chuck et ses acolytes qui m’ont mis sur la voie de la musique extrême.
Raphaël : En Death Metal, je citerai Septicflesh, Cryptopsy, Chthe’ilist pour leur côté sombre, puissant et groovy. En Thrash Metal, Vektor, Revocation pour leur approche technique et progressive.
Cédric : Alors pour ma part, j’ai vraiment commencé avec Machine Head, après je me suis enfoncé dans le Metal avec toute la vague suédoise de Death Mélodique avec des groupes comme At The Gates, In Flames, Gardenian et pour le côté vraiment Death… bah classique Behemoth.

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que tu as un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui t’a semblé le plus naturel à composer ?
Matthew : Cela dépend des circonstances, si on parle de jouer live par exemple les morceaux qui ont une base plus Thrash semblent vraiment créer plus d’énergie entre nous et notre publique, dans ce cas ca serait plutot Toxic Consciousness Of Self Destruction, ou alors Parasites.
Raphaël : Bien que j’écoute l’album entièrement et que je les apprécie tout autant, je dirais Sarmat car elle démolit tout en concert, et les paroles en français sonnent vraiment bien en plus d’être finement écrites.
Cédric : Question difficile lol … Je dirais Sarmat pour son côté direct et surtout pour ses paroles qui résonnent en moi car elles mettent en avant les plus grands esprits de l’humanité.

Peux-tu également me parler de l’artwork ? Que ce soit sa signification, sa création, etc…
Raphaël : L’artwork, comme tous les visuels du groupe, sont créés en interne. On en parle collectivement en amont pour récolter les idées de chacun, puis plusieurs versions sont proposées à l’état de brouillon. On affine progressivement jusqu’à passer à la réalisation finale, souvent sur Photoshop et à l’aide de collages de vraies photos ou de dessins, comme pour New Waves of Cynicism ou notre dernier T-shirt.
Cédric : La pochette représente une poignée de main hypocrite, sur fond bleu car clinique et froide. L’idée était d’avoir une représentation de notre société. Celle ou le contrat social t’oblige à avoir une certaine attitude, mais qui ne reflètent pas ta pensée ni tes intentions.

Précipice sort sur le label M & O Music, qui vous accompagne depuis quelque temps déjà, comment se passe la collaboration ? Qu’en est-il de votre partenariat avec Roger de Where The Promo Is côté promo ?
Matthew : M&O nous avait proposé une collaboration au moment de notre 1er album. Malgré qu’on était intéressé, on a voulu tenter l’auto-distribution afin d’en apprendre plus sur le fonctionnement de l’industrie par nous même. C’était une expérience enrichissante mais il est vite devenu apparent qu’il nous fallait un label d’un point de vue visibilité, mais aussi pour apprendre à nous présenter de manière pro, M&O nous a aidé à nous structurer à ce niveau la. Quant à Roger, comme je disais plus haut on rentre tout juste d’une journée de promotion qu’il a organisé sur Paris, on a fait une vingtaine d’interviews sur la journée, c’était assez impressionnant et motivant de voir qu’on s’intéresse à nous, en plus, depuis qu’on collabore, Roger a été vraiment présent pour nous en matière de conseils.

Je n’ai personnellement pas encore eu la chance de vous voir à l’œuvre sur scène, comment vis-tu un live de Slaves of Imperium ? Penses-tu que l’approche visuelle du groupe renforce la prestation ?
Raphaël : Un concert de Slaves c’est très demandant techniquement, les riffs s’enchaînent à toute vitesse et l’énergie demandée est considérable, que ce soit sur scène ou dans la fosse. Nous travaillons activement à l’amélioration de notre jeu de scène, nous aurons prochainement des fanions de chaque côté de la scène avec un jeu de lumières et fumées contrôlées numériquement. Le rôle du personnage que Cédric prend permet d’insister sur le fond du message. Toute cette partie visuelle et bande son du live renforce évidemment l’impact des prestations.
Cédric : La musique est intense et parfois douloureuse pour ma part, car à force de chanter des saloperies ça te mine le moral. Pour le visuel, ça se définit et on commence à se trouver.

Le groupe a fait quelques dates courant Mars à travers l’Europe pour défendre la sortie de l’album, comment s’est passée la tournée ? Y a-t-il d’autres projets dans les tuyaux ?
Matthew : C’était notre toute première tournée, la grande découverte pour nous, autant niveau humain qu’au niveau de l’organisation. C’est vrai qu’à mettre en œuvre ca nous a demandé énormément d’investissement personnel et financier, mais c’était un régal, un rêve qui se réalise en quelques sortes, sans parler des bienfaits au niveau de notre prestation qui s’est solidifié au fur et à mesure des dates, jouer tous les jours en live c’est formateur. Pour l’avenir, le prochain objectif serait de pouvoir défendre notre album lors d’une tournée Française, on en discute en ce moment, j’invite donc les lecteurs à nous suivre sur les réseaux sociaux afin de se tenir au courant.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels tu souhaiterais collaborer dans le futur ?
Matthew : On à discuté avec quelques uns des groupes qu’on a rencontré en tournée de la possibilité de tourner ensemble dans un avenir proche, voir même de collaborer sur une compo, encore une fois je vous invite à vous abonner à nos réseaux pour en avoir des nouvelles.
Raphaël : Behemoth pourquoi pas.
Cédric : Evergrey, car je trouve que Tom S. Englund a une des plus belles voix dans le Metal.

Penses-tu t’être amélioré en tant que musicien avec cet album ?
Matthew : Sans aucun doute, les compositions et les méthodes de production employés ont demandé davantage de rigueur au moment de l’enregistrement.
Raphaël : Enregistrer un album demande toujours de travailler sur son instrument, de perfectionner son jeu pour que le résultat soit le plus propre possible pour le mixage. Dans le cas de New Waves of Cynicism, nous avons pu suivre toutes les étapes du processus car l’intégralité du son a été auto-produit. Nous avons tous beaucoup appris et amélioré nos techniques de jeu et de mixage-mastering grâce à cela.
Cédric : Définitivement, oui, plus aboutie et plus précis, il m’a permis de repousser mes limites en tant que chanteur dans l’intensité et dans l’émotion suivant les registres.

Avec quels groupes rêves-tu de jouer ? Je te laisse imaginer ta date de rêve avec Slaves of Imperium en ouverture, et trois autres groupes.
Matthew : Quitte à rêver, pourquoi ne pas imaginer que ce soit ces 3 groupes qui ouvrent pour nous ? Je plaisante bien entendu, le rêve pour moi serait d’ouvrir pour Machine Head, accompagnés de Behemoth et Testament, ça ne serait pas une belle affiche, ça ?
Cédric : Le rêve pour moi … Ça serait avec des groupes qui n’ont rien à faire sur la même date… Behemoth, Machine Head et Evergrey.

Dernière question : à quel plat pourrais-tu comparer la musique de Slaves of Imperium ?
Matthew : Un Kebab, la viande et le gras pour représenter la lourdeur du Death, la sauce épicée pour relever le tout avec des influences variées, et le pain qui est la base de toute alimentation, tout comme un bon riff c’est la base de tout morceau Thrash. Et même si 1 ça suffit, on en commande toujours 2, n’est ce pas ?
Cédric : Un Coq au vin …. Profondément français, une volaille coriace comme nous sommes avec une pointe d’alcoolisme. Et par la suite vous serez amené à comprendre cette référence.

C’était ma dernière question, je te remercie pour ta disponibilité, et je te laisse les mots de la fin !
Cédric : Live fast and die drunk.

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