Silhouette a façonné son premier album dans l’ombre.
Deux ans après son premier EP, le groupe montpelliérain composé d’Achlys (guitare), Ondine (chant, ex-Bovary), Yharnam (chant, Glumurphonel), Grise (basse), Zhand (batterie, Eternal Hunt) et Vyartha (guitare) dévoile Les Dires de l’Âme chez Antiq Records.
La douceur de L’Appel nous envoûte sans attendre, s’aidant de notes planantes et du chant calme d’Ondine, alors que la noirceur se fait de plus en plus présente, jusqu’à rendre le final lyrique inquiétant. La saturation apparaît dès les premiers instants de Catalepsie, que ce soit dans la rythmique lancinante ou les hurlements de désespoir de Yharnam qui rendent le contraste encore plus intense et déchirant, mais le morceau est empreint d’une mélancolie résiduel qui file jusqu’à Dialecte Onirique, où les leads glaciaux se développent. On sent également que les riffs sont plus imposants, offrant un parfait refuge aux deux voix torturées tout en rendant la composition aussi étouffante que fascinante, alors que l’explosive Silhouette nous surprendra avec son explosion virulente. Le son est partagé entre violence et beauté, s’ancrant dans les tonalités saisissantes qui surgissent par vagues avant de retrouver une part de douceur aérienne sur Adoubée des étoiles, qui laisse la chanteuse seule avec l’instrumentale, retrouvant progressivement ses teintes sombres. Les Dires de l’Âme s’embrase à nouveau, se laissant malmener par l’agressivité latente qui ira même jusqu’à rendre certaines parties vocales d’Ondine menaçantes aux côtés des cris de son camarade, et de la guitare d’Olivier Dubuc (Maudits, Zëlot). On aurait pu penser que le morceau allait s’apaiser sur le final, mais il n’en est rien, tout comme sur Une lame éprise où le son est immédiatement imposant, nous projetant dans cet épais brouillard d’oppression pure, qui ne nous libère que temporairement sur le break. Le violon de Raphaël Verguin (In Cauda Venenum, Psygnosis) vient donner à Litanie contre la peur ses touches angoissantes qui contrastent avec la brutalité dont les musiciens font preuve, mais ils nous autoriseront finalement un moment de flottement avec l’introduction de Dysthymie. On retrouvera des patterns hypnotiques orientés Post-Metal sur cette nouvelle composition menée par Ondine, mais le Black Metal ressurgit sans mal lorsque Yharnam revient à la charge, mêlant les deux atmosphères avant que L’Éveil ne fasse revenir les claviers et orchestrations pour un final grandiose mené par la jeune femme.
L’intensité de Silhouette se développe avec Les Dires de l’Âme, créant un voile de noirceur saisissant lorsque le groupe décide de se consacrer aux mélodies, et étouffant lors des passages agressifs. Le groupe s’était démarqué avec un très bon premier jet, mais leurs progrès sont impressionnants.
95/100