Review 2326 : Limbes – Liernes

Limbes se dénude.

Après quelques années sous le nom de Blurr Thrower, le multi-instrumentiste français Guillaume Galaup (Rance) change d’approche et renomme son projet. En 2024, il signe chez Frozen Records et nous dévoile Liernes, son nouvel album.

Les paroles sont écrites par lui et Marie “Ciguë” Husson.

Étant habitué de l’univers de Limbes, je n’ai pas été surpris de découvrir une approche très progressive sur Pied de Pilori, le premier morceau, qui nous capture lentement dans son atmosphère lancinante, mais j’ai en revanche été intrigué par ce break aérien, puis totalement abasourdi par la puissance de l’éruption viscérale accompagnée des hurlements chaotiques. La saturation nous cloue au sol, les parties vocales nous terrifient, et on se retrouve comme en pleine paralysie du sommeil, savourant les claviers et en proie aux lacérations répétées de la rythmique qui ne s’arrête que pour laisser place à Les Côtes à l’Unisson où la dissonance revient plus calmement et nous enveloppe de manière très naturelle, presque imperceptible lorsque les cris brumeux reviennent. Le mélange s’épaissit à chaque seconde et nous fait rejoindre Buffet Frigide où nous attend une approche entêtante avant d’accueillir l’artiste russe Kariti, dont les mots résonnent différemment avant l’embrasement, où les paroles de Guillaume réapparaissent comme par enchantement. Le duo nous offre ici une expérience presque irréelle, fusionnant ainsi deux univers assez complémentaires par vagues d’intensité avant d’adopter d’autres influences sur le final, puis c’est seul que le musicien enchaîne avec Aulnes & Poussières, brisant une dernière fois sa dynamique pour mieux la façonner de manière encore plus lugubre par la suite, invoquant leads et autres harmoniques perçantes pour nous laisser imaginer sortir de ce cachot de noirceur où nous devons faire face à sa folie avant de nous laisser gagner par la mélancolie du silence.

Limbes est un projet unique, avec une approche assez personnelle du Black Metal. Il n’y a pas d’entre-deux, vous allez soit adorer Liernes, soit le détester, et ce pour les mêmes raisons : sa viscéralité et son aspect éthéré, brumeux, presque irréel.

95/100

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