Monolithe célèbre son dixième album.
Il y a eu du changement en deux ans pour le groupe francilien. Sylvain Bégot (guitare/claviers, ex-Anthemon), Benoît Blin (guitare, Devianz) et Thibault Faucher (batterie) ont accueilli Quentin Verdier (chant, Acedia Mundi), Vincent Rémon (guitare, Devianz) et Axel Hurard (claviers, Promethean, live pour Sanctuary) pour donner vie à Black Hole District, qui sort chez Hammerheart Records.
Le format de l’album est assez simple à comprendre : cinq introductions d’une minute, suivies chacune d’un morceau de dix minutes. Un choix intrigant, mais qui permet de créer une ambiance mystérieuse qui commence dès They Wake Up at Dusk, premier morceau relativement lumineux et apaisant suivi par Sentience Amidst the Lights qui s’assombrit immédiatement et laisse une voix samplée nous guider entre les frappes. On se retrouve face à une rythmique mélancolique et imposante qui prend place avec lenteur pour finalement rencontrer les leads hypnotiques et les parties vocales saturées, qui se transforment parfois en quelques interventions plus douces, mais le son finira par s’éteindre avant de laisser place à Elusive Whispers où les claviers construisent une ambiance assez moderne. Quelques pointes de douceur nous transportent jusqu’à To Wander the Labyrinth où on sent que les riffs se préparent à des tonalités plus lourdes en progressant, laissant les guitares apporter des patterns saccadés, mais la délivrance arrive lorsque le vocaliste rugit à nouveau, soutenu par une rythmique pesante. Le chant clair permet de temporiser la violence, apportant des nuances plus aériennes au son parfois oppressant qui se teinte d’harmoniques mélodieuses avant de s’ancrer dans la lourdeur à nouveau, mais on sent une sorte de regain d’énergie vers le final menant à Suspicion, où une voix samplée rejoint des sonorités assez minimalistes. Les guitares reviennent bien vite sur Unveiling the Illusion, créant la touche agressive qui teinte les nappes de claviers pourtant très apaisantes et proposent des patterns envoûtants qui viennent également nuancer certaines apparitions vocales, sans oublier les plus brutales. Le morceau est l’un des plus vaporeux de l’album, mais il s’enflamme vers la fin pour finalement faire place à Benefit or Hazard où l’inquiétude renaît imperceptiblement, pavant la voie pour les influences gothiques d’On the Run to Nowhere où les harmoniques enchanteresses enveloppent naturellement la progression des musiciens. Un passage plus intrigant permet au groupe de faire redescendre la pression, mais elle refait surface pour accompagner les vociférations lors du final suivi par les accents spatiaux de Moonfall, qui réalise une parfaite transition vers Those Moments Lost in Time et sa douloureuse mélancolie qui s’exprime à nouveau avec une lenteur apathique. où chant saturé et clair se relaient. Les mélodies accompagnent notre marche vers des moments légèrement plus rapides mais toujours ancrés dans une sorte de torpeur assommante avant de rejoindre le silence, guidé par la voix samplée.
Black Hole District est un album relativement régulier, mais très riche et qui mérite réellement que l’on s’y intéresse. Bien que la moitié du line-up ait été renouvelée, Monolithe conserve son âme et son approche planante qui nous fascine aisément.
85/100