Seizième chapitre pour Eisregen.
Approchant des trente années d’existence, le groupe formé par Blutkehle (chant, Goat Funeral, ex-Marienbad, ex-Panzerkreutz) et Yantit (guitare/batterie, Ewigheim, Goat Funeral, ex-Marienbad, ex-Panzerkreutz) renouvelle sa confiance en Massacre Records pour dévoiler Abart.
La basse a été enregistrée par Markus Stock (Empyrium, The Vision Bleak…) et le violon par Frau N. Feind.
L’album débute entre mélancolie et angoisse par Am Abgrund, composition qui devient plus entraînante lorsque la saturation revient tout en gardant ses sonorités sombres, mais le son adoptera également un duo vocal intéressant avant de laisser place à Ich und mein Bolzenschussgerät pour développer une agressivité nettement plus vive. La composition ralentit mais reste très menaçante tout en s’appesantissant, mais Im blutroten Raum prend rapidement la suite pour créer une sorte de danse macabre où murmures et chant se mêlent avant le ballet des refrains. Lebendköder démarre assez calmement, mais les influences Black Metal prennent rapidement le dessus, souillant la quiétude des riffs pour finalement leur donner cette teinte inquiétante avant de revenir à des tonalités plus joyeuses sur Dem Menschsein so fern, titre débuté et mené par le violon, ce qui lui vaudra de dénoter un peu des autres grâce à cet ajout plus aérien. Le son redevient sinistre sur la lente Schöner sterben, une marche pesante pendant laquelle la rythmique vaporeuse abrite grognements et quelques claviers, puis la folie s’empare à nouveau des musiciens pour Hinterland, où la rythmique se calque une fois de plus sur une sorte de fureur joviale. Le duo reste sur une approche énergique avec Rasierfleisch, mais les refrains planants contrastent avec la vivacité et lui donnent des teintes plus majestueuses, alors que la très courte Abart se focalise sur la vitesse avec son blast effréné malgré les claviers. On repart dans cette noirceur imposante sur Schmutzliebe, adoptant des accents Folk grâce au violon, mais la composition passe relativement vite, et elle laisse place à Totkörperkunst, où les musiciens développent d’abord une rythmique solide avant d’accueillir le pianiste Gemser, qui donnera une touche nettement plus morose aux passages les plus étouffants de ce long requiem.
Un deuxième CD nous attend pour compléter l’expérience, débutant avec la joyeuse Die Rückkehr der Elektro Hexe, évoquant la technologie sur une rythmique remuante avant de passer à de véritables racines Industrial pour Elektro Baba Yaga. Le titre laissait bien évidemment présager cette orientation musicale, mais elle colle parfaitement aux grognements en allemand, mais les deux compositions sont étrangement similaires, à l’inverse de 1000 tote Nutten 2024, réinterprétation du morceau 1000 tote Nutten sorti sur l’EP Hexenhaus il y a presque vingt ans, et qui récupère ses racines Black Metal puissantes.
Eisregen se complaît dans sa noirceur aux multiples influences, qui permet u duo d’exploiter sa recette encore et toujours sans sonner redondant. Abart sera apprécié à sa juste valeur par les fans du groupe, et ses hymnes macabres résonneront longtemps.
85/100