Review 2448 : Gravekvlt – Full Moon Fever

Nouveau crime pour Gravekvlt.

Créé en 2021, le groupe nantais avait déjà illustré son “Evil Speed Metal Punk” avec deux sorties. En 2024, Intoxicator (basse/chant), RiffThrower (guitare), Sturnüs (guitare) et RedHammer (batterie) dévoilent Full Moon Fever, leur deuxième album, chez Frozen Records.

L’album débute avec Blood Invokation, un sample que l’on croirait issu d’un film d’horreur vintage, mais les claviers inquiétants vont rapidement laisser place à l’agressivité sur Full Moon Fever, le titre éponyme et ses riffs virulents. Le groupe nous laisse reprendre notre souffle grâce à un court break, mais la rythmique saccadée reprend bien vite en compagnie des cris morbides d’Intoxicator, qui hanteront également Skvllkrvsher (of Death and Steel), dont l’atmosphère est légèrement plus lumineuse que sur le morceau précédent. Quelques leads aériens se glissent dans le mélange énergique aux racines Black’n’Roll accrocheuses, alors que Dungeon Punks s’oriente plus vers le dernier style évoqué pour assurer une base motivante à sa dissonance. L’angoisse refait surface sur Last Skeletons’ Dance, créant une mélodie sinistre mais accessible, créant un contraste assez net avec Frozen Grave, qui renoue avec une violence plus brute, mais toujours teintée par ce voile mystérieux. Un cri d’angoisse retentit lors du break, renforçant cet attrait pour l’univers horrifique, mais le groupe repart à toute allure vers Midnight Blasphemy où les sonorités Old School sont mises en avant, impliquant une sauvagerie à toute épreuve. Nouveau moment de relâche avec Fangs of the Night, introduit par des claviers macabres avant que la rythmique ne frappe en compagnie d’harmoniques travaillées qui agissent même sur les passages aériens, dont un inattendu en chant clair, mais l’énergie reviendra bien vite avec Hexanguination (Anaemic Dreams and Silver Blades), où les influences Black Metal pesantes sont de loin le plus présentes. Pour l’avoir déjà vu à l’oeuvre, le morceau est parfait pour encourager la fosse à mosher, même lors du solo cristallin, et il est suivi de Lugubrious Realm of the Eternal Night, dernier titre qui combine la vindicte du précédent avec l’ambiance plus planante mise en place par les différents effets et la voix rauque.

Le secret de Gravekvlt réside dans sa capacité à combiner son ambiance effrayante empruntée au cinéma d’horreur et une base Old School énergique. Full Moon Fever est le parfait compromis entre un film de zombies et le Black’n’Roll !

85/100

English version?

Quelques questions au groupe Gravekvlt à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Full Moon Fever.
Toutes les réponses correspondent à l’ensemble du groupe, sauf mention spéciales pour certaines questions.

Bonjour et tout d’abord, merci de m’accorder de votre temps ! Sans utiliser les étiquettes Metal habituelles, telles que “Black Metal”, “Black ‘n’ Roll” ou “Evil Speed Metal Punk”, comment pourriez-vous décrire le groupe Gravekvlt ?
Gravekvlt : Faire du neuf avec du vieux : on mélange pas mal de choses qu’on aime dans le Speed, le Death Old School, le Black et aussi le Punk et Post-Punk, bref des influences très 80s mais digérées et régurgitées pour en faire un projet, on l’espère, qui n’est pas non plus passéiste.

Comment reliez-vous personnellement le nom Gravekvlt à la musique du groupe ?
Gravekvlt : “Grave” pour l’imagerie cimetière/train fantôme, et “kvlt” car c’est un peu plus qu’un groupe pour nous, l’image de la quasi secte impénétrable a bien marché pour Blue Öyster Cult alors pourquoi pas ?

Full Moon Fever, votre deuxième album, est sur le point de sortir. Comment vous sentez-vous ? Est-ce que vous avez déjà eu des retours à son sujet ?
Gravekvlt : On a hâte ! Certains morceaux sont joués en live depuis plus d’un an, donc on commence à avoir vraiment envie de les partager. Et on est vraiment très contents du résultat, qui est beaucoup plus proche de notre son live que le premier et qui n’est pas dans la redite. 

Comment résumeriez-vous Full Moon Fever en trois mots ?
Gravekvlt : Vampire, Vitesse, Ough.

L’album Full Moon Fever sort un peu plus d’un an après Gravekvlt, son prédécesseur. Comment s’est passé sa composition ? Avez-vous observé des changements dans le processus créatif ?
Gravekvlt : Le premier album a été composé et enregistré à l’époque où le projet était un duo (Val et P.A.), puis le line-up à 4 a été formé dans la foulée. Même si le gros de la composition est toujours assuré par ces 2-là (surtout Val sur le dernier album), maintenant qu’on sait un peu plus où on peut et on veut aller, qu’on a pris l’habitude de jouer ensemble, le processus est forcément différent. Rien que le fait de pouvoir tester des idées en groupe au complet permet d’y voir plus clair sur ce qui marche ou non, de faire évoluer certaines parties ou d’apporter d’autres idées. Nos 2 guitaristes ont des manières de jouer assez différentes, notre batteur a un jeu plus direct et bourrin que ce qu’on peut composer à la boite à rythme sur les démos… bref, on est sur un travail un peu plus collectif.

L’atmosphère de l’album est ancrée dans un univers horrifique, quels sont vos films d’horreur favoris ?
Val (basse/chant): Je suis très marqué par les films d’horreurs des années 80 ou qui s’en inspire, et des films d’horreurs inspirés du folklore Britannique. Si je devais faire un top 5 de mes films d’horreur préféré, je dirais Mandy, The Thing, Evil Dead, The Wickerman et Le Silence des Agneaux. (Mention spéciale à The Strangers de Na Hong Ji, qui a une des meilleurs fin d’horreur selon moi).
Alexis (guitare): je ne suis pas un grand cinéphile, mais du peu que j’en connais mes favoris sont finalement des références du style : Alien (pour l’univers et les décors qui foisonnent de détails, et pour le propos quasi documentaire sur le comportement des entreprises avec leurs employés si on les laisse faire…), Texas Chainsaw Massacre (pour la lumière naturelle qui donne une atmosphère si réelle et étouffante), The Thing, Halloween… (Évidemment les Carpenter, réalisation et bande son toujours au top).
Mathieu (batterie): Pour ma part je n’ai pas vraiment de films d’horreur favori, je ne recherche pas spécialement les sensations de peur, de malaise ou de stress devant un film. Mais l’esthétique globale peut me plaire, parfois beaucoup ainsi que les nanars mais aussi les trucs absurdes ou impressionnants dans le propos. Du coup si je prends la question dans un sens très large : The Thing, Evil Dead (le 1, le 2 ou le 3, parce que trop cools), The Devil’s Rejects, One Cut of the Dead, La nuit du chasseur, Nosferatu
P.A. (guitare): Je ne vais pas faire mon original, je dirais The Thing, Alien, Evil Dead (la trilogie originelle) pour le côté “mal intangible contre lequel on ne peut rien”. Sinon les slashers classique comme Halloween, Massacre à la Tronçonneuse… Rien de bien original mais on est pas là pour faire les malins.

Mis à part l’horreur, on trouve dans votre musique un mélange sauvage entre Punk et Thrash couplé à un Black’n’Roll sombre. Quels groupes pourriez-vous citer comme ayant influencé votre son ?
Gravekvlt : Venom, Motorhead, Devil Master, Midnight, Toxic Holocaust… et par petites touches du Death Metal Old School comme Entombed ou du Punk plus primitif comme Misfits ou Discharge. Et The Cure pour certains sons de guitare ! Finalement Gravekvlt c’est un groupe de Rock’n’Roll d’outre tombe avec des influences assez larges, on ne se fixe pas trop de barrières.

Quelles ont été les directives pour l’artwork ? Comment s’est passée la collaboration avec l’artiste ?
Gravekvlt : Notre illustrateur (@scandinavianjawbreaka sur les réseaux) est un très bon copain, donc la collaboration est assez facile. Comme on est fans de son style riche en détails qui colle parfaitement avec notre musique, en gros on lui fournit l’idée générale (quels éléments doivent apparaître, quelle ambiance) puis on le laisse faire sa magie. Pour cette pochette on souhaitait vraiment la dualité entre le côté fantastique du château et de la présence menaçante dans le ciel, et un environnement urbain beaucoup plus réaliste et proche de notre quotidien en ville et d’une partie de nos influences.

Je sais que c’est une question difficile, mais est-ce que vous avez un morceau préféré sur cet album ? Ou celui qui vous a semblé le plus naturel à composer ?
Gravekvlt : C’est un peu comme choisir son enfant préféré, mais voilà :
Val (basse/chant): Elle est rude celle-là. Je dirais Fangs of The Night ou Hexanguination. Elles sont très opposées l’une de l’autre et le processus de composition était différent, j’ai écrit la première avec Alexis et la seconde seul.
Alexis (guitare): Last Skeletons Dance parce que le monde a désespérément besoin de plus de surf music ! Sinon Dungeon Punks parce qu’on l’a écrite tous ensemble assez rapidement, comme une évidence.
Mathieu (batterie): Si vraiment il faut choisir un morceau, je trouve Hexanguination particulièrement efficace, et hyper satisfaisant à jouer.
P.A. (guitare): Personnellement je dirais Full Moon Fever, car c’est celle qui, à mes yeux, condense le plus nos influences, et trouve le bon équilibre et vitesse et ténèbre. 

Full Moon Fever sort sur le label Frozen Records, comment se passe la collaboration ?
Gravekvlt : Encore une fois ce sont des amis de longue date, c’est donc assez facile d’autant plus qu’on habite tous dans la même ville. Leur principe de fonctionnement est simple : si l’album ne leur plaît pas, ils ne le sortent pas. Donc on a fait l’album de notre côté, on leur a fait écouter, et on est repartis ensemble pour sa sortie. 

J’ai déjà eu la chance de vous voir à l’œuvre plusieurs fois sur scène, que ce soit en salle ou en festival. Comment vivez-vous personnellement un live de Gravekvlt ? Est-ce que vous préférez les shows en club, ou en festival ?
Gravekvlt : Ça se vit assez simplement là encore : à fond ! On aime les 2 : forcément en festival il y a plus de monde, la scène est plus grande et le confort technique est appréciable (shout out aux technicien·nes qui font toujours un taf incroyable). Mais la distance est forcément plus grande avec le public, et une date dans un petit club ou bar bondé a un charme très différent, la connexion avec les gens est beaucoup plus intense. On aime bien passer de l’un à l’autre, ça évite de s’enfermer dans une sorte de routine des concerts. Gravekvlt est avant tout un groupe de live, et tant qu’on peut jouer on est contents ! 

Quels sont les prochains projets pour Gravekvlt ?
Gravekvlt : Tourner un maximum pour soutenir la sortie de l’album dans un premier temps. Et ensuite on verra, pourquoi pas un format plus court pour la prochaine sortie, pour explorer d’autres directions… rien n’est fixé pour le moment, on laissera le flot naturel nous guider. On va continuer à s’amuser autant en tout cas, c’est surtout ça l’essentiel.

Est-ce qu’il y a des musiciens ou artistes avec lesquels vous souhaiteriez collaborer dans le futur ?
Gravekvlt : La collaboration doit être un processus naturel, on ne veut pas forcer une collab pour avoir un nom connu (ou pas) dans un titre de morceau. Mais on à la chance d’être entourés de gens talentueux dans beaucoup de domaines, donc si un jour une idée de collaboration nous saute au yeux on n’hésitera pas.

Pensez-vous vous être améliorés en tant que musiciens avec cet album ?
Val (basse/chant): Complètement et sur tous les points. Il m’a beaucoup aidé à m’améliorer sur la composition et techniquement (surtout sur le chant !).
Alexis (guitare): comme je dis toujours, on est rockeurs et pas musiciens, c’est beaucoup plus facile ! Mais oui ça m’a obligé à sortir de ma zone de confort et à jouer quelques leads, sans parler vraiment de technicité je suis juste plus à l’aise avec mon instrument (et vu la musique qu’on fait, le principal c’est d’avoir l’air sûr de soi !).
Mathieu (batterie) : Un peu comme Alexis, mais il le dit mieux, je me sens plus joueur de Rock que musicien. Par contre c’est évident qu’être dans Gravekvlt me fait énormément progresser dans ma pratique de la batterie (même s’il me reste beaucoup de boulot encore), et cet album encore plus que le premier. Des potes avec qui j’ai joué pendant des années me l’ont d’ailleurs dit. Et le plaisir que je prends à jouer grandit toujours plus !
P.A. (guitare): C’est sûr qu’avec la composition de cet album, et surtout l’expérience sur la scène, je pense être un meilleur rockeur, et d’avoir pris une assurance dans la compo pour sortir des structures trop fixes, et pour tenter plus de choses dans les riffs ou les ambiances. Les paroles aussi ont beaucoup progressé depuis le premier album, sans que ça soit de la grande poésie non plus.

Avec quels groupes rêvez-vous de jouer ? Je vous laisse imaginer votre date de rêve pour la sortie de Full Moon Fever avec Gravekvlt en ouverture, et trois autres groupes.
Gravekvlt : On a une release party prévue à Nantes pour Halloween avec Sordide et Hexecutor, on à hâte ! Mais en mettant ça de côté, on dirait :
Val (basse/chant): Je vais tricher et prendre un groupe qui n’existe plus. Je mettrais Nohz, Repugnant et Misfits !
Alexis (guitare): Arno de Cea, Bombardement, Repulsion.
Mathieu (batterie) : Je n’ai pas vraiment d’idée sur la question. Je suis juste hyper enthousiaste de jouer avec Sordide et Hexecutor pour la sortie de l’album.
P.A. (guitare) : Dans le monde réel : Nohz, Faucheuse, Meurtrières. Dans un monde où tout est permis : Misfits, Voivod et Celtic Frost.

Dernière question : à quel plat pourriez-vous comparer la musique de Gravekvlt ?
Gravekvlt : Des lasagnes : c’est généreux,gras et ça dégouline, mais on peut mettre ce qu’on veut dedans et c’est toujours super bon !

C’était ma dernière question, je vous remercie pour votre disponibilité, et je vous laisse les mots de la fin !
Gravekvlt : Macron démission. Et merci à toi ainsi qu’aux lecteur.ices.

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