Review 2375 : Agrypnie – Erg

Agrypnie célèbre ses vingt ans avec un septième album.

Nommé Erg, il sort chez AOP Records trois années après le précédent, et fait la fierté de Torsten (chant/guitare/basse/claviers, Nocte Obducta, Theotoxin, The Wreckage of Erebus) et Flo (batterie, Theotoxin, Demersus ad Nihilum, Schirenc plays Pungent Stench).

Aus rauchlosem Feuer débute l’album avec une noirceur assumée qui émerge d’abord lentement avant de nous entourer presque de manière ritualistique, puis de déferler en accueillant Phil Jonas (Crone, Secrets of the Moon). Les deux vocalistes donnent chacun une part de leur âme torturée à cette composition saisissante qui bouillonne littéralement, avec tout de même une courte accalmie avant la reprise, débouchant sur Meer ohne Wasser et sa dissonance mélancolique. La composition reste relativement apaisante et les mélodies brumeuses n’hésitent pas à se faire plus discrètes pour laisser la batterie présenter des patterns plus complexes et nous porter jusqu’à Sturm où la pluie nous y attend pour embarquer dans cette déferlante. Edmond Karban (Dordeduh, ex-Negura Bunget) vient insuffler toute sa fureur à la rythmique qui nous étouffe jusqu’au final, où un moment de répit nous attend avant d’affronter Blut – Teil I, une introduction ténébreuse à Blut – Teil II où les musiciens retrouvent P.G. (Groza), avec qui ils développeront leur son lugubre et imposant qui s’abat sur nous sans ménagement. Le son ralentit avant la dernière vague, puis laisse Entität prendre la suite, d’abord avec une douceur rassurante, puis avec un véritable rouleau de double pédale sur lequel les autres instruments s’ancrent pour donner naissance à leur rage et à cette tristesse ambiante. On ressent une certaine agressivité dans le morceau, mais elle s’apaise avec les claviers et le break, mais finira par revenir hanter la rythmique avant de revenir sur Stunde des Wolfes où le contraste entre rage et apaisement est également très présent, surtout au niveau des guitares. Retour au calme avec Geister, création quasi-instrumentale qui entrera en éruption une première fois puis qui s’essouffle à nouveau avant de repartir plus intensément avec quelques parties vocales plaintives, puis Unter Sand vient à nouveau troubler notre esprit avec un son d’abord abrasif puis qui devient lancinant, offrant refuge à des murmures inquiétants et à des leads entêtants qui s’enfoncent dans les ténèbres jusqu’à extinction des feux, mettant fin à l’album.

Les albums d’Agrypnie sont généralement complexes et nécessitent plusieurs écoutes pour en saisir toutes les nuances, et Erg n’échappe pas à la règle. On découvre et redécouvre à chaque fois de nouvelles teintes de ténèbres à travers les riffs saisissants du duo, et c’est un véritable régal de chaque instant.

95/100

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