Perchta revient conter ses montagnes.
Créé en 2017 par le duo autrichien Frau Percht (chant/violon/percussions) et Walscher Fabio D’Amore (basse/claviers/programmation, Serenity), le groupe s’exprime sur sa région, le Tyrol. Accompagnés depuis 2022 par Loda Chris Knoll (guitares, Agrypnie), Moosmandl Christian Höll (dulcimer, Vinsta), Gsell Lukas Massinger (guitares, Lichtspielhaus) et Håscht Simon Schnückel (batterie, Lichtspielhaus), le groupe dévoile D’Muata, son deuxième album.
Ils sont aidés par Morean (chant, Alkaloid, ex-Dark Fortress), Dr. Ranklstein (percussions, Arg!) Theresa Wopfner (tenor hammered dulcimer & cithare) ainsi que les choeurs de Claudia Ciresa, Katja Reisenbauer, Felix, Maria, Laurenz et Darius.
Avec ses nombreux instruments folkloriques et son ambiance mystique, l’album a tout pour nous envoûter. Les nombreuses voix, qu’elles soient claires ou saturées, aident également à ce rituel païen de chaque instant en donnant vie à la rage, à la quiétude ou à encore à la folle danse qui s’ancre à la fois dans les sonorités Old School et glaciales d’un Black Metal viscéral couplé aux racines Folk/Pagan du Tyrol. Bien que cette région et ses traditions me soient totalement inconnues, les morceaux semblent familiers, presque même rassurants dans leurs périodes de calme, mais à l’inverse ils sonnent totalement terrifiants dans les moments de fureur. On notera par exemple la dualité viscérale entre la fin de Vom Verlanga et les hurlements d’Ois was man san qui nous transcendent tous deux par leur approche unique, mais qui semblent totalement opposés à l’écoute. L’approche narrative est également utilisée sur Heiliges Bluat, où seules quelques notes mélodieuses se joignent à la vocaliste, mais la brumeuse Hebamm nous enveloppe à nouveau sans mal dans sa tendresse, finalement harmonisée par la puissance de la saturation qui donne un rythme plus sauvage à la noirceur. Les parties vocales se diversifient sur D’Muata, titre où l’on sent que le groupe pioche dans des influences plus brutes, puis ce sont les percussions qui sont à l’honneur sur Wehenkanon, qui nous fait pleinement participer au ballet inquiétant. Ausbruch marque une pause en invoquant les esprits grâce à quelques cris, puis l’intensité ténébreuse s’accroît à nouveau avec Longtuttin und Stampa où les riffs deviennent réellement imposants entre deux passages angoissants en nous menant à Mei Diana Mei Bua, dernier morceau où les musiciens sont accompagnés dans leur route par quelques choeurs puis finalement des pleurs d’enfants qui mettent fin à ce torrent de mysticisme.
Bien que coupé dans son élan par la crise de 2020, Perchta revient nous montrer toute sa férocité avec D’Muata, un album aussi viscéral que dépaysant. Les éléments les plus bruts et viscéraux se mêlent au folklore tyrolien pour créer une expérience unique, qui semble également faire des émules en live.
90/100