Review 2395 : Oceans – Happy

Replongeons dans l’univers d’Oceans.

Deux ans après leur triptyque d’EPs, Timo Schwämmlein (chant/guitare, ex-Sintech, ex-Varg), Patrick Zarske (guitare, ex-Sintech, ex-Varg), Thomas Winkelmann (basse, Mathyr, ex-Varg) et J.F. Grill (batterie) annoncent la sortie d’Happy, leur troisième album.

L’album s’ouvre avec Parasite, où le son saturé et oppressant du groupe est complété par des parties vocales diversifiées avant de rejoindre des riffs énergiques et saccadés, mais le titre est relativement court, et Spit prend rapidement la suite, nous ramenant dans la fureur que l’on connaît du groupe. Des leads mélodieux apparaissent de temps à autre en arrière-plan pour donner un côté accrocheur aux refrains, puis le groupe enchaîne avec Click Like Share en adoptant des influences Industrial pesantes qui renforcent la virulence de leurs parties les plus rapides et abrasives. Les racines Death Metal ressortent sur le final brutal, puis le groupe s’oriente vers une approche parfois plus planante sur Let It Burn, plaçant des passages en voix claire et des moments véritablement apaisants, renforçant encore plus le contraste avec ceux qui sont explosifs. On repart dans un groove imposant avec Self Doubt 24/7, mais les parties vocales les plus lancinantes lui donnent des teintes étranges, tout comme ce court passage Trap, puis le groupe nous met face à Happy, le titre éponyme, qui nous permet de respirer pendant que le vocaliste nous transmet son message pessimiste. L’instrumentale prend peu à peu de l’ampleur jusqu’à s’embraser et nous mener à cet étrange final au saxophone, puis c’est aux réseaux sociaux que le groupe s’attaque sur la vindicative Slave to the Feed, qui reste lourde et inquiétante et nous propose un duo de Rap qui colle étrangement bien à l’atmosphère. Le groupe revient bien évidemment à sa rage initiale sur Breed Consume Die, profitant de chaque étincelle d’agressivité et d’éléments Hardcore pour confirmer sa furie avant de nous emporter dans The Birth of Death qui revient à certaines tonalités plus accessibles sans renier sa férocité, créant un contraste encore plus important. La section rythmique prend un rôle beaucoup plus important en guidant l’intense et émotionnelle Father?, composition suivante sur laquelle le vocaliste se déchaîne à nouveau avant de rejoindre In the End There’s Always Pain, le dernier morceau, qui va tout au long de ses sept minutes, serpenter entre toutes les influences de la formation, alternant chaos et quiétude avec un naturel grisant.

Avec ce nouvel album, Oceans continue d’exploiter l’intégralité de ses influences, créant un son toujours aussi rythmé et unique. Happy n’est pas empli de pur bonheur comme on pourrait le croire, il est au contraire un véritable cri de détresse qui doit être entendu.

90/100

English version?

Quelques questions à Thomas Winkelmann, bassiste du groupe Nu Death Metal Oceans, à propos de la sortie de leur nouvel album Happy.

Bonjour Thomas et tout d’abord, merci beaucoup pour ton temps ! Comment pourrais-tu présenter le groupe Oceans sans utiliser le mot “Metal” ?
Thomas Winkelmann (basse) : Avec plaisir. Je suis heureux de répondre à tes questions. Une petite famille de gens bizarres qui s’amusent chaque fois qu’ils sont ensemble et qui font du bruit.

Le groupe ayant évolué depuis sa création, comment associez-vous aujourd’hui le nom Oceans à la musique que vous créez ?
Thomas : De la même manière que nous l’avons toujours fait. Nous faisons simplement ce que nous voulons faire et ce qui nous semble juste pour le moment. C’est un peu comme de l’eau qui coule et s’adapte. 

Le groupe est sur le point de sortir son troisième album, Happy. Comment vous sentez-vous ? Avez-vous déjà des retours ?
Thomas : Ça fait du bien de faire la prochaine étape sur notre chemin, surtout cette fois-ci, il y a une grande tournée européenne juste après la sortie de l’album. Pour être honnête, je n’ai pas cherché à avoir des retours en dehors des réactions sur les réseaux sociaux à la sortie des singles. Mais jusqu’à présent, je dirais que tout va bien.

Comment résumeriez-vous l’identité d’Happy en trois mots ?
Thomas : Colérique, énergique, impitoyable 

Comment s’est déroulé le processus de création de Happy ? As-tu remarqué des changements ou des évolutions par rapport aux albums précédents ?
Thomas : Timo et moi nous sommes assis chaque semaine pendant un certain temps et avons écrit quelques chansons. Nous avions aussi un tas de chansons qui étaient prêtes à sortir pour un EP, mais à un moment donné, nous avons décidé de continuer et de faire un album complet à la place. Chaque album a été un peu différent à certains égards, je dirais, mais dans l’ensemble, nous créons toujours de la musique inspirée par nos influences très différentes et nous fondons le tout ensemble. 

Qu’en est-il de la pochette, quelles étaient les directives que vous avez données à l’artiste et comment s’accorde-t-elle avec la musique que vous avez créée ? Y a-t-il un concept derrière l’album ?
Thomas : J’ai demandé à un bon ami à moi s’il pouvait faire une peinture sombre à l’aquarelle d’un poisson rouge dans un verre. Ce n’est pas très Metal je pense haha mais ça correspond très bien à l’album, au titre et au sentiment que nous voulions créer et nous sommes très “heureux” (happy = “heureux” en anglais, ndlr) du résultat. 

Le son du groupe est fait de nombreuses influences, du Death Metal au Nu Metal, en passant par le Metalcore, le Post-Metal et des éléments modernes. Comment parvenez-vous à combiner toutes vos racines pour créer votre propre touche ? Quels sont les groupes qui vous inspirent le plus dans votre musique ?
Thomas : Nous avons tous des goûts assez différents en matière de musique et de Metal en particulier. Je pense que notre son est né naturellement entre nos sous-genres préférés. L’influence la plus inspirante est vraiment difficile à nommer. Il y en a tellement et ça change beaucoup parfois.

As-tu une chanson préférée sur cet album ? Ou peut-être la plus difficile à réaliser pour l’album.
Thomas : Sans aucun doute “In the End There’s Always Pain. C’est une chanson que nous aimons tous et qui contient tout ce que notre musique représente. 

J’ai remarqué une grande variété de voix, en particulier sur Slave to the Feed, où il y a des moments de rap. Y a-t-il eu des collaborations sur cet album, ou as-tu simplement une palette vocale infinie ?
Thomas : Timo est vraiment un chanteur très polyvalent et il a fait la plupart des parties rap, mais pour Slaves to the Feed ainsi que pour Breed Consume Die, nous avons eu Josh Collard et Misstiq du groupe australien Earthcaller pour le chant et les synthés.

J’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de pensées personnelles et de thèmes liés à la conscience de soi dans Happy. Où trouvez-vous l’inspiration pour créer de la musique ?
Thomas : Oui, en effet. Je dirais que nous nous inspirons surtout de nos expériences personnelles. Nous avons plusieurs chansons sur l’album qui traitent des inconvénients des médias sociaux, mais aussi des chansons très personnelles qui sont liées à des pertes personnelles et à la maladie de personnes proches. 

Pensez-vous vous être améliorés en tant que musicien et auteur-compositeur avec ce nouvel album ?
Thomas : Je l’espère, haha. Mais en général, j’aime juste le fait que nous essayons toujours de nouvelles choses si cela nous semble juste. 

Oceans a bien sûr déjà donné beaucoup de concerts, mais vous avez également annoncé une longue tournée en première partie de Septicflesh. Comment vous préparez-vous pour ce concert ?
Thomas : Oh oui. Nous serons en deuxième partie de quatre grands groupes tous les jours sur cette tournée. Nous nous rencontrerons tous avant la tournée pour de longues répétitions. Comme nous vivons tous loin les uns des autres, cela peut être un défi, mais jusqu’à présent, cela s’est toujours bien passé, donc je suis sûr que tout se passera bien, comme d’habitude. 

Vous avez également joué pour la première fois en France en juin dernier au Kave Fest. Comment vous sentez-vous lorsque vous êtes sur scène ?
Thomas : Tout à fait. C’était super. Un festival vraiment sympa dans une atmosphère agréable avec un public, une équipe et des groupes géniaux. Nous serions ravis de revenir. 

Y a-t-il des musiciens ou des artistes avec lesquels vous aimeriez collaborer ? Que ce soit pour une chanson ou plus.
Thomas : Bien sûr. Il y a tellement de groupes géniaux dans le monde. Donc il y a toujours de la place pour travailler ensemble. 

Que sais-tu de la scène Metal française ? Y a-t-il des groupes que tu connais et que tu apprécies ?
Thomas : Pas vraiment, j’en ai peur. Vous êtes plutôt sous-représentés en Allemagne. S’il vous plaît, envoyez-nous plus de groupes. Gojira bien sûr. C’est probablement l’un des meilleurs groupes de tous les temps et nous les adorons. J’aime aussi beaucoup Alcest et Celeste et je commence à me familiariser avec quelques groupes français de Metal et de Deathcore ainsi que de Tech/Djent. Il semble que vous ayez une bonne scène.

Si tu devais organiser un concert pour la sortie de Happy, avec quels groupes aimerais-tu jouer ? Je te laisse créer une affiche avec Oceans et trois autres groupes !
Thomas : Heriot, Paleface, Spiritbox.

Dernière question amusante : à quel plat comparerais-tu la musique d’Oceans ?
Thomas : Le filet Wellington – croustillant à l’extérieur mais tendre à l’intérieur.

C’était ma dernière question, alors merci à nouveau de m’avoir accordé de ton temps et pour votre musique, je te laisse les mots de la fin !
Thomas : Merci de m’avoir reçu. Trouvez ou continuez à faire ce que vous aimez parce que cela vous permettra de rester sain d’esprit. Ne perdez jamais espoir.

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